«Le but de cette exposition, est de sortir l'artisanat et la culture algérienne de sa léthargie». Un groupe de femmes venues des montagnes de la Kabylie et du Sahara, a organisé, en collaboration avec des femmes bénévoles algéroises la semaine dernière au Musée du Bastion 23, une exposition sur l'artisanat féminin, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Cet événement est une occasion pour la gent féminine de contribuer à la préservation de notre culture et à la promotion de l'artisanat algérien. Car, il ne s'agit pas d'une exposition quelconque, mais d'une production inspirée des différents contrastes et des teintes du paysage culturel algérien. En effet, des vêtements pour adultes et enfants, des couvre-lits et autres châles tissés et brodés portent une multitude de signes berbères, qui recèlent mille et une significations ensevelies dans l'oubli. Ce qui a nécessité un long travail de recherche dans notre histoire ancestrale par ces femmes créatrices. «Nous voulons, à travers cette exposition, faire sortir notre culture des bras de Morphée, et dire aux jeunes générations et aux générations futures, qu'il y a encore des gens inspirés par cette culture», nous a déclaré Mme Larbaoui Fatima, membre fondatrice d'une coopérative de l'artisanat de Touggourt, venue présenter sa production lors de cette exposition, avant d'ajouter: «Nous avons effectué un travail de recherche dans les annales sur les motifs utilisés par les berbères.» Sachant bien que le Sahara a toujours été habité par les berbères, comme le témoigne la présence de la reine berbère la Kahina à Timacin, chez les Awrigha (une tribu berbère du Sahara), au vu des solides liens qui unissaient les deux tribus. Comme il a été, aussi, en butte à la conquête par d'autres civilisations. Outre son aspect culturel, l'exposition a été une occasion pour la femme saharienne de faire connaître sa production, et de réhabiliter le produit rural dans le paysage culturel algérien, à travers la présence de la coopérative El-Assala du Oued Rhir de Touggourt. Cette coopérative de production est aussi un centre de formation de l'artisanat et de broderie, qui contient une centaine de filles stagiaires encadrées par des spécialistes du métier. «La production présentée dans cette exposition est conçue entièrement par les mains de nos stagiaires», nous a-t-on déclaré. Par ailleurs, les femmes kabyles ont marqué leur présence dans cette exposition via la coopérative d'Ighil Ali de Béjaïa, qui a exposé une production de corbeilles réalisées à partir de l'alpha et du raphia et portant des motifs qui reflètent la vie des anciens berbères, comme le losange, un signe porte-bonheur chez les femmes berbères, ainsi que le serpent qui signifie l'ennemi. De son côté, l'artisanat algérois était au rendez-vous dans cette exposition, avec la participation d'une coopérative réunissant les artisans en vannerie d'Hydra et ceux de Touggourt (le tissage de guirroumat) spécialisés dans le tissage des tapis, des couvertures des burnous, et autres habits. Cette coopérative a réuni tous les genres de tapis en Algérie, tels que les tapis d'Ouchème, Oudhia, Aït Hicham, du Sud et de Guerrouma. Ces femmes créatrices, en matière de tapisserie algérienne souhaitent susciter, à chaque instant, un retour aux sources à travers les motifs créés. «La tapisserie algérienne relate un voyage à travers le temps en évoquant les perpétuelles épopées de l'homme», estime une créatrice. En outre, cette exposition a permis à la jeune génération de trouver ses repères historiques enterrés. «Je trouve qu'il faut saluer et encourager ce genre d'exposition qui nous a permis de connaître mieux notre histoire et notre culture», dira un groupe de femmes. Les organisatrices n'ont pas caché leur satisfaction d'avoir réalisé cette exposition, qui a été, selon elles, très bénéfique sur plusieurs plans. Comme elles ont salué tout le personnel du Musée Bastion 23 pour l'aide et l'intérêt qu'il a accordés à cette exposition. «Je tiens, au passage, à saluer tout le personnel du Musée qui nous a beaucoup aidées dans la réussite de cette exposition.»