Lorsqu'on veut tailler un costume en quatre, il faut une mise en scène cousue main. Quatre comparses (Danidène, Bouchemla, Khiar Ennas et Djidji) salivent pour un costume (El bedla) sur lequel, chacun à sa manière, projette ses fantasmes. Au-delà de la charge symbolique que véhicule ce justaucorps, on ne sait toujours pas si l'habit fait encore le moine ou non. Mais ce désir ardent, voire paroxystique d'enfiler cet habit magique, une espèce de Sésame censée ouvrir toutes les portes de la gloire (ou plutôt la gloriole), qui envahit les quatre larrons, est poussé parfois jusqu'à la caricature par des personnages où seuls Danidène et l'inénarrable Djidji parviennent, finalement à tirer leur épingle du jeu. Un jeu qui d'ailleurs aurait gagné, au regard de la jeunesse de l'effectif notamment et de l'épaisseur du texte de Benguettaf, à se hisser justement au niveau de l'écriture dramaturgique. Mais il n'y a pas que l'interprétation des acteurs à connaître quelques langueurs, certains ajouts du metteur en scène Hamid Remas pour ne pas le nommer, n'ayant pas non plus été heureux. Et lorsque le décor, en sus, ne paraît pas en synergie avec l'architecture globale du texte, on comprend dès lors, pourquoi ce relâchement de l'attention du public, coutumier des hauts faits de scène. Ce qui induit, de facto, une reconfiguration (reformatage) de cette même mise en scène aux fins d'en éliminer tous les déchets qui la rendent moins digeste tout en dégraissant le superflu. Car un produit culturel étant un tout quoique jamais parfaitement abouti, sa confection nécessite du sur mesure. Et comme l'élément central est représenté par ce fameux costume qui fait tant délirer les uns et les autres parmi les quatre compères, autant se sentir bien dans sa peau pour ne pas être gêné aux entournures...Cela dit, il est bien vrai aussi que cette oeuvre majeure de Ray Bradbury, adaptée pour rappel par le sieur Benguettaf, confiée aux bons soins de l'ami Remas, et à un quatuor encore en gestation pour l'interprétation, a finalement les défauts de ses qualités, c'est-à-dire un spectacle qui se laisse voir, en attendant non pas godot, mais un salutaire rodage, pour mieux en apprécier, au final, toute la densité. La preuve, sa reprogrammation pour cette fin de semaine, dans une version au moins améliorée...