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"Il faut une thérapie de choc à notre économie"
LARBI OUAHMED, P-DG DE DEKOREX, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 10 - 09 - 2013

Une analyse pertinente sur les enjeux économiques en Algérie
Défenseur acharné de l'entreprise algérienne et d'un système bancaire efficace, Larbi Ouahmed a intégré le monde de l'industrie durant les années 1970. Il est actuellement P-DG de Dékorex, une entreprise spécialisée dans d'industrie plastique. Dans cet entretien il nous livre une analyse pertinente sur les enjeux économiques en Algérie.
1-L'inflation a entamé un net recul atteignant la barre des 4,75% durant le premier semestre 2013, contre 7,3% à la même période en 2012. A votre avis, cette tendance baissière va-t-elle se poursuivre?
Le coeur des débats actuels se situe autour de l'inflation qui gruge le pouvoir d'achat des ménages par rapport au niveau de vie des familles. Ce débat est quotidiennement ressenti par tous les Algériens. Les solutions sont d'ordre institutionnel mais malheureusement elles tardent dans leur application. Le constat, la baisse du pouvoir d'achat est liée aux augmentations de salaires durant le 1er semestre 2013 comparativement à la même période de l'exercice 2012 à la faveur de l'augmentation du prix du pétrole. Cette réduction de l'inflation d'ordre technique peut se poursuivre ou non car l'inflation qui, par définition, est l'augmentation générale des prix ne peut être maîtrisée par la seule volonté du gouvernement qui a fortiori, est dépendant de l'importation des 3/4 de ses besoins pour nourrir sa population. L'on ne peut donc parler en Algérie du taux d'inflation que si l'on connaît exactement les produits pris en considération dans le calcul de cet indice et que si la politique économique actuelle sera adaptée aux exigences de la croissance de notre économie
2- Comment entrevoyez-vous ce développement économique tant attendu?
En réalité, la croissance doit répondre aux normes d'une économie, avec des paramètres universels, selon deux exigences: capacités humaines et financières, ces deux ressources indissociables, constituent la colonne vertébrale de la croissance, de son développement et de sa richesse. En effet, le gouvernement actuel a mis en place une politique de relance économique soutenue par des textes qui ne sont pas respectés par les admirations locales. Ceci, entre autre, est une source de l'inflation occasionnant des surcoûts aux retards, à la réalisation des investissements.
Le marché informel existant, s'est consolidé depuis la LFC 2009 par la mise en place du dispositif du mode de paiement unique des opérations d'importation qu'est le credoc. Ce mode de paiement a fortement pénalisé le fonctionnement des entreprises nationales et a encouragé, l'importation des produits en l'état au détriment des produits de fabrication locale.
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a insisté sur le recouvrement de «la base industrielle de l'Algérie». Justement, en tant qu'industriel algérien, comment appréhendez-vous cet appel?
Les préjudices que vivent à ce jour les entreprises de production nationale, sont importants. La solution préconisée par les pouvoirs publics autres que le rééchelonnement sur 10 années des dettes des entreprises en difficulté n'était pas la solution de sortie de crise financière de ces entreprises. Le soutien objectif de ces entreprises est de réduire le taux de la TVA qui devrait passer de 17% à 10% taux réduit d'IRG de 5% des résultats distribués sur une période de 8 à 10 ans et un taux d'intérêt bancaire de 3% à 4% sur une période de 8 à10 ans
Au plan social, comment appréciez-vous la politique des salaires?
La création du principe, d'un prud'homme, au sein des APC, composé de magistrat, de représentants des travailleurs, des chefs d'entreprise et des représentants d'APC choisis par le magistrat territorialement compétent. Assurer la stabilité pour les travailleurs, leur formation et leur perfectionnement sont des critères de productivité et les salaires seront justement indexés à leur productivité. Le cursus de formation sera assuré par l'entreprise employeur. L'article 87 bis du code contrat de travail est très contraignant.
Les surliquidités enregistrées auprès des banques, quel est votre avis?
Le credoc instauré par la LFC 2009 comme mode de paiement unique a permis l'afflux de liquidités aux banques. Elles ont profité de cette manne pour réaliser beaucoup d'opérations d'exploitation, dont les coûts de confirmation se situent entre 0,5% et 1,5% ce qui était plus profitable avec moins de risques aux banques au détriment des opérations crédits d'investissement. Les banques qui ont pour mission principale d'engager des crédits nécessaires pour lever des investissements, demeurent un instrument fondamental pour tout développement et création productifs. Toutefois, l'offre de financement apparaît faible par rapport aux besoins importants des PME. La disponibilité des financements reste toujours insuffisante malgré le contexte économique algérien.
La prédominance conférée par les pouvoirs publics aux banques nationales, souvent utilisée abusivement est préjudiciable notamment dans le traitement tardif des dossiers de financement qui dépasse parfois des années; les opérations d'exploitation sont tardives, entachées d'erreurs et prennent parfois plusieurs jours, voire semaines, alors que les règles prévoient cinq jours ouvrables. Ces entreprises ainsi pénalisées, se trouvent à l'arrêt. D'où la perte de production avec le préjudice moral et frais financiers bancaires à charge du client que cela engendre. Cette règle est devenue un blocage au lieu d' une régulation dans l'octroi des crédits.
4. Comment envisagez-vous la prochaine loi de finances?
Pour atteindre le niveau de croissance économique, les autorités publiques doivent déjà lever les lourdeur bureaucratiques, assurer la stabilité des textes qui doivent régir le fonctionnement d'une politique économique pérenne.
Bien entendu, les statistiques officielles laissent apparaître un excès de liquidités au niveau des banques, alors que l'accès aux crédits comporte des contraintes. Il n'en demeure pas moins qu'une génération de réformes bancaires devient impérative, le contexte a évolué d'où le besoin d'adapter la réglementation bancaire qui souffre de contraintes d'ordre institutionnel et réglementaire: instabilité fiscale et douanière et mauvaise interprétation de certains textes réglementaires.


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