La rencontre, qui a buté sur la résistance des partisans du boycott, a pris plus de temps que prévu. Alors qu'il était prévu que les travaux du bureau national de Wafa, ouvert lundi soir, s'achèvent hier matin, ils n'étaient toujours pas terminés à cause de la résistance formulée par les partisans du boycott. Ces derniers, quoique minoritaires par rapport à ceux qui prônent le soutien conditionné au candidat du FLN, ont réussi à faire durer la rencontre encore une nuit, celle de mardi à mercredi. Selon des sources proches de la direction de ce parti, «le plus important est de sauver la cohésion des rangs et d'éviter qu'il y ait la moindre défection». Nos sources, sûres de la discipline partisane et de l'esprit responsable des cadres et militants, ont espéré, à travers le débat qui a eu lieu durant la nuit de lundi à mardi, arriver «à une unanimité dans la décision». Comme dans tous les partis politiques, et à la lumière des sondages réalisés ainsi que des débats qui ont eu lieu, il est apparu clairement que la tendance lourde visait le soutien à la candidature du FLN. Plusieurs objectifs sont poursuivis. Le premier, qui n'est pas des moindres, est bien entendu d'obtenir enfin l'agrément de Wafa et de permettre que les partis politiques puissent enfin exercer en toute liberté. Or, sans revenir sur les rencontres qui n'ont pas manqué de se faire jour entre les dirigeants du FLN et de Wafa, ne serait-ce qu'en marge des travaux du groupe des dix, il convient de souligner que Benflis prône cette orientation dès les premières lignes de ses fameux cent engagements. Le mouvement Wafa, qui a longtemps souffert du joug d'une administration refusant de l'agréer sans le moindre argument juridique recevable, semble avoir dépassé toutes les limites du tolérable depuis que son candidat, donné gagnant lors de la présidentielle de 1999, a été exclu de la course de 2004 dans des circonstances scandaleuses qui ont fait couler force encre et salive sans que les autorités ne fassent, pour se justifier, qu'évoquer les «ravages» de l'air marin sur la serrure qui défendait les formulaires du Dr Ahmed Taleb El Ibrahimi. Wafa, qui n'ignore pas que la conjoncture actuelle offre des chances qu'il convient de saisir sous peine d'en payer plus tard les conséquences, ne peut demeurer longtemps spectateur dans le duel choisi par Bouteflika lui-même face à Benflis. Car, le boycott ne pouvait rien signifier d'autre. En effet, les membres du groupe des dix s'étaient entendus pour dire que les membres partisans du boycott se garderont de faire la moindre déclaration ou d'organiser quelque manifestation (que le pouvoir aurait de toute façon interdite) en faveur de cette option électorale afin de ne pas gêner les candidats membres du groupe, encore en lice. Ainsi, le boycott aurait signifié la disparition médiatique et politique de Wafa pendant plusieurs mois, à un moment où il a le plus besoin d'exprimer très fort son existence et son poids politique. C'est sur la base de cet argumentaire que le soutien, conditionné tient-on toujours à souligner, à la candidature de Benflis a fini par être arraché sans que les rangs du mouvement n'eussent à en souffrir. Le secrétaire général de Wafa, en revanche, devra sillonner certaines wilayas du pays afin d'expliciter plus encore la position du parti aux cadres et au militants, mais aussi pour galvaniser les troupes et les jeter dans la bataille aux côtés des gens du FLN. Un véritable raz de marée vient redessiner la carte des rapports de force dans cette bataille électorale dont l'issue s'avère de plus en plus incertaine. Un communiqué relatif à cette décision et aux raisons qui l'ont motivée est attendu pour ce week-end. Une rencontre entre les leaders des deux partis, afin de formaliser les modalités pratiques de ce soutien doit également avoir lieu au début de la semaine prochaine. A la lumière de cette décision, il est attendu d'autres soutiens de poids à la candidature de Benflis, de la part de personnalités connues pour leur probité, et proches de Taleb.