Il est essentiellement reproché aux autorités algériennes leur manque de transparence dans la gestion de la sphère économique. La corruption demeure l'obstacle principal qui entrave l'investissement direct étranger en Algérie. Malgré l'engagement officiel des autorités algériennes à éradiquer ce phénomène, qui porte atteinte à l'économie nationale, les choses évoluent à un rythme très lent. C'est en substance ce que rapporte sur notre pays le rapport 2006, édité hier par Transparency International. Le document qui traite essentiellement des malversations dans le secteur de la santé, présente également plusieurs rapports sur l'état de la corruption et de la gouvernance dans 45 pays à travers le monde y compris l'Algérie. Il est essentiellement reproché aux autorités algériennes le manque de transparence dans la gestion de la sphère économique, mais aussi la rétention de l'information qui rend dans plusieurs cas, impossibles les investigations de la presse nationale. Le scandale du groupe El Khalifa est cité comme un exemple de ce verrouillage officiel sur le champ économique. «Selon des documents diffusés par la Cour française, précise le rapport, le groupe a transféré illégalement 689 millions d'euros à l'étranger. En dépit de cette perte très importante pour l'économie nationale, la question n'a pourtant pas attiré l'intérêt des candidats à la présidentielle de 2004». Par ailleurs, le rapport s'arrête sur les étapes-phares de la campagne de lutte contre la corruption «engagée par l'Algérie, sous, dit-on, les pressions internationales». L'intérêt accordé pour l'Algérie s'explique par le flux très important d'argent, citant les 60 milliards de dollars du programme de soutien à la relance économique. Transparency «s'inquiète» de 1'absence de mécanismes de contrôle des marchés publics. L'Etat reste l'actionnaire principal dans le secteur pétrolier. Sur ce sujet, le rapport s'interroge sur les raisons qui poussent Sonatrach à ne pas publier des détails sur ses activités. «Les seules informations disponibles concernent les revenus liés à l'exportation des hydrocarbures. Toute tentative de la part de la presse allant dans le sens de lever le voile sur le bilan global de cette société reste vaine face au manque de coopération de la part des responsables». «Les contrats demeurent dans plusieurs cas confidentiels.» Notons que la compagnie nationale rend annuellement des bilans détaillés sur son bilan. Concernant maintenant les marchés, ils sont rendus publics à travers les appels d'offres diffusés notamment sur le site électronique de la firme. L'ONG internationale met toutefois en exergue les avancées réalisées par l'Algérie dans le domaine de la lutte contre la corruption. Le rapport cite le cas des responsables arrêtés pour détournement de deniers publics, à l'image du wali de Blida, et de l'ancien wali d'Oran qui a été contraint à sa démission. «Les mosquées, de par leur place dans une société musulmane, jouent un rôle très important dans la guerre contre la corruption». Les détournements de fonds privent des milliers de citoyens de soins adéquats, relève par ailleurs Transparency International «La corruption dans l'industrie pharmaceutique et le secteur de la santé prive les personnes nécessiteuses des soins essentiels et encourage le développement de maladies mortelles», précise le rapport de Transparency. La corruption infiltre tous les maillons de la chaîne de prestation de soins de santé, que ce soit le secteur privé ou public, et de prestations simples ou sophistiquées. Le rapport note en substance que «les budgets publics pour la santé sont manipulés par des fonctionnaires véreux». Aussi « les hôpitaux sont transformés en self-service pour l'enrichissement illicite de certains». La Bulgarie, les Philippines le Cambodge, sont cités parmi les pays les plus corrompus dans ce secteur. Plus grave encore, la corruption semble miner les efforts de lutte contre la pandémie VIH/ Sida, menaçant ainsi les objectifs du Millénaire. Les ventes globales pour l'industrie pharmaceutique pour 2004 étaient de 550 milliards, un marché détenu par les grandes firmes internationales. Trancparency recommande la mise en application d'un code de conduite pour le personnel de la santé, la facilitation par les gouvernements et les bailleurs de fond l'accès à l'information.