Plus de cinq millions de Guinéens dans le pays et à l'étranger, étaient appelés à voter pour les législatives du 28 septembre (114 sièges de députés à pourvoir), les premières depuis onze ans. La tension montait hier dans l'attente de la publication des résultats des législatives du 28 septembre en Guinée où l'opposition a haussé le ton en dénonçant un «tripatouillage» des votes par le pouvoir du président Alpha Condé qu'elle «n'acceptera pas». L'acheminement des procès-verbaux (PV) des bureaux de vote pour le comptage des voix se poursuivait hier, a indiqué une source à la Commission électorale nationale indépendante (Céni). «Nous n'avons pas encore reçu tous les PV des bureaux de vote», dans le pays et à l'étranger, a affirmé cette source, sans donner de date pour la publication de résultats officiels provisoires, les chiffres définitifs devant être publiés par la Cour suprême. Les principaux chefs de l'opposition se sont réunis lundi dernier pour dénoncer par avance une manipulation des suffrages par le pouvoir. «L'opposition n'acceptera pas les résultats d'un tripatouillage électoral tel que nous sommes en train de le vivre. Si aucune correction n'est apportée, nous dénoncerons ce processus et déciderons des actions à mener», a affirmé à la presse leur porte-parole, l'ancien Premier ministre Sidya Touré. Il a fait «un constat alarmant» du décompte des voix, accusant le pouvoir d'avoir organisé des «votes multiples sous la botte de l'armée en Guinée forestière» (Sud) et d'avoir mis en place des «commissions parallèles» de recensement des voix en «falsifiant des procès-verbaux» à Kankan (est) et Siguiri (nord-est). M. Touré a fait cette déclaration en présence des principaux chefs de l'opposition dont les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Lansana Kouyaté et Jean Marie-Doré. «C'est la période la plus critique, plus ça dure, plus c'est inquiétant. Même s'il n'y a pas de tripatouillage, le parti qui va perdre va dire que c'est parce qu'on aura triché», affirme Mamadou Aliou Barry, président de l'Observatoire national de la démocratie et des droits de l'Homme. Plus de cinq millions de Guinéens dans le pays et à l'étranger, étaient appelés à voter pour les législatives du 28 septembre (114 sièges de députés à pourvoir), les premières depuis onze ans. Le scrutin s'est déroulé sans incident majeur, mais des heurts entre militants du pouvoir et de l'opposition avaient marqué la fin de la campagne électorale, faisant au moins un mort et plus de 70 blessés, selon un bilan officiel. «Tout le monde est branché sur la Céni, il y a beaucoup de spéculations et des (partis) s'attribuent des résultats» qui ne sont pas officiels, a indiqué hier une source à la Commission électorale. Pour Mamadou Aliou Barry, avec cette «longue attente, on paie l'amateurisme de la Céni» qui devrait, à ce stade, pouvoir publier des résultats. La Céni a répété à plusieurs reprises qu'elle n'avait encore publié aucun résultat depuis samedi, mais la diffusion de chiffres non officiels a déjà provoqué à Conakry des manifestations de militants du pouvoir et de l'opposition. «Si eux (les partis d'opposition) ont des résultats qu'ils contestent, nous n'en savons rien», a affirmé le chef du département juridique de la Céni, Amadou Kébé, après la déclaration des chefs de l'opposition.