La Russie a appelé fermement hier les Occidentaux à ne pas commettre une «erreur tragique» en Syrie, mettant en garde contre une répétition de «l'aventure» en Irak alors que les appels à un usage de la force contre Damas se faisaient plus pressants. Puissant allié de Damas, Moscou réagissait juste après le feu vert du gouvernement syrien à l'ONU pour une enquête dès lundi sur l'attaque meurtrière de mercredi près de la capitale syrienne. L'opposition syrienne avait, elle, affirmé que le régime du président Bachar al-Assad avait utilisé des armes chimiques pour tuer des centaines de civils. Ces allégations ont poussé de nombreuses capitales occidentales à évoquer une option militaire contre le régime syrien. Alors que Washington laissait entendre que les forces américaines étaient prêtes à agir contre le régime syrien, tout en soulignant procéder encore à l'évaluation de ces options, le ministère russe des Affaires étrangères a tiré la sonnette d'alarme. «Nous appelons vigoureusement ceux qui, en essayant à l'avance d'imposer aux experts de l'ONU les résultats de leur enquête, évoquent la possibilité de mener une opération militaire en Syrie, à faire preuve de bon sens et à ne pas commettre une erreur tragique», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, cité dans un communiqué. Dans un second communiqué, il s'est montré plus ferme, mettant en garde contre une répétition du scénario irakien. «Tout cela ne peut que nous rappeler les événements d'il y a dix ans, quand, en prenant pour prétexte des informations mensongères sur la présence en Irak d'armes de destruction massive, les Etats-Unis, en contournant l'ONU, se sont lancés dans une aventure, dont tout le monde connaît maintenant les conséquences» a-t-il dit. Alors que le président français François Hollande a estimé hier qu'il y avait «un faisceau d'évidences» indiquant que l'attaque était «de nature chimique» et que «tout conduisait à considérer» que le régime syrien en était «responsable», M.Loukachevitch a accusé les Occidentaux d'ignorer «une multitude de faits montrant que cette action était une provocation de l'opposition radicale». Il a aussi accusé Paris et Londres d'avoir bloqué l'envoi d'une mission en Syrie pour enquêter sur l'usage d'armes chimiques, selon Damas, par les rebelles syriens, le 19 mars près d'Alep. Dans ce contexte, le porte-parole russe a appelé l'opposition syrienne à permettre aux inspecteurs de l'ONU d'enquêter «en toute sécurité» et à «ne pas se livrer à des provocations armées contre eux, comme ce fut le cas avec la mission des observateurs de l'ONU l'été dernier». Pendant l'été 2012, des observateurs de l'ONU avaient été plusieurs fois pris pour cible dans les combats entre forces rebelles et armée régulière en Syrie.