Une facture des importations qui devrait atteindre 60 milliards de dollars à la fin 2013 «Les défis contribuent à augmenter la confiance en soi ainsi que l'estime personnelle» Cette année 2013 est l'année des multiples défis qui sont à relever. L'Algérie sera soumise à des contraintes de plus en plus importantes à la fois sur le plan interne, mais aussi sur le plan externe avec l'insécurité à ses 7000 km de frontières où elle est contrainte à la fois, de combattre le terrorisme, mais aussi d'être vigilante pour tarir l'hémorragie de son économie (denrées, et surtout carburants) mais aussi traquer la contrebande de drogue. De plus, le dernier rapport du Giec concernant l'étude du climat n'a pas intéressé grand monde dans le pays. Outre le fait que certains ne sont pas informés, d'autres le minimisent et pensent à tort qu'il est plus juteux de parler de foot ou de rapporter des rumeurs sur les états d'âme du microcosme politique qui fait de 2014 un horizon indépassable. Pour paraphraser le président Jacques Chirac, le feu est dans la maison et on regarde ailleurs. Nous sommes dans la position de Djeha «hate takhti rassi» (pourvu que je m'en sorte). Eh bien non! Nous n'allons pas nous en sortir si on ne fait rien. Force est de constater que ce qui meut le landerneau politique n'a qu'un lointain rapport avec l'avenir opérationnel de l'Algérie. Pourtant, les défis qui attendent l'Algérie n'attendront pas. Nous n'aurons pas de sursis. Ces défis sont de plusieurs ordres. Sans vouloir jouer les pythies, il est indéniable qu'il nous faut prendre à bras-le-corps notre destin en mettant en place une transition multidimensionnelle. Je vais en citer les plus pertinents et qui ne doivent pas souffrir de retard. La nécessaire transition de notre modèle de consommation vers l'autosuffisance Les derniers chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes ne sont pas rassurants. Ils confirment la tendance à la hausse des importations et, en même temps, la contraction des revenus pétroliers. La balance des paiements en déséquilibre entraîne une fragilisation des finances publiques. Le pétrole et le gaz constituent à eux seuls plus de 98% du volume global des exportations. La balance commerciale ne cesse de se dégrader début 2013 en raison d'une baisse des cours du pétrole nettement inférieurs à ceux de la même période de l'année dernière. De plus, la baisse en quantité et en valeur des exportations pétrolières qui a impacté négativement la balance commerciale du pays, alors que les importations ont poursuivi leur tendance à la hausse. «Avec une facture des importations qui devrait atteindre 60 milliards de dollars à fin 2013, toute perturbation exogène aurait des conséquences dramatiques sur l'économie algérienne. Au moment où l'Etat essaie avec les partenaires sociaux de sortir des sentiers battus et d'innover pour une création de richesse endogène qui devra se substituer graduellement à la «bazarisation» actuelle pour permettre de réhabiliter un outil de travail mis à mal par une mondialisation laminoir qui a fait des Algériens des consommateurs décérébrés qui continuent sans aucune retenue à gaspiller une ressource unique sans création de richesse. Peut-on continuer ainsi. C'est dire que l'on ne produit pas grand-chose Que se passera-t-il lorsque la rente diminuera, ou s'éteindra quasiment, au rythme de la baisse prévisible des sources d'énergie fossile. Pendant les vingt premières années, le pays a formé à l'université des diplômés en prise directe avec le développement d'un tissu industriel qui a par la suite disparu au profit d'une bazarisation. Exception faite des entreprises dans le domaine du pétrole, la plupart travaillant dans l'amont, toutes les autres entreprises ont disparu. On ne peut pas continuer à consommer sans produire et les acteurs socio-économiques devraient sortir des sentiers battus et changer le fusil d'épaule. Comment produire algérien? Comment substituer à l'importation de ce qui est essentiel, des produits locaux? S'il faut aller vers un protectionnisme, assumons! Nous ne serons par le premier pays à le faire. Mais pour parler de patriotisme économique, il faut mettre à plat ce qui ne va pas et se donner un cap multidimensionnel qui, non seulement créera de la richesse, mais permettra d'apporter des réponses crédibles à la demande d'emploi des jeunes. Le cri d'alarme du Giec Avant de parler de la nécessaire transition énergétique en Algérie, rappelons le contexte mondial. Le pétrole est sur le déclin, 36 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. En 1990, la concentration de CO2 dans l'atmosphère s'élevait à 354 parties par million (plus que le niveau de 280 ppm qui prévalait avant l'ère industrielle). Cette année, la concentration de CO2 atmosphérique a franchi la barre des 400 ppm pour la première fois. Le cinquième rapport du Giec, publié le 26 septembre 2013 reconnaît le rôle des émissions anthropiques de gaz à effet de serre dans l'évolution du climat. La température moyenne de la Terre devrait encore grimper de 0,3 à 4,8°C d'ici à 2100 et le niveau des mers va significativement s'élever: c'est le constat des experts du climat du Giec, plus certains que jamais de la responsabilité de l'Homme dans le réchauffement climatique. Dans son nouveau rapport, le Giec revoit à la hausse l'augmentation du niveau de la mer, qui devrait être de 26 à 82 cm d'ici 2100, selon le nouvel état des lieux scientifique sur le changement climatique. Pour le Giec, il est désormais «extrêmement probable» que l'influence humaine est la principale cause du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle, ce qui équivaut à 95% de certitude dans la terminologie très précise du rapport d'une trentaine de pages, synthèse de plus de 9000 études scientifiques publiées. Le Giec estime probable que la Terre se réchauffe entre 0,3°C, dans le cas le plus optimiste, et 4,8°C d'ici à la fin du siècle par rapport à la température moyenne de la période 1986-2005. La forte incertitude dépendant évidemment, en premier lieu, des quantités de gaz à effet de serre qui seront émises dans l'atmosphère ces prochaines décennies. Les experts s'attendent également à ce que le réchauffement climatique provoque des événements météorologiques extrêmes plus intenses, même si certains aspects ne sont pas encore tout à fait clairs. «Les vagues de chaleur vont probablement se produire plus fréquemment et durer plus longtemps. Avec le réchauffement de la Terre, nous nous attendons à voir les régions actuellement humides recevoir davantage de précipitations. Seul le scénario le plus optimiste permettrait de contenir la hausse des températures à 2°. Mais même celui-là «ne viendra que si une action rapide est lancée,» a prévenu le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud.(1) Le coût de l'inaction Il est nécessaire de diminuer fortement les émissions (dans la gamme de -50 à -85% en 2050 par rapport à l'an 2000, pour une température à l'équilibre de 2 à 2,4°C). Nous sommes loin de cette discipline des Etats. Une réduction rapide des émissions permettrait de maintenir le réchauffement dans des limites sécuritaires (estimées à une hausse inférieure à 2 °C de la température moyenne du globe). Le fait de ne pas agir rapidement, et ce, à l'échelle planétaire léguera à notre descendance un fardeau plus lourd d'adaptation devant les hausses rapides du niveau des océans et les tempêtes dévastatrices. D'ici 2030, la demande énergétique mondiale va augmenter. Les scénarii placent la fourchette entre 15 et 17 milliards de tonnes. En clair, nous allons doubler la production de CO2! Les pénuries d'eau pourraient frapper, elles, entre 1,1 et 3,2 milliards d'êtres humains. Compte tenu de l'inertie du système, la simple stabilisation de la teneur en CO2 de l'atmosphère autour de 550 ppm exigerait une diminution par 2 des émissions actuelles. La tâche est urgente, prévient Sir Nicholas Stern. Retarder l'action, même d'une décennie ou deux, nous entraînerait sur un territoire dangereux. La facture de l'inaction risque d'être salée. Le coût du changement climatique a été évalué à plus de 5500 milliards de dollars, soit 20% du PIB mondial. Et l'Algérie dans tout ça? La transition énergétique pour conjurer les défis climatiques Nous ne serons pas épargnés à la fois du fait des changements climatiques qui vont nous affecter directement. Fortes précipitations erratiques en certains endroits, canicules en d'autres. De plus et c'est le plus grave aussi, les pays du Sahel frontaliers seront eux aussi frappés durement par les convulsions du climat; la conséquence la plus évidente est que nous aurons des réfugiés climatiques qui viendront s'ajouter aux réfugiés économiques que nous avons connus et aux réfugiés politiques des derniers conflits sahéliens. Comment, en effet, penser l'avenir pour agir par voie de conséquence et ne pas être dépassé par le mouvement du monde quand il a lieu. «Gouverner, dit-on, c'est prévoir.» Pour tenter de prévoir l'avenir, il faut d'abord voir le présent dans ses multiples facettes. Parmi les dimensions technologiques, trois contraintes nous paraissent être les plus représentatives du monde de demain. Il s'agit de l'eau, de l'énergie et du climat. Si les deux premières contraintes sont «solutionnées» de façon différente par les pays riches et puissants, il n'en est pas de même concernant le climat: riches comme pauvres, faibles comme puissants. Car, pour laisser aux générations futures une planète fréquentable, nous ne pouvons plus continuer à gaspiller l'eau et l'énergie. Quelles solutions innovantes mettre en oeuvre pour combattre le risque de changement climatique? Comment, enfin, puisque nous nous projetons dans l'avenir, assurer une disponibilité de l'eau qui sera l'un des enjeux majeurs dans les prochaines années? Comme on le sait, les hydrocarbures constituent la source principale de devises. Les choix économiques inadaptés ont débouché sur l'économie de rente, la dépendance alimentaire, la vulnérabilité, la volatilité et la dépendance multidimensionnelle. L'Algérie vit, présentement et pour les quelques prochaines années, un rendez-vous avec son destin. Dit autrement, nous sommes peut-être un pays «conjoncturellement riche» mais misérablement sous-développé. Il serait tragique que l'Algérie soit réduite à un marché sans sédimentation de développement. En 2030, nous connaîtrons des problèmes de sécheresse drastique et notre agriculture au nord deviendrait une agriculture différente, probablement saharienne, nous ne préparons pas l'avenir, nous vivions au quotidien pendant que d'autres pays se projettent dans le futur. A titre d'exemple, l'énergie, le réchauffement climatique, la dépendance alimentaire devraient être des axes de recherche majeurs. Plus que jamais nous devons gérer sous contrainte et profiter de cette accalmie factice de la manne pétrolière pour préparer le monde de demain. Nous ne pouvons rien sans avoir une utopie. Nous devons nous garder de nous endormir. La gestion de cette échéance de 2030 se prépare dès à présent. Si on décide de se battre pour exister, il nous faut un cap, une feuille de route à 2030. Il y a une semaine, la France mettait en place une nouvelle politique énergétique appelée «transition énergétique». Ce dossier a mobilisé comme le précédent «Grenelle de l'Environnement» des milliers d'acteurs allant de la société civile, à l'université et aux industriels. Il nous faut de la même façon, un projet mobilisateur multidimensionnel. Fixons un seuil et tâchons de l'atteindre. 1°-Laisser 50% de la richesse prouvée et ne l'utiliser qu'à partir de 2030. 2°-Développer une politique agressive d'économie d'énergie qui nous fera préserver 25% de nos ressources. 3°-Fixer un seuil pour les énergies renouvelables par étape 10% en 2015, 20% en 2020 et 30% en 2030. 4°-Mettons en place une politique du transport de l'habitat et des économies d'énergie. Is not to late, mettons-nous au travail sans tarder. Ces mesures ne sont pas exhaustives, elles permettent néanmoins de créer une dynamique. Cependant, rien ne réussira sans l'adhésion des acteurs que sont les Algériennes et les Algériens. La mobilisation des médias lourds permettra certainement une prise de conscience des enjeux et une adhésion de chacun. La transition vers l'économie de la connaissance: le monde qui se prépare à l'insu de l'Algérie Il est de la plus haute importance que l'Etat à travers les secteurs dans le cadre d'une planification qu'il faut réhabiliter, et d'une stratégie multisectorielle confie au système éducatif, notamment à la formation professionnelle et à l'université la formation des jeunes à même de prendre en charge la demande sociale en termes d'emplois créés à partir d'un savoir acquis. A titre d'exemple, la mise en place sans tarder d'une stratégie énergétique reposant sur un modèle de consommation à différents horizons 2030 et 2050 permettra de former les femmes et les hommes qu'il faut pour être en prise directe avec la demande. Cela commence à l'école, former l'éco-citoyen, demain respectueux de la nature, économe en tout est de la responsabilité du système éducatif dans son ensemble. Nous sommes convaincus aussi que le développement de grands travaux structurants permettra de mobiliser des dizaines de milliers de diplômés qui créeront et participeront à cette épopée seule utopie capable de faire redémarrer la machine industrielle et sociale qui tournera, à n'en point douter, le dos à une rente éphémère mais que l'on peut mettre à profit pour asseoir un développement durable permettant de laisser un viatique en énergie fossile pour les générations futures en allant vers des économies d'énergies,en adossant chaque calorie exportée à une calorie renouvelable. Pour y arriver, l'Etat se doit, à travers l'université et les enseignants former l'homme nouveau qui ne doit pas être un assisté, mais déjà avant la sortie même de l'université, un entrepreneur qui entreprend quelle que soit sa projection. Quels que soient les dirigeants, les transitions de l'Algérie sont inéluctables. Les retarder compromettra durablement l'avenir. Il faut rappeler enfin, que les réformes économiques nécessitent pour réussir l'instauration de la démocratie basée sur la construction d'un Etat de droit. L'expérience dans de nombreux pays a montré que s'il est possible de se mettre d'accord sur les grandes lignes d'un programme politique économique et social, une décentralisation effective, une autonomisation des acteurs, l'indépendance de la justice pour mettre fin à la corruption seront des signes de mobilisation. Il y a cinquante ans, l'Algérie n'avait pas de cadres pour prendre en charge son développement, mais elle avait la foi en son avenir. Redonnons le feu sacré à cette jeunesse seule capable de donner un destin à ce pays. Pour cela, seul le parler vrai, le patriotisme, les consensus sur l'Ecole permettront cela. Le destin de l'Algérie est à ce prix. 1.http://www.goodplanet.info/actualite/2013/09/27/climat-giec-donne-lalarme-les-temperatures-niveau-mer/#sthash.AaJk33h9.dpuf 2.Chems Eddine Chitour http://www.lexpressiondz.com/T20070416/ZA10-14.htm 16 04 2007