Les rebelles syriens possèdent des missiles et du gaz sarin, a affirmé, hier à Damas, un haut responsable des services de sécurité, au lendemain de la publication d'un rapport de l'ONU après une attaque à l'arme chimique en Syrie. «Je démens à 100% avoir utilisé du gaz sarin pour la bonne raison que nous n'avions aucun intérêt à le faire, car nous étions en train de remporter des victoires sur le terrain», a affirmé ce responsable, sous couvert de l'anonymat, dans une première réaction syrienne au rapport. «En général ce sont les vaincus qui adoptent une telle attitude suicidaire. L'armée était, au contraire, dans une posture victorieuse», a-t-il ajouté. Selon lui, «les terroristes fabriquent localement des missiles sol-sol et ce qui est le plus probable c'est qu'ils les ont utilisés pour transporter cette matière», a-t-il dit en allusion au gaz sarin. Dans un rapport remis dimanche au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, les experts de l'organisation qui ont enquêté en Syrie, ont affirmé avoir trouvé des «preuves flagrantes et convaincantes» de l'utilisation de gaz sarin lors du massacre du 21 août près de Damas. «Des armes chimiques ont été utilisées sur une échelle relativement grande» au cours du conflit syrien «contre des civils, y compris des enfants», affirme le rapport qui précise que l'attaque qui a fait plus de 1400 morts, selon Washington, a été perpétrée à l'aide de «roquettes sol-sol contenant du gaz sarin». Le responsable syrien a également fait état de la découverte de laboratoires de fabrication de gaz sarin à Mossoul en Irak, près de la frontière syrienne, une région sunnite pro-rebelles. Il a évoqué par ailleurs l'arrestation il y a deux mois par les autorités turques de 11 jihadistes du Front al-Nosra en possession de gaz sarin, précisant qu'ils avaient été «libérés il y a deux jours». «Bien sûr que les rebelles savent placer du gaz sarin dans les ogives des missiles. Ils ont été entraînés par les services secrets américains, français et britanniques qui se trouvent à leurs côtés sur le terrain», a-t-il insisté. «Tout cela constitue des preuves sur la partie qui a utilisé cette matière», a affirmé le responsable. «A un moment historique précis, afin de parvenir à un équilibre stratégique avec l'ennemi sioniste, il y a eu une volonté de posséder ce type d'armes. Il s'agissait seulement de constituer une dissuasion face à l'ennemi sioniste qui possède un arsenal d'armes de destruction massive», a-t-il répondu, interrogé sur les raisons pour lesquelles l'armée possédait des armes chimiques. La Russie corrobore les affirmations du responsable syrien, Moscou qui estime avoir des «raisons sérieuses» de croire que l'attaque chimique du 21 août près de Damas était une «provocation», a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l'issue d'une rencontre avec son homologue français Laurent Fabius à Moscou. «Nous avons les raisons les plus sérieuses de penser que c'était une provocation», a-t-il dit.