Les Etats-Unis prônent un plan de paix au Proche-Orient prévoyant "une solution à 57 Etats" par laquelle la totalité du monde arabe reconnaîtrait Israël, annonce le roi Abdallah de Jordanie dans le Times d'hier. Selon le quotidien britannique, ce plan a été mis au point avec Barack Obama lors de la visite du souverain hachémite à Washington en avril. Les détails seront sans doute mis au point lors d'une série d'événements diplomatiques ce mois-ci, notamment lors de la rencontre entre le président américain et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Washington la semaine prochaine. Par exemple, en échange du gel par Israël des colonies juives en Cisjordanie, les Etats arabes pourraient autoriser, entre autres gestes, le survol de l'espace aérien arabe par la compagnie israélienne El Al et l'octroi de visas aux Israéliens. "Nous offrons à un tiers du monde de le rencontrer à bras ouverts", déclare le roi Abdallah. "L'avenir n'est pas le Jourdain ni le Golan ni le Sinaï; l'avenir est le Maroc sur l'Atlantique et l'Indonésie sur le Pacifique. C'est le prix." "Si nous retardons nos négociations de paix, il y aura un autre conflit entre Arabes ou musulmans et Israël dans les 12 à 18 mois", prévient le roi. "Ce dont nous parlons n'est pas des Israéliens et des Palestiniens assis à une table, mais des Israéliens assis avec les Palestiniens, des Israéliens assis avec les Syriens, des Israéliens assis avec les Libanais", ajoute-t-il. Les Palestiniens tentent d'arracher à Israël la création d'un Etat, la Syrie veut récupérer le plateau du Golan, confisqué par Israël lors de la guerre des Six-jours en 1967. Israël et le Hezbollah libanais se sont fait la guerre au Liban en 2006. "Je pense que nous allons devoir faire beaucoup de navette diplomatique, faire s'assoir les gens à une table dans les deux prochains mois pour trouver une solution", déclare le roi Abdallah. Selon le Times, après la rencontre Obama-Netanyahu à Washington le 18 mai, l'initiative de paix pourrait être au centre du grand discours au monde musulman que le président américain doit prononcer en Egypte le 4 juin. Pour le roi de Jordanie, "le point critique sera ce qui sortira de la rencontre Obama-Netanyahu". "Si Israël temporise sur la solution à deux Etats ou s'il n'y a pas de vision américaine claire de la façon dont cela va se jouer en 2009, alors la crédibilité énorme d'Obama dans le monde et dans cette région se volatilisera du jour au lendemain si rien ne sort en mai", déclare le roi Abdallah. Selon un sondage Ifop, Barack Obama bénéficie d'un a priori favorable des citoyens des pays tels que l'Arabie saoudite, le Koweït, le Liban, l'Egypte et la Jordanie. Le gouvernement Obama est favorable à la création d'un Etat palestinien comme solution du conflit au Proche-Orient. Mais depuis sa prise de fonctions le 31 mars, Benjamin Netanyahu n'a jamais abordé de manière spécifique la création d'un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les principaux partenaires de sa coalition, l'extrême-droite du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et les ultra-orthodoxes, sont opposés à des négociations sur les points dits centraux, c'est-à-dire les frontières du futur Etat palestinien, le sort de Jérusalem et la question des réfugiés palestiniens. Le Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu, s'était montré très critique après la décision de son prédécesseur Ehud Olmert de relancer les discussions sur les sujets centraux lors d'une conférence de paix à Annapolis, dans le Maryland, en novembre 2007. Les discussions se sont enlisées l'an dernier puis ont été rompues après la guerre lancée par Israël dans la bande de Gaza fin décembre.