Théâtre La pièce dévoile le comportement humain et met en scène ses fantasmes. Le Théâtre national algérien a présenté la générale de la pièce théâtrale El Bedla El Beïda (La Tenue blanche) de Ray Bradbury, adaptée par M?hamed Benguetaf et mise en scène par Hamid Ramas. D?emblée, la pièce semble monotone, mais au fil de l?action, de la narration scénique, l?on peut l?approcher, l?apprécier et saisir le sens qu?elle recèle. Toute l?action de la pièce prend forme, s?organise et évolue autour d?un seul élément, un seul sujet, à savoir le costume de couleur blanche, lequel, unique et aux propriétés étranges et particulières, fait graviter autour de lui, dans une envolée vertigineuse, quatre personnages essentiels, les pivots de la scène, avec qui il entretient une étroite relation, disons plutôt «exagérée» pour le vêtement. Et si les quatre protagonistes exhalent leur attirance pour la «tenue blanche», c?est parce qu?elle a un effet extraordinaire sur chacun, un effet «hallucinogène», puisqu?une fois portée, chacun commence à extériorise ses fantasmes, à délirer, à s?emporter parfois jusqu?à l?oubli et à se voir autrement. La pièce mêle le fantasme et le fantastique à un réalisme effectif. En fait, même s?il y a une grande part de l?imaginaire et de l?invraisemblable, la pièce est inspirée du vécu réel, puisqu?elle traite, avec humour, de l?apparence que peut apporter un vêtement. Les quatre protagonistes sont de condition sociale modeste et lorsqu?ils portent, à tour de rôle, la «tenue blanche» ils se métamorphosent, ils se transforment à leurs yeux et aux yeux des autres en des personnages sortant de l?ordinaire et allant jusqu?à frôler l?irréel. Ils voient leur personnage auquel ils aspiraient et parfois s?identifiaient se matérialiser et se mettre aussitôt en scène. La tenue blanche développe une philosophie, la philosophie de l?être et du paraître, mais pas au sens classique du terme, tel que nous avons l?habitude de la voir, elle aborde quelques traits de caractère de l?humain, quelques-uns de ses réflexes, de ses comportements, quelques situation. Par ailleurs sur le plan technique, la pièce met en scène une théâtralité loin d?être étoffée, rehaussée par l?esprit dramatique, l'esprit des lieux, voire une mise en scène attachante, qui reste, en dépit du jeu des comédiens qui, lui, s?emploie à échapper à une attitude figée, habituelle, relativement inachevée. Elle n?est pas convaincante et manque de volume et d?esthétique.