Le premier à lancer l'idée de produire un film sur l'Emir Abdelkader a été le président Houari Boumediene De Boumediene à Bouteflika, en passant par Chadli, tous les présidents algériens ont souhaité lancer une superproduction sur la plus célèbre figure de la résistance algérienne avant la guerre de Libération en 1954: l'Emir Abdelkader. Une conférence de presse sera organisée aujourd'hui sur le projet de réalisation d'un film sur l'Emir Abdelkader. Un projet qui a été porté et soutenu par plusieurs hauts responsables algériens depuis l'indépendance. De Boumediene à Bouteflika, en passant par Chadli, tous les présidents algériens ont souhaité lancer une superproduction sur la plus célèbre figure de la résistance algérienne avant la guerre de Libération en 1954. Le premier à lancer l'idée de produire un film sur l'Emir Abdelkader a été le président Houari Boumediene et cela à l'occasion de la projection à la salle Harcha du film Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina, qui avait fait la fierté de l'Algérie en décrochant la Palme d'or à Cannes. La première et la seule récompense du cinéma arabe et africain. Très enchanté et séduit par le succès du film de Lakhdar Hamina, Boumediene qui était un grand cinéphile avait demandé à ce dernier de se lancer dans la préparation du film épique sur la figure de l'Emir Abdelkader. Le réalisateur algérien aurait contacté à l'époque Jean-Claude Carrière, un scénariste français de renom qu'il avait rencontré à Cannes et qui signa le scénario du film le Tambour de Volker Schlöndorff, adapté du roman éponyme de Günter Grass paru en 1959. Lakhdar Hamina et Carrière devaient travailler sur une première mouture pour la soumettre au président Boumediene. Mais après la mort de ce dernier, le 27 décembre 1978, le projet a été mis en veille. Le président Chadli, qui était moins intéressé au thème historique que Boumediene avait, de son côté, souhaité faire des projets cinématographiques sur les trois importantes figures de la résistance algérienne. Un homme sera derrière l'écriture de ses projets, le ministre de l'Information de l'époque, Boualem Bessaïeh. Il faut dire que cet ancien professeur de lettres et docteur ès lettres et sciences humaines, de formation bilingue, devenu auteur de grandes oeuvres historiques, avait le profil pour rédiger des portraits sur les figures de la résistance algérienne. Ses fonctions d'ambassadeur dans plusieurs capitales occidentales et orientales comme Berne, le Vatican, Le Caire et Koweït City, vont créer en lui une envie de produire des films sur les grandes figures de la résistance algérienne: l'Emir Abdelkader, Mokrani et Bouamama. Mais au lieu de commencer cette trilogie par un grand film sur l'Emir Abdelkader, c'est par le Cheikh Bouamama que Bessaïeh a voulu entamer ses projets cinématographiques. Un choix étonnant surtout que les Algériens, principalement les étudiants, les chercheurs et les médias accordaient peu d'importance à cette figure historique de la résistance entre 1881 à 1908. Les révoltes les plus connues dans les ouvrages d'histoire sont celles menées par Cheikh El Mokrani, son frère Boumezrag El Mokrani et le cheikh El Haddad, chef de la confrérie des Rahmaniya en 1871 et surtout celle de l'Emir Abdelkader qui avait résisté à l'occupant français de 1832 à 1847. L'image de l'Emir Abdelkader est présente partout dans le quotidien algérien: sur les billets de la monnaie nationale et surtout sur la principale place de la capitale qui porte son nom et où une imposante statue le représente sur une hauteur de plusieurs mètres. L'Emir Abdelkader, comme Napoléon chez les Français, était également une figure très présente sur l'espace culturel. Une fresque peinte par l'artiste Hocine Ziani, garnit d'ailleurs le Palais d'El Mouradia. L'autre étonnante décision de Bessaïeh, c'est le choix du réalisateur pour la mise en scène du film de Bouamama. Alors qu'on attendait Lakhdar Hamina ou Ahmed Rachedi, qui étaient déjà considérés dans les années 1980 comme des réalisateurs expérimentés, le scénariste a porté son choix sur le réalisateur Benamar Bakhti. Bessaïeh a même associé Bakhti dans l'écriture des dialogues du film. De plus, Bessaïeh n'a pas choisi l'Oncic, la puissante entreprise cinématographique nationale pour produire le film. Son choix s'est porté sur la télévision algérienne: la RTA, qui était sous sa tutelle en tant que ministre de l'Information. Boualem Bessaieh voulait ainsi avoir le contrôle total sur cette production. La télévision algérienne qui avait acquis une expérience professionnelle dans la production des films à l'international comme Nahla de Farouk Beloufa, a pris à bras-le-corps donc la production du film sur l'épopée de Bouamama. Alors que certains attendaient un fiasco de cette production, le film a été réussi sur le plan technique, historique et surtout médiatique et artistique. La RTA qui produisait généralement des téléfilms en 16 mm a investi dans cette superproduction en filmant cette oeuvre comme une superproduction cinématographique en 35 mm. De plus, c'était un challenge technique, puisque pour sa première production historique, les responsables algériens ont choisi de faire confiance aux techniciens locaux. 95% des postes techniques étaient dirigés par les Algériens, même la musique. Seules les cascades ont été confiées à une équipe étrangère de cascadeurs conduite par le Français Yves Chiffre. Ce dernier était déjà connu pour avoir réglé les cascades dans plusieurs films algériens comme L'Opium et le Bâton, les Hors-la-loi de Tewfik Farès ou encore Z de Costa Gavras. Ce dernier était accompagné par 10 cascadeurs espagnols et italiens. Il étaient chargés avec leurs chevaux de chorégraphier les chutes dans les batailles. Yves Chiffre avait formé 10 cascadeurs algériens qui malheureusement n'ont jamais été exploités ensuite. Mais cette production a démontré le talent des techniciens algériens comme El Hachemi Lyliane et Aïcha Ben Bouali qui avaient confectionné les beaux costumes des militaires français et algériens, ou encore l'excellente photo de Youcef Sahraoui. Le film de l'épopée de Bouamama a surtout fait découvrir un comédien de talent Athmane Ariouet, car la grande crainte c'était de trouver un comédien capable de jouer le rôle charismatique d'un chef à la fois militaire et religieux. Pari gagné donc pour Bessaïeh, qui a réussi ainsi son premier baroud d'honneur, lui qui n'avait jamais écrit pour le cinéma. Cette aventure cinématographique a démontré aussi que les Algériens étaient capables de réaliser des films historiques sans demander l'apport des Egyptiens ou des Français. (A l'époque les Syriens n'avaient pas encore démontré leurs capacités à faire des films historiques). Fort de ce succès, Bessaïeh et même Benamar Bakhti se sont donc préparés à l'idée de faire une autre fresque historique sur une figure importante de la résistance algérienne: l'Emir Abdelkader... (A suivre)