Ibrahim Boubacar Keita, dit «IBK»nouveau président du Mali Fort d'un succès exceptionnel, IBK va devoir s'atteler à relever et réconcilier un pays meurtri et plus que jamais divisé par 18 mois de crise politique et militaire. Ibrahim Boubacar Keïta, élu le 11 août, a prêté serment hier à Bamako comme président du Mali pour cinq ans, jurant de garantir «l'unité» de son pays meurtri et divisé par 18 mois de crise politico-militaire. Costume et cravate sombres sur une chemise claire, main droite levée, M.Keïta, a lu le serment contenu dans la Constitution malienne devant la Cour suprême, lors d'une cérémonie organisée dans un centre de conférence de la capitale malienne arrosée par de fortes pluies. «Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi, de remplir mes fonctions dans l'intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l'unité nationale, l'indépendance de la patrie et l'intégrité du territoire national», a-t-il déclaré. «Je m'engage solennellement et sur l'honneur à mettre tout en oeuvre pour la réalisation de l'unité africaine», a-t-il ajouté. En plus de la Cour suprême présidée par M. Nouhoum Tampily, M.Keïta, 68 ans, s'exprimait en présence de Dioncounda Traoré, qui a dirigé le pays pendant une période de transition de 17 mois marquée par de nombreux soubresauts politico-militaires et de plus de 1.000 personnes, comprenant personnalités maliennes et étrangères. Dans l'assistance, figuraient notamment son adversaire battu au second tour de la présidentielle Soumaïla Cissé, l'ex-président (1968-1991) Moussa Traoré, renversé par un coup d'Etat militaire et qui a eu droit à des applaudissements nourris, l'ex-Premier ministre de transition Cheick Modibo Diarra et son successeur (décembre 2012-septembre 2013) Diango Cissoko, les membres du gouvernement sortant. Avant la prestation de serment, une cérémonie de passation des pouvoirs s'était déroulée en début de matinée au siège de la présidence, à Koulouba (près de Bamako). Dioncounda Traoré y a officiellement cédé le pouvoir à Ibrahim Boubacar Keïta, qui a eu droit aux honneurs militaires. A Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a félicité M.Keïta «à l'occasion de sa cérémonie de prestation de serment». «Dotées à l'issue des récentes élections d'une forte légitimité, les nouvelles autorités peuvent à présent répondre aux attentes du peuple malien et relever les défis auxquels le Mali fait face. La France est prête à apporter tout son soutien au président Keïta», a dit M.Lalliot. Investiture de M.Keïta: «le grand jour», titrait hier à sa Une le quotidien pro-gouvernemental malien L'Essor, indiquant que plusieurs «chantiers» attendaient le nouveau pouvoir, notamment «la réconciliation, l'armée, l'école, l'économie». Surnommé IBK d'après ses initiales, Ibrahim Boubacar Keïta a été élu au second tour de la présidentielle, le 11 août, avec 77,62% des voix contre 22,38% pour Soumaïla Cissé. Fort de ce succès exceptionnel, IBK va devoir s'atteler à relever et réconcilier un pays meurtri et plus que jamais divisé par 18 mois de crise politique et militaire. Il devra rapidement prendre des mesures concrètes pour redonner confiance à des Maliens choqués et divisés par la profonde crise politique et militaire qu'ils viennent de traverser. Cette crise avait débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le nord du Mali, supplantés rapidement par des groupes criminels et islamistes armés liés à Al Qaîda qui ont pris le contrôle de cette région, juste après un coup d'Etat militaire qui, le 22 mars 2012, a renversé le président Amadou Toumani Touré. Les jihadistes ont laminé la rébellion touareg et l'armée malienne et commis d'innombrables exactions avant d'être en grande partie chassés par l'intervention militaire franco-africaine toujours en cours.