Les chefs de la diplomatie chercheront à déterminer une ligne d'action concertée sur la «révision» des relations entre l'UE et l'Egypte, l'un des pays arabes les plus soutenus financièrement par les Européens. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne se réuniront exceptionnellement demain à Bruxelles pour s'entendre sur une position commune face à l'aggravation de la crise en Egypte. Les chefs de la diplomatie chercheront à déterminer une ligne d'action concertée sur la «révision» des relations entre l'UE et l'Egypte, l'un des pays arabes les plus soutenus financièrement par les Européens. Des consultations initiales se sont tenues hier au niveau des ambassadeurs chargés des questions de sécurité, réunis à Bruxelles. Elles font suite à l'avertissement lancé dimanche par les présidents du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et de la Commission, José Manuel Barroso, qui ont annoncé, dans un message commun, que l'UE pourrait «réexaminer ses relations» avec l'Egypte en cas de poursuite des violences. La semaine dernière, le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron s'étaient entretenus par téléphone pour demander en substance «un message européen fort» sur la crise. L'une des options évoquées par les chancelleries est la suspension des aides financières. En novembre dernier, l'UE avait approuvé un programme d'aide financière de 5 milliards d'euros à l'Egypte pour la période 2012-2014, dont 2 milliards à la charge de la Banque européenne d'investissement et 2 milliards à celle de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Au titre des aides bilatérales, le Danemark a déjà annoncé la semaine dernière qu'il suspendait son soutien équivalent à 4 millions d'euros par an, et il a appelé ses partenaires européens à faire de même. Mais le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a jugé qu'il ne «serait pas avisé de suspendre maintenant» une aide essentiellement sociale, qui échappe en grande partie au contrôle de l'Etat égyptien. «Notre aide consiste principalement à soutenir les organisations de défense des droits de l'Homme et des droits des femmes. Ce ne serait pas avisé de la suspendre maintenant», a-t-il expliqué la semaine dernière. La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part évoqué dimanche un arrêt des livraisons d'armes à l'Egypte. La question de la livraison d'armes à l'Egypte pourrait être «l'objet de mesures montrant clairement notre scepticisme par rapport à ce qui se passe» dans le pays, a dit Mme Merkel, dans un entretien à la télévision allemande ZDF. Mais l'Europe n'a qu'une influence marginale en Egypte concernant l'aide militaire. Entre 2009 et 2011, son aide militaire s'est élevée à seulement 140 millions d'euros alors que les Etats-Unis versent une aide militaire de 1,3 milliard chaque année à l'armée égyptienne. Les ministres réunis demain devraient de nouveau demander aux «forces de sécurité de faire preuve de retenue et aux forces politiques d'exprimer leurs opinions pacifiquement», comme l'a déclaré vendredi la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui s'est rendue plusieurs fois au Caire pour tenter de trouver un compromis. «La responsabilité de cette tragédie pèse lourdement sur le gouvernement intérimaire, ainsi que plus largement sur les dirigeants politiques du pays», avait insisté Mme Ashton vendredi. Les Etats-Unis ont annoncé jeudi l'annulation de manoeuvres militaires conjointes avec l'Egypte, sans pour autant suspendre l'assistance militaire à cet allié stratégique au Proche-Orient.