Les pays de l'UE ont cherché hier à surmonter leurs divergences sur la Syrie en s'accordant sur la nécessité d'une réponse internationale «forte», mais sans aller jusqu'à soutenir le projet de frappes défendu par John Kerry. Au lendemain d'un G20 où il n'avait pas réussi à obtenir un large soutien international, le président américain Barack Obama a lancé un appel aux membres du Congrès américain pour qu'ils approuvent le principe d'une opération armée. «Nous sommes les Etats-Unis. On ne peut pas rester aveugle devant les images de Syrie que nous avons vues», a-t-il déclaré dans son allocution hebdomadaire à la radio. Les Etats-Unis ont eu la satisfaction de voir l'Allemagne se joindre à l'appel lancé la veille par onze pays présents au G20 pour une «réponse internationale forte», de nature non spécifiée, aux attaques chimiques du 21 août dans la banlieue de Damas. Sans reprendre exactement les termes de cet appel, les ministres des Affaires étrangères de l'UE sont tombés d'accord à Vilnius sur la nécessité d'une «réponse claire et forte». Cette formule est suffisamment vague pour satisfaire les 28 pays de l'UE, de la France, qui défend la même position que les Etats-Unis, à ceux, plus nombreux, qui sont très réticents à un engagement militaire sans l'aval de l'ONU. «Cet accord est un compromis typique du fonctionnement de l'UE», a commenté un diplomate. Il a été salué par John Kerry, qui s'était déplacé à Vilnius pour expliquer la position de Washington. «Nous sommes très satisfaits de la déclaration» des Européens, «une forte déclaration sur le principe de responsabilité», a-t-il déclaré avant de quitter la Lituanie. Les pays européens les plus prudents se sont déclarés très satisfaits par l'engagement pris vendredi par le président français François Hollande d'attendre la publication du rapport de l'ONU avant d'engager la France dans une opération militaire. «Nous accueillons très favorablement les déclarations de M. Hollande», a résumé la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, à l'issue de la réunion. «Cela a permis de débloquer les discussions» à Vilnius, a témoigné un diplomate. En revanche, M.Kerry a indiqué à ses partenaires européens que Washington ne prenait pas le même engagement. «Il a dit clairement que les Etats-Unis n'avaient pas décidé d'attendre» le rapport pour éventuellement agir, a relaté un responsable américain. Le président Obama, qui doit s'adresser aux Américains mardi, avait décidé samedi dernier du principe de frappes «ciblées et limitées» contre la Syrie, mais pas avant le feu vert du Congrès. Celui-ci siègera à partir de demain. Le même jour, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem sera à Moscou. Les ministres européens ont déclaré espérer que l'ONU allait publier son rapport sur les armes chimiques «le plus rapidement possible». Jean Asselborn, le chef de la diplomatie du Luxembourg, un pays siégeant actuellement au Conseil de sécurité de l'ONU, a indiqué que la préparation du rapport «pourrait prendre encore une semaine et demie».