Il ne fait plus bon vivre à Béjaïa Depuis que l'industrie de l'agroalimentaire a élu domicile pratiquement en plein centre- ville, la qualité de l'air s'est nettement dégradée. La ville de Béjaïa ne sait pas où en est la qualité de l'air que ses habitants respirent à longueur de journée et de nuit. Elle ne pourra pas non plus le savoir tant qu'elle ne s'équipe pas, dans ce sens, d'une station de mesure de la qualité de l'air. C'est justement l'inquiétude exprimée par le mouvement associatif de la commune dans une lettre adressée au maire de la ville. La succession des décès, arrêts cardiaques, ainsi que le nombre élevé de cancéreux enregistrés dans la ville de Béjaïa, ces dernières années, ne laissent pas indifférents. Si les partis politiques et les autorités observent un silence radio, ce n'est pas le cas de l'opinion et du mouvement associatif que l'inquiétude gagne de plus en plus. Depuis que l'industrie de l'agroalimentaire a élu domicile pratiquement en plein centre ville, la qualité de l'air s'est nettement dégradée. Elle l'est à tel point qu'en certains endroits, l'air est irrespirable. Du côté du port de Béjaïa et des Quatre-Chemins, les passants se bouchent le nez et les automobilistes se voient contraints de fermer les vitres de leurs véhicules. Les cours d'eau dans lesquels les déchets de ces usines se déversent à longueur d'année, dégagent une odeur nauséabonde. Bref, l'environnement de la capitale des Hammadites est agressé de toutes parts. Et cela ne peut pas y être sans se traduire négativement sur la santé publique. Le plus grave est que face à tous ces facteurs alarmants, aucune étude n'est entreprise pour envisager les voies et les moyens de mettre fin à cette situation. Autant au niveau de la direction de l'environnement que de l'institution universitaire, la qualité de l'air à Béjaïa reste un dernier souci. La sortie publique du collectif des associations dont celle des pneumo-phtisiologues de Béjaïa, renversera-t-elle la donne? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question, mais l'initiative en elle-même a le mérite d'attirer l'attention de ceux qui ont la charge de la qualité de vie dans la cité. S'appuyant sur des textes de loi, dont le décret exécutif n°06-138 du 15 avril 2006, réglementant l'émission dans l'atmosphère de gaz, fumées, vapeurs, particules liquides ou solides, ainsi que les conditions dans lesquelles s'exercent leur contrôle, le collectif qui regroupe 11 associations, estime que la ville de Béjaïa doit s'équiper «d'un ou de plusieurs analyseurs mesurant en continu et de manière automatique les polluants réglementés gazeux (NO, NO2, SO2, O3, CO, C6H6) et particules (PM10, PM2.5)», notent les rédacteurs, soulignant que «la pollution de l'air est de plus en plus perceptible, même à l'oeil nu, surtout durant la saison chaude». Le collectif met en cause le gaz d'échappement des milliers de voitures et les usines installées au coeur de la ville. «Les services habilités en la matière effectuent des contrôles périodiques et/ou inopinés des rejets atmosphériques visant à s'assurer de leur conformité aux valeurs limites fixées par le présent décret», cite encore le collectif pour peaufiner sa plaidoirie pour la concrétisation de cette station de mesure de la qualité de l'air. «La pollution de l'air est suspectée comme responsable des maladies respiratoires, comme l'asthme, angines ou insuffisance respiratoire ou bronchiolite», estime encore ce collectif qui ne compte pas en rester là tant la situation urge. Si la station de mesure de la qualité de l'air est une urgence, la délocalisation de toutes les industries implantées au milieu de la ville l'est encore plus. Outre l'amélioration de la qualité de l'air que cette mesure induira, la collectivité pourra récupérer une importante assiette foncière dont le déficit handicape sérieusement le développement local. L'appel sera-t-il entendu? S'achemine-t-on vers des mesures concrètes pour sauver l'air d'une ville touristique? Il reste à l'espérer, mais à espérer également que la classe politique locale se mette dans la défense de l'intérêt de ceux et celles qui l'élisent pour gérer son quotidien. Des squatteurs délogés Le projet de réalisation d'une école primaire au niveau du quartier (Mpros) situé en bas de la grande cité urbaine de Sid Ahmed peut désormais se concrétiser. Hier, les services communaux, accompagnés des services de sécurité ont procédé aux dernières évacuations des familles squatteuses. L'opération a vu plusieurs familles déménager vers une autre destination. Les taudis ont été immédiatement démolis pour éviter de nouveau un squat.