La Russie et les Etats-Unis pourraient ne pas traduire sous le même angle l'accord intervenu samedi à Genève sur les armes chimiques syriennes, selon l'influent député Alexei Pouchkov. La Russie et les Etats-Unis pourraient interpréter différemment l'accord sur le démantèlement des armes chimiques en Syrie conclu samedi à Genève par les chefs de la diplomatie des deux pays, a mis en garde hier un influent parlementaire russe. «La question principale qui se pose maintenant est de voir si le règlement syrien ne deviendra pas l'objet d'interprétations différentes voire opposées aux Etats-Unis et en Russie», comme c'était le cas dans le passé, a déclaré Alexeï Pouchkov, chef de la commission des affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe) à l'agence Interfax. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, ont conclu samedi à Genève un accord ambitieux sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien d'ici à la mi-2014, qui prévoit une résolution de l'ONU autorisant éventuellement le recours à la force en cas de manquement aux engagements du régime syrien. La Russie, a jusqu'à présent bloqué toutes les résolutions contraignantes occidentales sur la Syrie. M.Pouchkov a également estimé que cet accord était «un succès de la diplomatie russe». La Russie a provoqué le 9 septembre un coup de théâtre diplomatique avec sa proposition sur les armes chimiques syriennes. «Les Etats-Unis n'ont plus la possibilité de jouer le premier violon. On les a privés dans une certaine mesure de leur atout militaire», a souligné le parlementaire tout en ajoutant que les Etats-Unis pourrait revenir à leurs menaces militaires. Un avis partagé par l'analyste russe Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue «la Russie dans la politique mondiale». «Le président Barack Obama ne peux pas et ne va pas renoncer à ses menaces. S'il le faisait, il y aurait un risque que tout s'enlise», a déclaré M.Loukianov sur la radio Echo de Moscou. «La mise en oeuvre de ce plan comporte de nombreux risques et le fait qu'on évoque le chapitre 7 de la charte de l'ONU qui autorise le recours à la force (...) pourrait être interprété comme une base légale pour lancer une opération militaire», a souligné l'expert. «Il est trop tôt pour célébrer une victoire, la victoire est encore loin», a-t-il conclu.