Avec un peu plus de ressources aussi bien humaines que financières, le Théâtre national algérien aurait présenté un meilleur bilan. Le Théâtre national algérien a fait l'objet de plusieurs critiques ces dernières années. Beaucoup de gens ont reproché tant de choses aux responsables du 7e art en Algérie. Comme quoi, la production nationale est très timide pendant cette dernière décennie. Autrement dit, le bilan du théâtre national serait mitigé. Certes, il y a eu une coupure entre le public et le théâtre national, durant une certaine période que tout le monde connaît. Pendant cette période ce n'est pas seulement le théâtre qui était malade, mais tous les autres secteurs et les autres arts. Depuis, que le pays est sorti de sa crise, les choses commencent à évoluer. Ce qu'on ignore, cependant, c'est que, malgré la conjoncture défavorable qu'a traversée le pays, le théâtre national a pu se rétablir ces quatre dernières années. Le bilan que nous a avancé, M.Benguettaf M'hamed, directeur du TNA, Mahieddine-Bachtarzi, peut témoigner de la bonne santé du 7e art dans notre pays. Ce bilan fait état d'une dizaine de pièces théâtrales montées ces deux dernières années. Parmi les principales pièces, il convient d'indiquer à titre d'exemple, Le suicide. Une comédie de Nicolas Erdman, adaptée et mise en scène par Malek Laggoune. Le visiteur, une pièce mise en scène par Habib Boukhelifa. Le costume blanc, comédie écrite par Ray Bradbury, adaptée par M'hamed Benguettaf et mise en scène par Hamid Ramas. Et Fatma, actuellement à l'affiche au TNA. Texte de M'hamed Benguettaf, mise en scène de Sonia et interprétation de Nesrine. En plus de ces titres, il convient d'ajouter d'autres pièces destinées aux enfants telles que Le navire des mélodies mise en scène par Ben Abdrabou Soumia. S'agissant du plan d'action pour l'année 2005-2006, le directeur du TNA a fait savoir que plusieurs projets et pièces sont au menu, telle Le petit prince de Saint-Exupery, et d'autres pièces pour enfants. Concernant le nombre de spectacles animés par le TNA tout au long de l'année 2004-2005, M.Benguettaf a fait savoir que son institut a présenté plus de 145 spectacles, toutes disciplines confondues. A titre comparatif à l'année 2003-2004, où on en a présenté 153, on constate que le TNA a organisé 8 spectacles de moins. Alors que l'année 2004-2005 est celle qui a attiré le plus de spectateurs, dont le nombre est estimé à 39.500 personnes. En 2003-2004, en revanche, le nombre de spectateurs est seulement de 26.650 personnes. Par ailleurs, l'autre point qui donne satisfaction est le fait que tous ces spectacles ont été écrits, adaptés et joués par des jeunes comédiens qui ont fait éclater tout leur talent. Dans ce sens, M.Benguettaf nous a indiqué que le TNA a recruté, depuis son arrivée à la tête de ce département, plus de 17 comédiens sortant du Conservatoire d'Alger et de l'Institut supérieur des arts dramatiques.«Nous sommes doublement satisfaits. Primo, le fait de recruter 17 comédiens, cela nous a permis de redonner un nouveau souffle au TNA, et à la production théâtrale. Secundo, ces éléments recrutés ont animé plus de 100 spectacles cette année, dans lesquels ils ont donné entière satisfaction», nous déclare-t-il. Toutefois, notre interlocuteur, a tenu à préciser qu'avec plus de moyens, le Théâtre national algérien sera en mesure de recruter d'autres comédiens et de renforcer, par conséquent, la production nationale. «On travaille selon nos moyens. On ne peut pas demander plus de productions, au moment où le problème financier se pose. Avec plus de moyens, on aura encore des résultats plus que satisfaisants» avoue-t-il. Avant d'ajouter: «J'aurais aimé élargir ma troupe théâtrale, actuellement de 24 comédiens, à un nombre plus élevé, malheureusement, notre budget ne nous le permet pas». Dans ce sens, le premier responsable du Théâtre national algérien, n'a pas manqué de faire l'éloge des amis du théâtre qui ne cessent d'aider et de sponsoriser les spectacles, à l'image de M.Rabah Allam, responsable de l'ACI. Revenons aux pièces théâtrales montées et présentées par le TNA car il est utile de donner quelques résumés de pièces. Premièrement, Le suicide. Résumé: Dans cette pièce, l'auteur raconte l'histoire de Salim, un personnage central de la pièce, un jeune sans travail, marginalisé par son entourage. Ayant marre de cette situation, Salim a décidé, une nuit, de claquer la porte de sa chambre et d'abandonner sa femme Meriem qui a eu peur que son mari ne commette un crime. Ainsi, la malheureuse Meriem alerte ses voisins et leur fait part de l'acte suicidaire de son mari. Ces derniers ont eu recours à plusieurs méthodes de ruse pour dissuader Salim. L'intérêt qu'accorde l'entourage à Salim n'a fait que lui emboîter le pas et il entre dans l'idée de suicide. L'idée de commettre cet acte, ne lui est pas venue du désespoir, mais en se suicidant Salim croyait que cela lui faciliterait la vie, lui donnerait un statut, une légitimité et une fonction sociale. Du coup, finie l'expulsion, il est à nouveau intégré. Commence alors un défilé incessant de personnages pittoresques qui tentent de récupérer sa mort pour servir leur propre cause. El bedla elbeïda (le costume blanc), est le titre d'une autre pièce écrite par Ray Bradbury adaptée par M'hamed Benguettaf et mise en scène par Hamid Ramas. Dans cette pièce, à caractère social, on raconte l'histoire de quatre comédiens qui aspirent à avoir un costume blanc dans lequel ils croient leurs rêves réalisés. C'est cruel, il n'y a eu finalement qu'un seul costume. Un d'entre eux aura donc la chance de le vêtir. Mais qui cèdera? La solution trouvée est que chacun revêtira le costume une fois par semaine. Le temps n'est pas en leur faveur. Il ne leur reste, donc, qu'à imaginer à sa manière, la symbolique que constitue le port de cet habit magique.... L'autre pièce montée par le TNA, est Wassiet Dimna, une adaptation du recueil Khalil wa Dimna adapté par Hassen Nadir, mis en scène par Ahmed Ben Aïssa. Résumé: la pièce raconte une histoire qui s'est déroulée dans la forêt entre le lion, le taureau, Chatraba, et le renard, Dimna. Un jour, Chatraba s'est perdu dans le fin fond de la jungle. Mais, le malheureux Chatraba rencontre Dimna. Ce dernier essaye de monter Chatraba contre le lion. Mais la bonté de ce petit taureau émeut le roi et le place avec lui dans son trône. Le renard n'a, donc, d'autre choix que de trouver une autre histoire. Ainsi, il monte un scénario diabolique. Ce qui lui a permis de semer la zizanie entre le lion et le taureau. Le lion prend le large sur son vis-à-vis. Peu de temps après sa victoire, le roi se rend compte de la magouille jouée par le renard. Il le fait comparaître devant la société animalière, et finira par le punir. Mais, vers la fin, le châtiment le plus pénible à supporter fut la peine psychologique et c'est ainsi qu'échouent le règne et la malveillance du renard. Fatma, est le titre de la pièce, le semaine passée à l'affiche au TNA, dont le texte, qui a été écrit par M'hamed Benguettaf et mis en scène par Sonia, raconte l'histoire d'une femme Fatma, qui monte sur la terrasse de son petit immeuble pour laver son linge sale. Pendant cette journée de labeur, elle fait vivre à l'assistance, des moments de tendresse, de colère, d'espoir, en décrivant par petites touches pleines d'humour ce regard de la société sur elle, mais aussi son propre regard sur cette société où logique et contradiction se côtoient au quotidien. Pour les enfants, Ben Abdrabou Soumia, leur présente Le navire des mélodies. Le personnage principal est Mounir, un fan de la musique, qui reçoit pour son anniversaire, un instrument de musique dont il a tant rêvé. A cette occasion, il commence à approcher le monde abstrait de la musique et découvre, alors, les premières notions musicales, telles que la portée, la clef de sol, noms de notes. Là, l'aventure musicale commence pour lui.