Motus et bouche cousue. C'est la consigne donnée par Netanyahu à ses ministres sur la crise qui secoue l'Egypte. Est-ce que cela veut dire qu'Israël n'a aucune position sur cette crise. Oh, que non! D'ailleurs, les manifestations de milliers d'Israéliens (arabes dit-on) qui se sont déroulées, samedi dernier à Nazareth et à Jérusalem, pour soutenir les Frères musulmans n'auraient jamais pu avoir lieu sans l'autorisation des autorités israéliennes. Non seulement l'information a inhabituellement «fuité», mais un film sur ces manifestations a même été mis à la disposition des rédactions internationales. De toute manière, Israël n'a jamais eu de position publique sur beaucoup d'autres crises. Comme celle de Syrie ou bien avant, celle de Libye. C'est le même schéma qui est aujourd'hui reproduit pour l'Egypte. Le gouvernement israélien a toujours fait croire qu'il était étranger au renversement d'El Gueddafi. Pourtant et si c'est Sarkozy qui a fait le boulot, il ne faut pas oublier qu'il l'a fait sur instruction de Bernard-Henri Lévy, qui se fait appeler «le philosophe», lequel BHL n'est qu'un relais de l'Etat sioniste. Pour la Syrie, c'est la même chose. Sans avoir l'air d'y toucher, c'est Israël qui a instruit ce même relais de BHL de faire tous les plateaux télés pour «chauffer le tambour» comme on dit chez nous. Il devait persuader l'Occident qu'une intervention en Syrie n'allait pas déboucher à la catastrophe libyenne. Son «numéro» n'ayant pas réussi comme la première fois, il a disparu des écrans. C'était il y a quelques mois. Or, ces derniers jours, nous avons appris qu'Israël faisait évacuer des rebelles syriens blessés vers ses hôpitaux. On ne sait ni comment ni de quel groupe de rebelles syriens il s'agit. La seule chose certaine est qu'il y a des rebelles qui font le coup de feu en Syrie et qui bénéficient de l'onction de l'Etat hébreu. Quand on sait que la Syrie et l'Egypte sont les deux pays frontaliers d'Israël les plus puissants militairement, le moins que l'on puisse dire et qu'ils sont sérieusement affaiblis par la crise qui secoue chacun d'eux. Israël a donc «sécurisé» ses deux frontières grâce au «printemps arabe». Il lui reste cependant le Liban avec la menace du Hezbollah qui a démontré sa puissance de feu en juillet 2006. C'est pourquoi, l'attentat à la voiture piégée de jeudi dernier dans la banlieue Sud de Beyrouth et qui a fait 22 morts et 325 blessés, ne laisse aucun doute sur «l'empreinte d'Israël» au président libanais, Michel Souleymane. Toute la classe politique libanaise l'a suivi en accusant également Tel-Aviv. L'objectif du gouvernement israélien étant de faire sombrer le Liban, cet autre pays frontalier, dans la même crise que l'Egypte et la Syrie. Enfin, la Jordanie, quatrième et dernier pays frontalier avec Israël, tente de prendre les devants devant cette orchestration diabolique. Deux semaines après le début de la crise en Egypte, le roi Abdallah de Jordanie débarque, le 20 juillet dernier, au Caire. Sa visite éclair est un soutien aux nouvelles autorités égyptiennes, mais surtout pour leur demander de «renforcer les relations bilatérales». Sachant que son pays est avec l'Egypte signataire d'un accord de paix avec Israël. La Jordanie est le pays qui abrite le plus grand nombre de réfugiés palestiniens. Ils représentent actuellement 60% de la population jordanienne. De ce fait, le soutien du Hamas palestinien aux Frères musulmans d'Egypte ne peut qu'inquiéter le roi Abdallah. Il sait aussi que la recrudescence des attaques au Sinaï n'augure rien de bon sur l'avenir que compte donner Israël aux accords de paix avec l'Egypte et la Jordanie. Israël ne laissera pas passer cette occasion pour rompre ces accords tout en dégageant sa responsabilité. Belle occasion aussi pour Israël de torpiller le processus de paix en cours. Pour le «grand Israël». Sans avoir l'air d'y toucher!