Le 5 mai Israël a frappé la Syrie, à proximité de Damas. Cette attaque visait les missiles tactiques Fateh-110 fournis par l'Iran au Hezbollah libanais, a écrit le quotidien Izvestia d'hier. D'après le renseignement israélien, ils étaient stockés dans le dépôt militaire de Jamraya, au nord de la capitale syrienne. Les témoins rapportent que le feu consécutif aux explosions était visible à des dizaines de kilomètres. Selon la presse syrienne, le centre de recherche militaire du nord de Damas a été détruit. "Cette tentative vise à empêcher le Hezbollah de mettre la main sur les missiles Fateh-110, munis d'une ogive de 500 kg adaptés pour tirer sur les navires, estime l'expert militaire israélien Uzi Rubin. Leur précision est 5 fois supérieure aux missiles Scud généralement utilisés par les rebelles". Actuellement, le Hezbollah cherche à empêcher l'invasion des rebelles et des armes du Liban au profit de l'opposition armée syrienne. "Les Israéliens ont attaqué le territoire syrien par crainte d'un renforcement du Hezbollah et d'une agression contre leur territoire, y compris au moyen de l'arme chimique, déclare Mahmoud al-Hamza du Conseil national syrien de l'opposition. Le président Bachar al-Assad reste silencieux alors que Damas s'est préparé pendant 40 ans à une guerre avec son voisin. Autrement dit, il n'a plus de forces pour contrer une agression extérieure". Selon Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient, les militaires israéliens mobilisent les systèmes antimissiles "Dôme de fer" près de la frontière nord et rappellent les réservistes. "L'attaque contre la Syrie peut être interprétée comme une phase préliminaire avant une attaque contre l'Iran, déclare Evgueni Satanovski. Le Hezbollah est financé par Téhéran, et Tel-Aviv laisse entendre qu'il est prêt à riposter aux préparations militaires de l'Iran. L'élection présidentielle se tiendra en Iran le 14 juin. Avant cette date, il ne faut pas s'attendre à des actions décisives de la part d'Israël, mais à partir de juillet on pourrait assister à une opération militaire, estime l'expert. Depuis le début de l'année, Israël a commis trois attaques contre la Syrie. La première date de janvier - également contre Jamraya où se trouvaient des missiles sol-air SA-17. Deux personnes avaient été tuées. La seconde frappe avait été perpétrée il y a trois jours et visait, comme le 5 mai, les missiles Fateh-110. Israël n'a pas visé d'armes iraniennes en Syrie Le chef de l'armée iranienne a démenti, hier, la présence d'armes iraniennes sur les sites visés par Israël en Syrie, tandis que le ministre de la Défense a menacé Israël d'événements graves sans préciser lesquels, a rapporté le site des Gardiens de la révolution. Le général Massoud Jazayeri, l'adjoint du chef d'état-major des forces armées, a rejeté la propagande des médias occidentaux et israéliens affirmant que des entrepôts d'armes iraniennes aient été la cible de la série de raids menée récemment par l'aviation israélienne, selon Sepahnews.com, site de l'armée d'élite du régime islamique. Le gouvernement syrien n'a pas besoin d'armements iraniens et ce genre d'informations font partie de la guerre de propagande et psychologique contre la Syrie, a-t-il ajouté, faisant référence aux déclarations d'un responsable israélien qui avait assuré que le raid visait des missiles iraniens destinés au Hezbollah. De son côté, le ministre iranien de la Défense, le général Ahmad Vahidi, a demandé à la communauté internationale d'empêcher Israël de mener ce genre d'attaques sinon des événements graves se produiront dans la région et les Etats-Unis et le régime sioniste n'en seront pas les gagnants, a-t-il prévenu, sans plus élaborer. Ban Ki-moon et Nabil el-Arabi condamnent les raids d'Israël Ban Ki-moon et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil el-Arabi se sont entretenus la veille par téléphone pour échanger des vues sur les attaques aériennes israéliennes en Syrie, a annoncé le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Martin Nesirky. "Les deux hommes se sont dits préoccupés par les raids israéliens près de Damas, ce qui risque d'aggraver la sécurité régionale. Ils se sont mis d'accord de poursuivre les discussions la semaine prochaine en marge de la conférence internationale sur la Somalie à Londres", a précisé M.Nesirky. M. Ban "appelle toutes les parties à faire preuve du maximum de calme et à agir de manière responsable pour éviter une escalade du conflit". Il insiste aussi sur le respect de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale de tous les pays de la région.
Armes chimiques : Les rebelles dans le collimateur de l'ONU Les enquêteurs de l'ONU ont recueilli des preuves éventuelles d'utilisation de gaz sarin par l'opposition syrienne, a déclaré Carla Del Ponte, qui appartient à la commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les violences en Syrie. "Il existe des suspicions fortes et concrètes, mais pas encore de preuve incontestable, de l'emploi de gaz sarin, sur la base de la manière dont les victimes ont été soignées", a déclaré la magistrate suisse. Et de préciser que "le gaz aurait été utilisé par les rebelles et non par les forces gouvernementales". Les autorités syriennes et l'opposition s'accusent mutuellement d'avoir employé des armes chimiques. Auparavant, le ministre de l'Information syrien Omran al-Zoubi a déclaré que "les groupes radicaux en Syrie ont déjà eu recours à des armes chimiques, tandis que les autorités syriennes n'en auraient jamais utilisées, quand bien même elles en auraient eu en leur possession." Au moins 15 soldats syriens ont été tués et le sort de dizaines d'autres est inconnu après le raid israélien mené contre trois positions militaires au nord de Damas, a rapporté une ONG. Ces trois sites comptent 150 hommes mais on ignore si tous s'y trouvaient lors du raid, a expliqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les autorités syriennes n'ont pas donné jusqu'à présent de bilan officiel, mais les Affaires étrangères dans une lettre dimanche à l'ONU avaient affirmé que cette agression avait causé des morts et des blessés et des destructions graves dans ces positions et dans des régions civiles proches.