Hier, dirigeants et cadres politiques du parti ont élu domicile à l'Inil, ex-université de Boumerdès, pour y tenir la troisième université d'été consacrée aux wilayas du Centre sous le slogan: «Vers une conscience politique, un comportement noble et un don constant». La séance d'ouverture officielle de cette université d'été aura été marquée par l'allocution de son secrétaire général, le Dr Lahbib Adami. Pour lui, l'Algérie vit, actuellement, un feuilleton d'horreur, dont les épisodes ont été soigneusement prémédités. Il s'agit, aujourd'hui, d'étudier les défis qui se posent au peuple algérien et de proposer des solutions. Et l'université d'été vient à point nommé pour offrir l'occasion d'approfondir le débat et l'étude de thèmes ayant trait à la nation et à la société. Ce qui contribuera à parfaire les compétences. Car l'université est, en fait, un laboratoire où les méthodes doivent être perfectionnées. C'est, également, une occasion pour prendre du recul par rapport aux choix politiques et économiques, et aux autres questions posées sur la scène nationale. Continuant sur sa lancée, Adami usera de l'expression: «Derniers événements», faisant une allusion à peine voilée à l'actualité en Kabylie. Il dira en substance: «Les événements ont été actionnés de l'intérieur et de l'extérieur. Le peuple algérien en est témoin. Ils sont le fait de crises politiques et économiques accumulées. D'un étouffement social sans précédent et de l'exclusion. Le mauvais traitement des crises ne peut conduire qu'à ce genre de résultat.» Et de renchérir: «Devant la gravité de l'heure, nous avons établi un manifeste de la nation que nous avons soumis à des personnalités pour signature.» M. Adami n'a pas manqué de faire la promotion de ce document qui devrait être soutenu par plus d'un million et demi de signatures. Ce serait une sorte d'«ordonnance», dont le propos serait la sauvegarde de la religion, de la nation et des repères identitaires exposés, selon lui, à une «menace». Comme éléments clés de sortie de crise, l'orateur citera la concorde nationale effective, la libération des «détenus» (pour opinion), la prise en charge du dossier des disparus, la réintégration des victimes du licenciement abusif, la relance économique avec instauration d'un contrôle de la distribution de la manne financière, le renforcement de la prédication, la levée du «blocus» sur les mosquées et l'émancipation de la presse. Revenant sur les événements de Kabylie, M. Adami dira, à propos du rapport Issad, qu'il est «à prendre avec des pincettes», car il ne rend pas compte des opérations d'incitation et des manipulation, oeuvres de «la mafia politique et du terrorisme». Adami ne nie pas, pour autant, l'existence de bavures de la part des gendarmes. Mais ce ne sont, selon lui, que des causes apparentes, superficielles, non le véritable moteur de cette opération machiavélique, que fut le soulèvement de Kabylie. Voguant toujours sur le registre sensible, M. Adami abordera le rapport de la commission Benzaghou qui, selon le conférencier, est l'objet d'un rejet catégorique, car «il n'est pas question, du moins dans les rangs d'Ennahda, d'une école laïque». «Nous sommes pour une école algérienne dont la langue est l'arabe et dont l'âme est l'Islam. Elle formera ce citoyen modèle maîtrisant les langues étrangères et au fait de la technologie et de l'environnement mondiaux. Il n'est pas question d'utiliser l'école à des fins politiques et partisanes», précise-t-il. Quant au Code de la famille, M. Adami n'est pas contre sa révision. Pourvu que cette dernière ne soit pas d'inspiration occidentale, mentionnera-t-il. Pour ce qui est du futur immédiat de l'activité du parti, le secrétaire général annoncera les préparatifs en cours pour un symposium en septembre.