Verdict n Un tribunal militaire égyptien a condamné hier, mardi, pour la première fois depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, un membre des Frères musulmans à la perpétuité. Cinquante et un (51) autres ont été condamnés à des peines de prison pour l'agression de militaires à Suez dont trois à 15 années de prison, tandis que 48 autres ont écopé de peines allant de cinq à dix ans, au terme de trois audiences d'un procès militaire entamé le 24 août dernier. Les condamnations prononcées concernent des violences s'étant produites après la dispersion des partisans de Mohamed Morsi au Caire le 14 août.Une journée qui a enregistré des centaines de tués. Les islamistes jugés étaient accusés d'avoir tiré à la chevrotine et jeté des pierres sur les soldats. Dans un premier temps, des sources au sein de la justice militaire avaient annoncé la condamnation de 11 islamistes à la réclusion à perpétuité avant de revenir sur ce chiffre. Cette décision intervient deux mois jour pour jour après l'arrestation le 3 juillet par l'armée de M. Morsi et alors que huit islamistes ont été tués hier, mardi, dans des frappes militaires aériennes dans le Nord-Sinaï, où des groupes radicaux ont multiplié ces dernières semaines les attaques contre les forces de l'ordre. Selon des responsables de la sécurité, il s'agit de l'opération aérienne «la plus importante de ce type dans le Sinaï». Face à ces jugements, les partisans de M. Morsi avaient appelé à manifester hier, mardi, pour dénoncer ce qu'ils appellent le «coup d'Etat». En prévision de ces rassemblements, des blindés de l'armée et de la police étaient déployés aux abords de deux places emblématiques de la capitale: Tahrir, épicentre de la révolte de 2011 qui avait renversé Hosni Moubarak, et Rabaa al-Adawiya, théâtre le 14 août de la dispersion des pro-Morsi. Mais une nouvelle fois, les islamistes ne sont parvenus à mobiliser que de modestes cortèges. Plus de 1 000 personnes, en majorité des pro-Morsi, ont péri depuis la mi-août, et quelque 2 000 membres de la confrérie ont été arrêtés. Le Guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie, et plusieurs de ses principaux dirigeants répondent actuellement devant la justice d'«incitation au meurtre» de manifestants, tout comme M. Morsi, toujours détenu au secret. Les Frères musulmans semblent désormais retourner à la clandestinité, après avoir remporté les législatives puis la présidentielle tenues ces deux dernières années à la faveur de la révolte ayant conduit à la démission de Hosni Moubarak, au terme de trois décennies de règne sur le plus peuplé des pays arabes. En outre, dans la même journée d'hier, la justice a ordonné la fermeture définitive de quatre télévisions, dont l'antenne égyptienne d'Al-Jazeera - Al-Jazeera Mubasher Misr - et la chaîne des Frères musulmans, Ahrar 25. Par ailleurs, le président égyptien par intérim, Adly Mansour, s'est engagé hier, mardi, à respecter les délais fixés pour des élections, estimant que l'état d'urgence pourrait être levé mi-septembre. Lors de son premier entretien télévisé depuis sa prise de fonction il y a deux mois, M. Mansour a réaffirmé que les autorités entendaient poursuivre la mise en place de la «feuille de route» annoncée par l'armée lors de la destitution le 3 juillet du président islamiste Mohamed Morsi. «Nous nous engageons à respecter le calendrier dans toutes les étapes à venir», a-t-il dit, alors qu'il a annoncé dimanche la composition du «Comité des 50» chargé de réviser la Constitution, principalement formé de membres des courants libéraux et de gauche. La révision de la loi fondamentale est l'un des principaux chantiers prévus par la feuille de route qui prévoit un référendum sur la Constitution puis des élections législatives et présidentielle début 2014. R. I. / Agences