Exercice d'envergure, le plus important que l'Etat hébreu ait jamais organisé. Préparatifs militaires et civils en grandeur nature. L'exercice a augmenté les soupçons des Etats de la région, selon lesquels Israël se préparerait à une nouvelle guerre. La presse israélienne n'a pas arrêté de mettre en condition ses lecteurs, auditeurs et téléspectateurs avec la psychose terroriste, le programme nucléaire iranien, l'arsenal du Hezbollah au Liban et les velléités d'en découdre avec les Syriens. L'Iran, Israël, la Syrie, le Hezbollah, le Hamas, une troisième Intifada... Les menaces sont vieilles comme Israël mais Netanyahu en a rajouté plusieurs couches. Ultra-conservateur et allié des extrêmes droites sioniste et religieuse, le Premier ministre israélien a exacerbé le syndrome permanent de tension qui singularise le système hébraïque et qui en constitue même la stratégie : l'Etat juif doit constamment rester sur ses gardes ! Le voisinage a toujours été une obsession nationale et existentielle pour Israël et Netanyahu en a exagéré l'importance, d'autant que l'ONU commence à prendre ses distances, notamment depuis l'invasion de Gaza. Cette semaine encore, l'organisation mondiale a épinglé Israël pour l'embargo imposé aux populations Gazaouis, dans l'impossibilité de bénéficier de l'assistance internationale pour la reconstruction de leur enclave. L'isolement international d'Israël, dû à l'opprobre que lui a valu le comportement de son armée lors de la guerre de Gaza, et à son intransigeance pour faire avancer le processus de paix avec les Palestiniens, est sans précédent. Même l'AIEA cherche à voir de près l'arsenal nucléaire israélien. D'où cette fuite en avant des dirigeants israéliens qui consiste à faire croire que leur pays est assiégé et que son environnement régional bruisse, certes, de manière récurrente mais cette fois-ci de façon croissante. Soixante-deux ans après sa création, Israël se vit comme une forteresse assiégée, qui doit rester sur le qui-vive, prêt à dégainer… Cet état d'esprit récurrent est accentué par le fait que l'Etat juif traverse, pour la première fois en soixante ans d'exsitence, une crise diplomatique avec les Etats-Unis, son allié stratégique. Alors, Israël a énuméré des boucs émissaires. Le récent épisode des missiles Scud, qui auraient été livrés par Damas au mouvement chiite libanais, est de ceux qui peuvent mettre le feu aux poudres dans le Sud Liban. Israël cherche un prétexte pour prendre sa revanche de l'été 2006 sur le Hezbollah libanais qui lui a infligé une véritable déculottée. Benyamin Netanyahu a beau avoir démenti les rumeurs selon lesquelles Israël prépare une attaque contre la Syrie, c'est également une probabilité dès lors que dans la région Damas est la capitale à rejeter la paix made in Israël. Celle-ci demeure pour Israël un voisin intraitable : les Syriens ne renonceront pas à leur alliance avec l'Iran et le Hezbollah pour obtenir la récupération du Golan. L'isolement régional d'Israël s'est accru avec la décision de l'ex-allié stratégique turc de se rapprocher des pays musulmans : son premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié Israël de principale menace pour la paix régionale, et d'annoncer des exercices communs avec l'armée syrienne. Retournement de situation puisqu'auparavant ce genre d''exercices se faisaient avec les israéliens. Et puis, l'Etat juif a beau avoir signé des traités de paix avec l'Egypte (1979) et la Jordanie (1994), ses dirigeants en dénoncent aujourd'hui le caractère de paix “froides”, n'ayant donné lieu à aucun rapprochement sur les plans politique, économique ou culturel. Avec les Palestiniens, à la menace de Hamas à Gaza qui peut redevenir du jour au lendemain belliciste, s'ajoutent des progrès de l'Intifada “blanche” en Cisjordanie, qui sourde et risque à tout moment de redevenir violente. L'ennemi prioritaire reste l'Iran. Et une guerre éclair contre ce pays n'est plus une simple base de travail. Les généraux israéliens bien qu'ils reconnaissent qu'un conflit avec l'Iran aurait de dangereuses conséquences régionales, pour eux, c'est une perspective d'actualité. D'où cette propagande que Téhéran serait capable de produire une bombe d'ici fin 2010. Netanyahu estime que, confrontés aux guerres d'Afghanistan et d'Irak, les Etats-Unis le laisseront faire à sa guise pour au moins retarder le programme nucléaire iranien. Le dirigeant israélien est parvenu à faire partager à tous les pays occidentaux un sentiment d'urgence : si l'Iran se dote d'une seule bombe atomique, il devient de facto intouchable. La menace israélienne a été corroborée par le roi Abdallah II de Jordanie qui a récemment alerté sur le risque d'une guerre régionale…