«Montesquieu pourrait se réjouir de ce qu'un 4e pouvoir ait rejoint les trois autres et donné à sa théorie de la séparation des pouvoirs, l'ultime hommage de notre siècle.» François Mitterrand Le Conseil de la concurrence marocain vient de livrer une étude sur «la concurrence dans le secteur audiovisuel» qui fait état des grosses lacunes au Maroc. Cette étude marque la prééminence des chaînes étrangères sur les chaînes locales marocaines et estime que l'ouverture du marché aux chaînes privées est une urgence, dénonçant le «monopole» exercée par les télévisions publiques. D'après l'étude, en effet, les chaînes étrangères règnent en maîtresse sur le marché de l'audiovisuel au Maroc. En effet, dans les dernières études, on affiche un taux d'audience de 58,2%. Les télés marocaines, quant à elles, se partagent le reste. Cela revient à dire qu'environ six Marocains sur 10 regardent les chaînes étrangères. Outre la prééminence des chaînes étrangères, le CC dénonce le «monopole» exercé par les chaînes du pôle public sur le plan national. En effet, sur les 41,8% de taux de couverture que se partagent les télévisions marocaines, 2M accapare, à elle seule, 28,3%, contre 6,1 pour Al Oula, 4,5 pour Al Maghribia et seulement 3% pour les autres télévisions nationales, dont Medi1TV. Dans son étude, le CC impute l'état actuel du secteur à la décision prise en 2009 par la Haute autorité de la communication et de l'audiovisuel (Haca) de suspendre l'ouverture du marché de la télévision à la concurrence. Le marché publicitaire avait été jugé trop faible pour accompagner l'essor de nouvelles chaînes privées. Cette situation audiovisuelle catastrophique au Maroc, profite aux pays voisins au Maghreb surtout pour l'Algérie. Pire en Tunisie, un pays qui vit une situation économique difficile, voit son paysage audiovisuel s'étoffer chaque mois. Prochainement, une nouvelle chaîne de télévision privée va faire son entrée dans le paysage médiatique tunisien, s'ajoutant au bouquet des chaînes tunisiennes sur les satellites NilSat et Hotbird. Il s'agit de Telvza TV (télévision en arabe), qui sera lancée avec la participation au capital de «300 journalistes» d'après Zouheïr Latif, l'un de ses fondateurs. La nouvelle télévision sera officiellement lancée «fin octobre ou début novembre». Plusieurs journalistes se sont déjà embarqués dans cette nouvelle aventure télévisuelle, comme des anciens de Nessma TV qui s'occuperont de l'actualité, notamment Hamza Belloumi ou Sofiane Ben Farhat. Ce dernier avait défrayé la chronique, il y a quelques semaines, en entamant une grève de la faim au siège de la radio Shems FM. Brahim Ltaïef, le réalisateur de Hezz Ya Wezz et frère de Zouheïr Latif, avait révélé sur Express FM qu'il allait collaborer avec cette nouvelle chaîne en occupant le poste de directeur artistique et en coanimant une émission qui sera «un mélange entre Les Enfants de la télé et «Culture Pub», pour enrichir un panel médiatique tunisien souvent en manque d'inspiration. Selon certaines sources, c'est la 14e télévision tunisienne, lancée depuis la révolution. La Tunisie rejoint ainsi l'Algérie qui possède déjà environ cinq chaînes publiques et plus de 12 chaînes privées émettant sur Nil Sat: Ennahar TV, Echourouk TV, El Djazairia TV, Hogar TV, Dz shop TV, L'index TV, Samira TV, Dzair TV, Al Atlas TV, ESS TV, Numidia News TV, Djurdjura TV, en attendant l'entrée dans le champ audiovisuel prochainement de trois nouvelles chaînes Kawaliss TV, Adjawa TV et El Khabar TV Une floraison de chaînes spécialisées qui inquiète sérieusement les Marocains. [email protected]