«Nous construisons en pensant algérien, au profit des générations futures.» L'Expression: Vous êtes en votre qualité de premier responsable du GIC - Groupement d'intérêt commun - l'organisateur du 3e Salon méditerranéen de l'immobilier où nous remarquons l'absence de l'Opgi Chlef. Une wilaya qui a pourtant connu le séisme de 1980 et dont l'apport peut être précieux dans pareille manifestation sous le thème «du contrôle technique et de la construction parasismique» . Pourquoi cette absence? M.Mohamed Selkim: Je crois que les raisons de cette absence ne peuvent être données que par les responsables de l'Opgi Chlef. Pour ma part, je ne peux assumer ce qui ne relève pas de ma compétence, ne dit-on pas que les absents ont toujours tort? Toutefois il faut savoir que nous avons hésité au départ quant à l'organisation de cette troisième édition du Salon méditerranéen de l'immobilier, sur le plan du timing du moins. Nous avons dû cafouiller quelque peu, je l'avoue, dans son aménagement temporel. D'autant que nombre d'opérateurs ne s'attendaient pas à le voir ériger à la présente date. Ce qui explique, à mon avis, l'absence de certains opérateurs lesquels ont pourtant participé à de précédentes manifestations. Ces derniers peuvent, bien entendu, avoir leurs propres raisons que j'ignore. D'autant que nous n'avons aucun contentieux de quelque ordre que ce soit. En tant que manager en chef de l'Eplf, vous avez vécu en première ligne le séisme du 21 mai dernier qui a été un sérieux coup porté au moral de chaque Algérien. Comment êtes-vous parvenu à relativiser la critique et à surmonter le douloureux impact de cet événement? On ne peut parler d'échec face à un événement naturel majeur. Notre mission est de construire et de mener à bien des opérations immobilières. Là s'arrête notre mission. Relativiser est effectivement bien à propos. Et les dégâts recensés à notre niveau traduisent toute la relativité des choses; déjà par rapport à notre programme qui est de l'ordre de 9000 logements, seuls 138 logements ont été endommagés. Vous observez donc l'infime impact du tremblement de terre sur nos immeubles. Relatif, somme toute, n'est-ce pas? Alors qu'à l'échelle de la wilaya, les estimations sont encore plus éloquentes par leur insignifiance. Nous ne pouvons donc que relativiser les choses, face à un séisme d'une violence aussi rare, imprévisible et très atypique qui plus est. D'autant que nos normes de construction n'ont jusque-là tenu compte que des paramètres propres à la zone II. Et toutes nos structures ont été conçues pour répondre efficacement à des secousses calculées pour pareille zone. C'est-à-dire à des secousses de moyenne intensité. Or, le séisme qui nous a frappé de plein fouet était exceptionnel. Un atypisme sismique qui a fait que nombre de nos bâtisses se soient écroulées. Nombre d'entre elles ont soit été mal dirigées au départ soit mal contrôlées et ont subi par la suite l'effet incommensurable de l'onde sismique dévastatrice. Une onde qui a réussi à ébranler tout ce qui se trouvait dans sa trajectoire. A titre d'exemple, même les silos de Corso conçus pour résister à des secousses de loin plus importantes - de 7 à 8 sur l'échelle de Richter - au même titre que tous les équipements vitaux à l'instar des centrales électriques, des barrages ou des ponts, ont montré des fissures et des cisaillements à leurs bases. Des silos pourtant enfouis sur pieux à plus de 67 m sous terre et conçus pour faire face aux pires sinistres. Ils se trouvent maintenant sérieusement endommagés et probablement appelés à être terrassés. Encore une preuve supplémentaire du caractère extraordinaire de l'événement géologique. Relativiser c'est aussi rappeler que nos constructions ont bien résisté au choc sismique, ce qui ne veut nullement dire que nous avons été bons et que ceux qui ont subi des dégâts ont été mauvais. Mais tout simplement que nous avons pu quelque part bénéficier de plus de temps, de moyens et pourquoi pas de chance. Toujours est-il que le séisme fut extrêmement ravageur et que malheureusement nombre d'édifices n'y ont pas résisté. Quels enseignements tirez-vous? Il est impératif désormais d'engager des contrôles de qualité en amont et en aval à chaque ouverture de chantier. C'est-à-dire scrupuleusement vérifier la nature de chaque matériau de construction: agrégats, ciment, eau, ciment, acier. Au même titre que tout autre élément entrant directement ou indirectement dans l'acte de bâtir. A commencer par s'assurer que les études techniques qui doivent tenir compte de la zone convoitée et pour laquelle des normes de construction particulières doivent répondre. Et ensuite s'assurer du bon suivi de toute construction entamée. En un mot, un contrôle rigoureux à tous les niveaux s'impose. Il doit se démarquer de toutes les pratiques obsolètes de naguère. Il faut en finir avec les carottages prélevés à la hâte et que suivent précipitamment les premiers coups de pioche. Que les contrôles béton et ciment se fassent avec le maximum de rationalité. Comme il devient urgent de veiller à ce qu'il y ait une occupation civilisée et adéquate des logements ; n'a-t-on pas vu de ces citoyens qui s'adonnent à des aménagements fantaisistes de leur intérieur au mépris de la sécurité de leurs biens et de la leur. Des aménagements souvent opérés de leur propre chef et sans aucune consultation préalable des spécialistes. Quitte à mettre en péril l'intégrité de tout un bâtiment. Dorénavant, et c'est là un fruit des enseignements tirés, nous sévirons contre tout contrevenant à l'architecture initiale sans tenir compte de considération irrationnelle liée au «social» ou autres. Car tout le monde sera soumis à la loi et à la réglementation quel que soit son statut. Il y va de la sécurité de tous. C'est cela la discipline dans la construction et l'occupation des logements. Justement vous ne manquez pas de relever dans l'organisation des obsolescences qui génèrent des confusions dans la désignation des responsabilités et une dilution de la responsabilité et des confusions dans les missions de chacun. Quelles sont les propositions de M.Selkim, P-DG de l'Eplf? Nous avons commencé par éditer le guide de la maîtrise d'ouvrage ; un guide qui définit les missions et les responsabilités de chaque intervenant dans l'acte de bâtir. Il est vrai que nous n'avons pas, par le passé, suffisamment pris en charge le maître d'ouvrage. Je m'explique: le bureau d'études est rémunéré pour sa maîtrise d'oeuvre alors que l'entreprise est rémunérée pour sa réalisation. Tandis que le contrôleur technique l'est pour son contrôle et le chargé des études de sol pour son examen de la nature du terrain à construire. Au moment où, aberration, le maître d'ouvrage n'est pas rémunéré en retour. Et nous n'avons pas jusqu'à maintenant pu distinguer un maître d'ouvrage d'un promoteur immobilier. Alors que la différence entre les deux est de taille. La promotion immobilière étant une activité commerciale, ce qui peut être engagé par le commun des mortels, et où il suffit d'avoir une assiette foncière et de l'argent. Contrairement à la maîtrise d'ouvrage qui est avant tout une fonction technique. A travers notre guide, nous essayons de faire passer des messages dont le principal est celui d'instaurer dans nos universités, instituts et centres de formation professionnelle, un module exclusivement réservé à la maîtrise d'ouvrage. Car il est impératif qu'un tel module fasse partie intégrante de l'enseignement de l'architecture, et que doit prendre en charge la nouvelle génération qui aura à gérer, plus que jamais, la fonction technique dans toute sa dimension. Ce salon intègre comme thème majeur, en plus de celui essentiel de la sécurité du bâti, celui économique, à travers le slogan fort significatif : «un logement pour tous». Qui peut aujourd'hui prétendre à un logement Eplf, notamment par le biais des fonds incitatifs consentis par l'Etat? Tous ceux qui ont un revenu. Il faut savoir que les postulants à nos logements ne sont pas, contrairement à ce que l'on peut croire, tous riches. Il n'y a pas que des nantis, bien au contraire. Il suffit seulement de prendre connaissance de nos opérations à travers le territoire national et il sera alors aisé de constater que nos logements ne sont pas uniquement habités par des privilégiés mais également par des fonctionnaires et de simples travailleurs et des chefs de famille à revenu moyen. Bien qu'à première vue, nos produits ne paraissent accessibles qu'à une catégorie aisée de citoyens. Or, cela est tout à fait faux. Vu qu'il existe différentes catégories de logements du moyen standing à l'économique. Quel bilan faites-vous de ce salon et quelle est votre vision future quant au devenir de l'Eplf? Pour une première journée il est difficile de rendre compte de l'affluence à ce salon, sinon que l'engouement populaire y est certain. Nous y entrevoyons également une dynamique d'échange d'idées et de relations de partenariat qui commencent à prendre forme, ce qui est en soi très positif dans la mesure où à chaque édition, nous parvenons à mettre sur pied de fructueuses relations d'affaires, et nous avons même réussi la prouesse de marier des hommes et des femmes! C'est dire... Vous laissez transparaître une attitude très optimiste quant à l'avenir de la construction et du bâtiment en Algérie. Que motive tant d'optimisme? Enormément d'actions viennent d'être engagées et qui me permettent en toute objectivité de dire qu'il existe un optimisme certain et de bon aloi à l'Eplf et chez les professionnels du bâtiment en général. Déjà prendre conscience de la responsabilité dans l'acte de construire est en soi une forme d'optimisme éclairé. Prendre uniquement conscience de ce qu'est une gestion sereine d'infrastructure signifie tout simplement que nous ne pouvons qu'être meilleurs. Même par le passé, nous avons quelque peu occulté quelques détails, ce qui était, dans la majorité des cas, dû à des facteurs exogènes. Puisque nous avons nous-mêmes subi les aléas de l'environnement et de tout un contexte et une conjoncture particuliers, qui laissent place aujourd'hui à un climat fort favorable. Ce qui est palpable, à n'en pas douter, à travers tous les stands de ce salon. C'est là un saut qualitatif inédit. L'on se soucie à présent des cuisines équipées, des revêtements en carreaux, de l'utilisation de nouveaux procédés et de nouveaux matériaux de construction de facture meilleure, modernes et adaptés aux normes les plus actuelles. Des normes de qualité devenues incontournables pour tout responsable. En ce qui nous concerne, nous venons d'introduire la charte qualité dans la gestion de chacune de nos entreprises. Autrement dit, des procédés appelés à normaliser tous nos actes de construction. Ce qui permettra de circonscrire les responsabilités de chacun et à tous les niveaux.