Les suites de la destitution de Mohamed Morsi sont terribles pour les Frères musulmans égyptiens Le jugement rendu hier par un tribunal du Caire réuni en urgence est le dernier épisode de la série de mesures prises par les autorités mises en place par l'armée pour remplacer le président islamiste Mohamed Morsi. La justice égyptienne a interdit hier les activités des Frères musulmans et confisqué leurs biens, nouveau signe de la volonté des autorités d'éradiquer l'influente confrérie de la scène politique après l'éviction par l'armée du président issu de ses rangs. Le jugement rendu hier par un tribunal du Caire réuni en urgence est le dernier épisode de la série de mesures prises par les autorités mises en place par l'armée pour remplacer le président islamiste Mohamed Morsi, destitué et arrêté par les militaires le 3 juillet. Il y a une semaine, un tribunal gelait les avoirs des principaux dirigeants de l'organisation vieille de 85 ans, dont la plupart sont derrière les barreaux et actuellement jugés pour «incitation au meurtre» ou «meurtre» de manifestants anti-Morsi. L'implacable répression visant les Frères musulmans et les partisans de M.Morsi avait auparavant connu son paroxysme le 14 août, lorsque l'armée et la police avaient détruit deux campements où des milliers d'islamistes réclamaient le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays. Dans ces violences et durant la semaine qui a suivi, plus d'un millier de personnes ont péri, en grande majorité des manifestants pro-Morsi. Dans le même temps, plus de 2.000 membres des Frères musulmans ont été arrêtés. L'interdiction des «activités» prononcée hier s'applique à la confrérie - qui n'a aucune existence juridique - ainsi qu'à l'Association des Frères musulmans, une ONG créée sous la présidence Morsi et accusée de servir de façade aux Frères. Elle concerne aussi «toute organisation qui en émane ou est financée par eux». Parmi ces organisations satellites figure notamment le parti de la Liberté et de la Justice, bras politique des Frères musulmans, qui pourrait être interdit après avoir confortablement remporté les premières législatives libres fin 2011, quelques mois après la chute de Hosni Moubarak, emporté par une révolte populaire dans le tumulte du Printemps arabe. La création de ce parti avait été le signe de la sortie de la clandestinité de la confrérie née en 1928 et depuis lors interdite mais tolérée entre des épisodes de violente répression. Elle pourrait désormais faire un retour complet à cette clandestinité qui a fait sa force durant des décennies. L'Alliance contre le coup d'Etat, l'organisation pro-Morsi qui anime la contestation contre les nouvelles autorités et appelle régulièrement à manifester pour son retour au pouvoir pourrait également être visée par la justice. Le jugement rendu hier peut faire l'objet d'un appel et une source judiciaire a affirmé qu'un comité gouvernemental serait mis sur pied pour organiser la saisie des avoirs de la confrérie, notamment ses biens immobiliers, dont ses nombreux sièges à travers le pays. Fin juin, des manifestations monstres avaient visé M. Morsi et la confrérie, à qui nombre d'Egyptiens reprochaient d'avoir «islamisé» la Constitution, accaparé tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et achevé de ruiner une économie déjà exsangue. S'appuyant sur cette mobilisation, le chef de la toute-puissante armée, Abdel Fattah el-Sissi, a annoncé le 3 juillet à la télévision la destitution de M. Morsi, toujours détenu au secret. L'armée conserve toujours la haute main sur les affaires du pays où elle assure mener une «bataille contre le terrorisme» dont elle accuse les pro-Morsi d'être responsables. Face à ces violences, en hausse dans le Sinaï, péninsule de longue date instable, et qui ont récemment gagné le Caire avec un attentat le 5 septembre contre le ministre de l'Intérieur, l'état d'urgence - devenu la norme durant la présidence Moubarak et dont la levée avait été un des acquis du Printemps arabe - a été prolongé jusqu'à mi-novembre. Le couvre-feu nocturne en vigueur dans la moitié des provinces du pays a également été prolongé.