Ils reviennent à la charge L'équation du Sud semble de plus en plus insoluble. Le gouvernement a-t-il épuisé toutes les solutions? Les chômeurs du Sud reviennent à la charge. Ce mouvement en perte de vitesse depuis quelque temps, annonce l'organisation de nouvelles actions de protestation pour la prochaine rentrée sociale. Joint par téléphone, le coordinateur du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc), Tahar Bélabès, nous a fait savoir qu'il avait animé, hier matin, une conférence de presse à Ouargla pour faire connaître le programme des actions que son mouvement compte mener à la rentrée. «Dès la deuxième quinzaine de septembre, nous allons organiser des rassemblements devant les institutions publiques, les instances officielles et les entreprises publiques et privées pour dénoncer notre situation qui n'a guère évolué», a-t-il fait savoir. «Nos actions ne seront pas concentrées uniquement au Sud, mais nous allons toucher plusieurs wilayas», a-t-il souligné. Tahar Bélabès parle entre autres «d'actions simultanées à Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, Tamanrasset, Adrar, Béchar et Saïda». Il précise toutefois que la date de ces manifestations sera «annoncée au moment opportun, cela afin de ne pas se faire surprendre par des 'baltaguia'' comme cela a été le cas à Aïn Beïda (en mai dernier, Ndlr)». La rentrée sociale n'est pas la seule occasion dont profitera le Cnddc pour «réanimer» son mouvement. Tahar Bélabès explique que la campagne électorale pour la présidentielle de 2014, sera une occasion de rappeler ses revendications. Voilà donc que le mouvement des chômeurs du Sud réapparaît comme par enchantement. Lui qui s'est essoufflé après les mesures exceptionnelles prises par l'Etat en faveur des chômeurs du Sud. Il tente encore une fois de rester en vie avec quelques actions, par-ci par-là dont l'objectif est obscur...Le timing de cette annonce du Comité national pour la défense des droits des chômeurs relance toutefois la théorie de la manipulation. «Pourquoi à ce moment précis?» s'interrogent certains observateurs. Au moment où l'Egypte est à feu et à sang, pendant que la Tunisie est en crise et connaît ses premiers attentats, pendant que ledit printemps arabe continue de se transformer en été sanglant, et juste après le dénouement de la crise de Bordj Badji Mokhtar. A la mi-août, quelques jours après la fin du mois de Ramadhan, un conflit tribal a, en effet éclaté dans cette ville de l'extrême Sud entre les membres de la tribu des Brabiche et des Idnane. Ces affrontements ethniques ont fait des dizaines de morts et des blessés graves. Les magasins ont été pillés et la ville quadrillée par les forces de sécurité. La situation était explosive et aurait pu être encore plus grave sans l'intervention des sages des deux tribus qui ont signé un accord de paix dans l'intérêt général. Des incidents qui viennent dans la lignée de ceux enregistrés durant les six premiers mois de l'année dans cette région sensible de l'Algérie qu'est le Sud. Des affrontements tribaux ont eu lieu à plusieurs reprises à Ghardaïa entre les tribus mozabites et chaâmbies, les lycées ont été paralysés durant tout le deuxième trimestre, ce qui a failli perturber le déroulement de l'examen du baccalauréat, et bien sûr, il y a eu la prise d'otages de Tiguentourine... Une succession d'événements troublants les uns plus que les autres, qui laissent planer le doute sur les véritables raisons de ces événements. Veut-on enflammer le Sud algérien pour atteindre l'îlot de paix qu'est l'Algérie? En revanche, d'autres observateurs estiment que la faute incombe plutôt aux autorités. Le gouvernement a-t-il épuisé toutes les solutions? L'équation du Sud semble de plus en plus insoluble.