Abdelmalek Sellal, Premier ministre, présidera la délégation algérienne La cérémonie officielle d'investiture du nouveau président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, prévue aujourd'hui à Bamako, sera un véritable test pour l'Algérie qui doit faire face à la forte présence de la France et du Maroc. Le Président Bouteflika a désigné le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour le représenter à la cérémonie officielle d'investiture du nouveau président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, prévue aujourd'hui à Bamako. Le Premier ministre sera accompagné notamment du nouveau ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelmadjid Bouguerra. Le Premier ministre aura des discussions avec les autorités maliennes en vue de renforcer les liens entre les deux pays en dynamisant davantage la coopération bilatérale dans tous les domaines d'intérêt commun. Au-delà du cachet protocolaire de cette visite, le déplacement du Premier ministre à Bamako aura une forte dimension politique et économique. L'Algérie de par sa position géopolitique dans la région, aura un rôle prépondérant dans le développement du Mali et la visite du Premier ministre Sellal visera surtout à relancer cette coopération entre les deux pays et à renforcer leurs liens historiques très anciens. Il faut dire aussi qu'entre l'Algérie et le Mali, il y a une longue histoire commune. Le Mali qui est l'un des premiers pays africains à accéder à son indépendance en 1960, avait soutenu dès le début, la Révolution algérienne et son Gouvernement provisoire. De plus, les différents présidents du Mali qui se sont succédé, aussi bien Modibo Keïta, Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré ou encore Alpha Oumar Konaré, entretenaient des relations très étroites avec les dirigeants algériens. La dernière rencontre de haut niveau entre le Mali et l'Algérie a eu lieu lors de la visite à Alger du Premier ministre Diango Cissoko en janvier 2012. La venue de Sellal à Bamako, (porteur d'un message du Président Bouteflika), avec dans ses bagages le nouveau chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, (considéré comme le meilleur spécialiste de la diplomatie en Afrique), vise notamment à présenter son aide et assistance à un pays frère et frontalier en totale reconstruction politique et économique. La venue en force d'un groupe important du gouvernement algérien à cette simple cérémonie protocolaire, à Bamako, à laquelle aurait pu participer seulement le président du Conseil de la Nation M.Abdelakder Bensalah, (numéro deux de l'Etat selon le protocole), est une manière de marquer sa présence aux Français considérés comme les libérateurs du Mali du «colonisateur terroriste». Une preuve inéluctable de la volonté de l'Algérie de participer à la reconstruction du Mali après une période de troubles marquée par une présence des groupes armés sur son territoire Nord. L'Algérie qui a suivi avec un grand intérêt l'élection présidentielle malienne, (envoyant même des reporters de la Télévision nationale pour couvrir le scrutin) veut donc une participation active à l'installation du nouveau président élu du Mali: Ibrahim Boubacar Keïta L'Algérie a toujours été solidaire avec le Mali dans le règlement de sa crise politique et sécuritaire. Refusant d'intervenir militairement, l'Algérie qui a toujours défendu la souveraineté des frontières des pays, a, à plusieurs reprises, envoyé des aides et un soutien militaire au Mali. Le 5 février dernier, l'Algérie avait accordé une aide financière de 10 millions de dollars et des équipements militaires au Mali. Cette somme s'est ajoutée à l'enveloppe de 50 millions de dollars accordée au Mali en application de la décision du dernier sommet de l'Union africaine (UA). De par sa proximité géographique, l'Algérie partage avec le Mali une frontière de plus de 1 000 km, les deux pays partagent aussi une communauté: les Touareg. Ce qui conforte et renforce culturellement les relations politiques et historiques entre les deux pays. Depuis la révolution arabe et la guerre au Mali, l'Algérie de par sa situation économique, politique et sécuritaire stable, est devenue un acteur incontournable dans la région du Sahel. Les récentes rencontres des leaders des formations politiques tunisiennes avec le Président Bouteflika à Alger et la rencontre du Premier ministre libyen Ali Zidan avec Sellal le 11 novembre dernier, ont démontré que l'Algérie, est considérée par la Tunisie et la Libye comme la grande soeur pour le règlement de la crise politique et sécuritaire dans la région. Cette situation s'applique aussi pour le Mali, pays frontalier et frère. En outre, sur le plan militaire, l'Algérie a démontré à travers sa réponse «forte» et «rapide» dans le règlement de la crise des otages à Tiguentourine, qu'elle possédait une armée puissante et professionnelle capable de faire face aux groupes armés quel que soit leur arsenal militaire. Une position politique régionale que l'Algérie compte faire valoir lors de la visite de Sellal à Bamako et cette place importante de l'Algérie n'a jamais changé puisque les responsables maliens ont toujours tari d'éloges sur l'Algérie. A ce propos, le nouveau ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ould Sidi Mohamed Zahabi, a déclaré hier à Bamako que l'Algérie a toujours soutenu et aidé le Mali dans les moments difficiles, notamment dans le Nord du Mali où elle a, par le passé, joué un grand rôle dans la médiation. Le ministre malien a indiqué que «l'Algérie et le Mali sont deux pays frères, dont les relations sont excellentes». Qualifiant la coopération algéro-malienne de «vitale», il a relevé que «les deux pays ont des problèmes communs, notamment le phénomène du terrorisme et vont travailler ensemble pour pouvoir neutraliser les groupes terroristes qui, en réalité, tentent de déstabiliser les deux pays». Le chef de la diplomatie malienne a fait savoir que l'Algérie et le Mali travaillaient aussi à l'accélération des projets structurants comme celui de la transsaharienne qui relie Bordj Badji-Mokhtar (Algérie) à Gao (Mali), «une route qui pourra contribuer à résoudre la crise dans le nord du Mali».