Les responsables de l'ex-FIS sont divisés sur l'attitude à prendre face à la prochaine élection présidentielle. C'est le moins qu'on puisse dire à voir l'éventail des positions affichées par les dirigeants de ce parti dissous. Du geste symbolique d'Ali Benhadj qui est allé au ministère de l'Intérieur retirer les formulaires de candidature, au soutien apporté à Bouteflika par Madani Mezrag, le n°1 de l'ex-AIS et Rabah Kébir, en passant par le boycott prôné par Mourad D'hina de l'instance exécutive du parti dissous et la proposition de report du scrutin avancée par Abassi Madani, force est de constater que la famille islamiste radicale est bien mal en point. L'atomisation qui semble caractériser le parti dissous depuis l'annonce du rendez-vous électoral traduit l'essoufflement de cette mouvance, d'ailleurs fortement ébranlée par la montée en puissance du terrorisme islamiste international. En effet, les politiques de l'ex-FIS, qui soutenaient à mots à peine couverts les actes terroristes en Algérie, ont perdu la presque totalité de leurs soutiens à l'étranger. Lâchés par leurs «amis», les dirigeants islamistes radicaux se découvrent sous leur véritable jour, à savoir que ce ne sont que des politiciens qui n'hésitent pas à faire jouer le compromis tactique. Pourtant de nombreux observateurs s'attendaient à ce que la sortie de prison d'Ali Benhadj et d'Abassi Madani soit un facteur de réunification de la tendance dure de l'islamisme algérien. Or, à voir l'éparpillement des rangs de l'ex-FIS, il est permis de penser que cette mouvance vit son dernier quart d'heure. Et pour preuve, ses dirigeants historiques ne semblent pas voir dans la même direction, bien au contraire. Cet état de fait aura, sans nul doute, des répercussions directes sur le comportement de l'électorat traditionnel du parti dissous à l'occasion de la prochaine élection présidentielle. En tout état de cause, il revient aux instances supérieures du pays de faire de cette consultation électorale un événement doublement historique, en veillant à la régularité du scrutin. En effet, une élection propre mettra l'Algérie réellement sur la voie de la démocratie et participera à démystifier une bonne fois pour toutes le parti dissous et son prétendu exceptionnel réservoir électoral.