Le Nord et le Sud se sont unifiés en 1990, et une tentative de sécession sudiste a été écrasée dans le sang par les troupes nordistes en 1994. La conclusion du dialogue national au Yémen, cruciale pour la poursuite du processus de transition politique, butait hier sur la question de l'autonomie du Sud, selon des responsables. Les partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh bloquent un projet d'accord sur un Etat fédéral formé de deux entités, le Nord et le Sud, a déclaré Ahmed Awad Ben Moubarak, porte-parole de la conférence de dialogue national. Les deux délégués du Congrès populaire général (CPG, ancien parti présidentiel) se sont retirés d'un comité qui avait élaboré lundi un projet d'accord préconisant l'instauration d'un Etat fédéral, a précisé le porte-parole. Le chef de la diplomatie yéménite et membre dirigeant du CPG, Abou Bakr Al-Kirbi, a indiqué que la question de l'unité du Yémen était une ligne rouge pour son parti, et qu'il refusait un Etat fédéral formé de deux entités, une réminiscence de l'ancienne division du Yémen entre nord et sud. Le Nord et le Sud se sont unifiés en 1990, et une tentative de sécession sudiste a été écrasée dans le sang par les troupes nordistes en 1994. Depuis, les Sudistes se plaignent de discrimination, et sont divisés entre une tendance dure réclamant l'indépendance et une tendance modérée participant au dialogue à Sanaa. M. Kirbi a ajouté que son parti avait élaboré ́ ́une contre-proposition ́ ́ portant sur un Etat constitué de plusieurs entités. Le CPG est toujours dirigé par M.Saleh, qui avait quitté le pouvoir sous la pression de la rue. Ses détracteurs l'accusent de vouloir saboter le processus de transition. «Il y a un conflit entre des forces du passé qui veulent préserver leurs intérêts, et des forces qui veulent un nouveau système politique», a dit le porte-parole, dans une allusion au CPG. La conférence, qui aurait dû s'achever hier, est une étape clé du processus de transition pacifique, qui doit en principe déboucher sur l'élaboration d'une Constitution sur la base de laquelle des élections générales sont prévues en février 2014. Le Yémen est le seul des pays du Printemps arabe où un soulèvement populaire s'est terminé par une solution négociée, et l'ONU qui a supervisé ce règlement est activement impliquée dans son application. «Toute tentative de tergiverser ou d'entraver le dialogue est vouée à l'échec», a déclaré l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Jamal Benomar, appelant «toutes les parties à régler leurs divergences par le dialogue». Il a exprimé l'espoir que les travaux de la conférence du dialogue national s'achèvent avant le 27 septembre, date à laquelle il doit présenter son rapport périodique, «afin que je puisse annoncer au Conseil de sécurité des développements positifs concernant cette expérience de dialogue unique dans la région arabe». M.Benomar a rappelé que le Conseil de sécurité avait déjà nommément désigné en février dernier les parties entravant la transition, comme étant l'ancien président Saleh et le dirigeant de la faction dure des Sudistes, Ali Salem Al Baïd. Les indépendantistes sudistes ont d'ailleurs appelé mercredi après-midi à un rassemblement à Aden, principale ville du sud, pour faire entendre leurs revendications. «Non au dialogue, notre revendication est l'indépendance», proclamaient des graffitis peints sur les murs du lieu du rassemblement où des protestataires ont brandi le drapeau de l'ex-Yémen du sud. Un policier a été tué par des inconnus armés dans la ville où la situation était tendue, les forces de sécurité ayant déployé des renforts et dressé des barrages routiers pour tenter d'empêcher la tenue du rassemblement du Mouvement sudiste.