John Baird Il est clair que les discussions entre le jeune ministre canadien et le chevronné diplomate Lamamra porteront sur trois dossiers importants: le terrorisme, le commerce et la Syrie. Trois jours seulement après avoir été installé à la tête de la diplomatie algérienne, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, recevra selon des sources sûres, dimanche prochain, le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, en visite à Alger. Une visite qui était programmée et préparée depuis des mois entre les départements des deux pays et qui a été maintenue malgré le dernier remaniement survenu mercredi dernier. Une preuve supplémentaire de la bonne entente entre les pays qui partagent les mêmes visions sur plusieurs dossiers. C'est d'ailleurs la deuxième visite d'un chef de la diplomatie canadienne en deux ans après celle effectuée par le ministre Lawrence Cannon, en janvier 2011, et qui avait abouti à l'élargissement de l'accord du transport aérien entre le Canada et l'Algérie. Il faut dire que depuis quelques années, les liens entre le Canada et l'Algérie se sont renforcés sur le plan politique, diplomatique et surtout commercial, puisque l'Algérie reste toujours le meilleur partenaire commercial du Canada en Afrique du Nord. A cela s'ajoute une progression en hausse de l'immigration algérienne au Canada. Même si l'ordre du jour de la visite du ministre John Baird en Algérie n'est pas connu, il est clair que les discussions entre Baird et Lamamra porteront sur trois dossiers importants: le terrorisme, le commerce et la Syrie. En matière de lutte contre le terrorisme, le Canada et l'Algérie sont des partenaires sûrs. Les deux pays coprésident, depuis novembre 2011, le Groupe de travail sur le renforcement des capacités de la lutte antiterroriste au Sahel. Le Groupe a été créé dans le cadre du Forum global de la lutte contre le terrorisme (Fgct), lancé officiellement en septembre 2011 à New York. Sa création découle de la nécessité de contribuer au renforcement des capacités civiles des pays de la région face à la menace que constitue le fléau du terrorisme au Sahel. L'ambassadrice du Canada à Alger, Mme Geneviève des Rivières, l'a, une nouvelle fois, réaffirmé à l'ouverture à Oran de la 22e Conférence régionale africaine d'Interpol. Cette coopération pour la lutte contre le terrorisme s'est encore renforcée entre les deux pays après l'affaire de Tiguentourine et l'implication de deux terroristes de nationalité canadienne dans l'attaque de la base pétrolière à In Aménas. Le commerce sera donc au menu des discussions algéro-canadiennes avec, notamment le dossier SNC Lavalin et les récentes affaires de corruption. Le Canada qui lutte fermement contre la corruption a toujours dénoncé certaines affaires impliquant des groupes canadiens à l'étranger. Le ministre canadien souhaitera sûrement dissiper tout malentendu concernant les intérêts canadiens en Algérie et surtout assurer son homologue algérien de sa volonté d'investir dans la région avec les secteurs forts du pays de l'Erable: les hydrocarbures, les travaux publics, le transport, les nouvelles technologies, la défense, l'aéronautique et surtout l'agroalimentaire. Enfin, l'autre dossier qui risque d'être évoqué par les deux ministres des Affaires étrangères, concerne la situation en Syrie. Le ministre John Baird atterrira à Alger en provenance d'Istanbul où il devrait s'entretenir aujourd'hui avec son homologue turc Ahmet Davutolu et rencontrer aussi, le président turc, Abdullah Gul. M.Baird avait affirmé que la Turquie (qui est une alliée du Canada au sein de l'Otan) est un précieux partenaire et qu'elle partage un profond engagement pour la sécurité de la région. Même si le Canada s'est opposé à une intervention militaire en Syrie, le ministre canadien est conscient qu'il entendra à Alger, une autre lecture du règlement de la crise en Syrie. L'Algérie qui a toujours été contre une intervention militaire en Syrie, surtout hors du cadre strict des Nations unies, aura son mot à dire sur ce dossier. Et le ministre Baird aura même le privilège et l'honneur de découvrir le premier, l'analyse diplomatique sur la question du nouveau chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra qui bénéficie d'une expérience inestimable en matière de diplomatie étrangère.