Ali Zeidan, éprouve de plus en plus de difficultés à conduire son cabinet Les Frères musulmans libyens menacent de retirer leurs ministres du gouvernement auxquels ils reprochent, notamment son rapprochement avec les nouvelles autorités égyptiennes, aggravant les tensions dans le pays. La pression sur le Premier ministre Ali Zeidan, un libéral élu en octobre 2012 par le Parlement, s'est accentuée la semaine dernière après sa visite en Egypte où il a rencontré notamment son homologue Mansour Adli ainsi que le général Al-Sissi, le chef de l'armée qui a destitué début juillet le président Mohamed Morsi issu des Frères musulmans. Dans un communiqué, le Parti pour la justice et la construction (PJC), branche politique des Frères musulmans libyens, a vivement critiqué cette visite qu'il a considérée comme une «reconnaissance franche du coup d'Etat et de ses instigateurs qui ont commis des crimes et des violations des droits de l'Homme» contre des membres de la confrérie en Egypte. Ce parti a accusé M.Zeidan d'avoir effectué cette visite en vue de «détourner l'attention de l'opinion publique des affaires intérieures» et de l'«échec cuisant du gouvernement à tous les niveaux», évoquant notamment la chute de la production pétrolière, l'insécurité et la corruption. Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre a expliqué avoir effectué «cette visite dans l'intérêt de la nation», mettant en avant les étroites relations entre l'Egypte et la Libye et l'importance de la coopération entre les deux pays voisins, en particulier dans le domaine de la sécurité. M.Zeidan a affirmé en outre que les Frères musulmans et le PJC étaient, dès le départ, hostiles à sa candidature au poste de chef de gouvernement, et qu'ils avaient accepté «à contrecoeur» de participer au cabinet, étalant pour la première fois en public les divisions au sein de son gouvernement. Les islamistes détiennent cinq portefeuilles: le Pétrole, l'Electricité, l'Habitat, la Jeunesse et l'Economie. Le vice-Premier ministre Awadh al-Barassi issu lui aussi du PJC avait démissionné début août, reprochant notamment au gouvernement «ses dysfonctionnements». Selon une source du PJC, le bureau politique du parti a décidé lors d'une réunion dimanche de charger un «comité de crise» de se prononcer sur un éventuel retrait des ministres islamistes. Le chef du PJC, Mohamed Sawan, a cependant précisé cette semaine que «les critiques du parti contre le gouvernement n'ont aucun lien avec la visite de M.Zeidan en Egypte». Il a reproché à M.Zeidan son échec à rétablir la sécurité et à mettre en place une police et une armée professionnelles. «Les résultats d'Ali Zeidan sont mauvais. Mais les critiques du PJC après la visite (en Egypte), démontrent que l'appartenance des Frères musulmans libyens à la confrérie (en Egypte) est plus forte que leurs liens avec la nation» libyenne, a estimé l'analyste politique Issam al-Faidi. Les divisions dans le gouvernement d'Ali Zeidan risquent d'aggraver la crise économique, politique et sécuritaire dans le pays. Le gouvernement fait face en particulier à une chute sans précédent de la production d'hydrocarbures, après le blocage par des gardes des installations pétrolières de plusieurs terminaux. Selon les autorités, la production du brut qui représente près de 90% du PIB a chuté à moins de 100.000 barils par jour, contre une moyenne de 1,5 à 1,6 million b/j. La grogne monte par ailleurs au sein de la population en raison de la détérioration des services publics. Ainsi, les habitants de la capitale souffrent quotidiennement de coupures d'électricité et d'eau de plus en plus fréquentes et font face à une montée de la criminalité. Depuis la chute du régime de Mouamar El Gueddafi tué en octobre 2011, l'est du pays est par ailleurs en proie à une série d'attaques contre les services de sécurité et intérêts occidentaux.