Ainsi donc, après les dernières décisions et les derniers changements apportés aux structures de la Défense et après la page tournée du FLN et le remaniement ministériel, il ne reste plus que la question de la Constitution qui demeure, à ce jour, en suspens, la nomination d'un président du Conseil constitutionnel ainsi que celle du RND pour clore tous les grands problèmes d'ordre politique interne et passer à l'échéance électorale de 2014. Mais si la révision de la Constitution peut attendre après avril 2014, la désignation d'un président du Conseil constitutionnel doit être annoncée dans les tout prochains jours et le problème du RND doit être résolu avant l'élection. Qui remplacera donc Tayeb Belaïz à la tête du Conseil constitutionnel? Certains observateurs y voient l'ex-ministre de la Justice, Mohamed Charfi. Ce n'est pas impossible, mais c'est un poste qui pourrait tout aussi aller à Mourad Medelci, le seul partant du gouvernement que le communiqué de la Présidence destine à d'autres fonctions. Et dans ce parti, désormais, tout peut arriver y compris le retour de Ouyahia, car en remettant Ouyahia aux commandes de ce parti, et s'il arrive à lui arracher le soutien pour la prochaine élection, Bouteflika écarterait, en même temps, en lui son rival le plus sérieux parce que le plus plausible. Si Bouteflika est candidat, il ne pourra ni ne devra être seul, car démocratie oblige, il faut qu'il y ait un choix pour les électeurs. Cependant, des imprévus comme le retrait, en dernière minute des concurrents ne devant plus se répéter, il est tout à fait entendu qu'il devrait y avoir quelques candidats qui sauront aller jusqu'au bout et garantir la face démocratique de la chose. Qui devraient être les autres candidats dans ce cas? Difficile de savoir dès à présent, mais on peut, d'ores et déjà, supposer quelques noms. Des candidatures probables Le premier que l'on verra bien dans ce rôle est Belkhadem. En effet, libéré de la direction du FLN et de ses postes de ministre d'Etat et de représentant personnel du président de la République, Belkhadem qui a toujours désiré se présenter à la candidature suprême du pays ne trouvera pas meilleure occasion. Bien entendu, il le fera en tant que candidat indépendant et non pas au nom du FLN, bien que même dans ce cas, il ne risque pas de poser problème au sein de ce parti. Le nombre de signatures à récolter ne devrait pas lui aussi poser problème dans son cas. C'est ainsi une occasion pour Belkhadem de voir enfin se réaliser le rêve d'avoir, ne serait-ce qu'une fois, postulé au poste tant convoité de président de la République. L'autre candidature qui nous semble probable est celle de Louisa Hanoune. En effet, rien ne l'empêche, elle non plus, de postuler à l'élection de 2014 comme elle l'a déjà fait par le passé, quand bien même elle sait que ses chances sont très limitées. Il devra y avoir au moins un élément de la mouvance islamiste et il pourra probablement s'agir de Mohamed Saïd. Ceci expliquerait bien sa sortie du ministère de la Communication. Nous ne pensons pas que le candidat de la mouvance islamiste sera du MSP, à cause du nombre important des militants de ce parti, qui si notre lecture est correcte, seront appelés à voter pour Bouteflika s'il est candidat. Entre-temps, le tapage que fait actuellement Makri autour de la désignation du nouveau gouvernement et la conférence de presse prévue pour mardi prochain pourraient n'être, en fait, que la mise au-devant du prétexte de sa non-participation à l'élection pour avoir la possibilité de reporter les voix de ses militants sur Bouteflika. Bien sûr, et à part ces candidatures, il y en a d'autres. Ainsi, Djaballah, s'il considère que les changements apportés par Bouteflika à certaines institutions pourraient participer du sérieux et de la transparence de l'élection, alors il pourrait bien être parmi les partants. A ceux-là, il faudrait aussi ajouter quelques noms habitués de cette même élection, comme Moussa Touati par exemple. Quant au FFS, et après le départ de Aït Ahmed, il est peut-être encore trop tôt pour la toute nouvelle direction collégiale de se décider pour une participation du parti aux échéances de 2014 et, dans ce cas, sur qui devraient être reportées les voix de leurs militants? Sur Bouteflika? Possible... Quant à Benbitour, ira-t-il ou n'ira-t-il pas? Si Bouteflika est candidat, et surtout avec les derniers aménagement apportés par le Président quant à certaines structures des institutions de l'Etat, il y a lieu de croire que l'ancien chef de gouvernement ne sera pas candidat. Tout comme Ouyahia, Benflis, Hamrouche ou Ghozali. Ainsi, le seul ancien chef de gouvernement qui a encore la possibilité de se retrouver sur la ligne de départ est bien Belkhadem. Mais le sera-t-il réellement? A suivre. «La réponse est oui, mais quelle est la question?» Chacun est libre dans un pays qui se dit démocratique, de voter pour qui il veut et de supporter le candidat qu'il estime le plus apte. Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Mais toutes les choses, dans ce monde, ont des règles et toutes ont un minimum au-dessous duquel il ne faut pas tomber et un maximum au-dessus duquel mieux vaut ne pas aller et ce, afin d'éviter, dans un cas, le ridicule et, dans l'autre, l'exagération et l'excès de zèle qui, même s'ils ne tuent pas, demeurent pour le moins mal vus dans notre culture comme dans celle de beaucoup d'autres pays de ce monde. Bouteflika a sans doute déjà pris sa décision quant à la présentation, oui ou non, de sa candidature pour un 4e mandat. Mais, pour des raisons qui le concernent, il ne veut pas encore l'annoncer. En principe, ceux qui soutiennent cette candidature, comme ceux qui soutiennent une autre, devraient attendre au moins que l'annonce soit faite pour le faire savoir et ce, afin de ne pas courir le risque de faire de fausses anticipations. Cela fait longtemps que certains chefs de parti ne cessent de rappeler, même lorsqu'on ne le leur demande pas, qu'ils soutiennent un 4e mandat de Bouteflika. Ils le font à tout bout de champ et à toutes les occasions. Avec la maladie du Président, ils ont cependant gardé le silence et maintenant, les voilà qui reprennent les mêmes déclarations. Si l'on comprend bien, ils soutiennent une candidature dont personne ne sait si elle va ou non être réelle. Ils répondent avant d'être interrogés. Et cela nous rappelle la fameuse réplique de Woody Allen dans laquelle il disait: «La réponse est oui, mais quelle est la question?» Oui, c'est exactement ce à quoi on assiste sur notre scène, notre pauvre scène politique nationale. Si Bouteflika n'est pas candidat, dans ce cas, toute la donne sera changée. Sellal, parce qu'étant chef du gouvernement est écarté d'office de la course. Restera alors, à savoir le candidat du consensus sur l'élection duquel voudra peser Bouteflika? Mais là, c'est déjà une autre histoire!