La Cour suprême de Guinée a confirmé mardi soir que le second tour de l'élection présidentielle se jouerait entre l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l'opposant historique Alpha Condé. Les deux candidats lors du premier tour de l'élection présidentielle ont été crédités respectivement de 43,69% et 18,25% des voix le 27 juin, selon les résultats définitifs. Vingt-quatre candidats - tous civils - briguaient la présidence de ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest marqué par un demi-siècle de dictatures. «Le candidat Cellou Dalein Diallo, présenté par le parti politique UFDG, et le candidat Alpha Condé, présenté par le parti politique RPG disputeront le second tour de l'élection présidentielle», a déclaré le président de la Cour suprême, Mamadou Sylla, entouré de hauts magistrats, dans la salle d'audience de la Cour où de très nombreux journalistes avaient pris place. La date du second tour doit à présent être fixée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Selon les résultats définitifs, l'ancien Premier ministre (1996-1999) Sidya Touré a rassemblé sur son nom 13,62% des suffrages et l'ancien chef du gouvernement (2007-2008) Lansana Kouyaté 7,04%. De son côté, Papa Koly Kourouma, très proche de l'ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara, a obtenu 5,74% des voix. Le 27 juin, les Guinéens avaient participé dans la liesse à la première élection libre depuis l'indépendance du pays en 1958. Mais la plupart des partis avaient ensuite dénoncé des irrégularités ou des fraudes massives. La chambre constitutionnelle de la Cour suprême, chargée de statuer sur les recours déposés, a annulé, pour «irrégularité avérée», de très nombreux votes. Et le taux de participation, qui était de 77% selon les résultats provisoires, est tombé à 52% selon les résultats définitifs. «La Cour suprême, usant de son pouvoir souverain, décide que les suffrages exprimés à Matam, Ratoma (Conakry), Kankan, Mandiana (Haute-Guinée) et Lola (Guinée forestière), sont invalidés purement et simplement, et viendront en déduction du suffrage général valablement exprimé sur l'ensemble du territoire», a déclaré M.Sylla. La Cour a expliqué sa décision par le fait que les procès-verbaux de ces circonscriptions ne lui avaient pas été transmis. Elle a par ailleurs annoncé avoir procédé à «des vérifications et rectifications d'erreurs et d'anomalies dans les procès-verbaux des bureaux de vote des 18 ambassades et consulats» à l'étranger. La Guinée, ex-colonie française indépendante depuis 1958, avait d'abord été dirigée par un civil, Ahmed Sékou Touré, pendant 26 ans. Puis elle avait connu 25 ans de régimes militaires, avec le général Lansana Conté (1984-2008), puis la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara (2008-2009). Cette élection doit mettre un terme à une transition de six mois et redonner le pouvoir aux civils. Présenté comme favori, Cellou Dalein Diallo, 58 ans, membre de l'ethnie peul, a d'abord été plusieurs fois ministre sous Conté, avant de diriger le gouvernement de décembre 2004 à avril 2006. Alpha Condé, 73 ans, d'ethnie malinké, s'est opposé à tous les régimes depuis l'indépendance. Condamné à mort par contumace sous Sékou Touré, il a passé deux ans et demi en prison (1998-2001) sous Conté pour «atteinte à la sûreté de l'Etat».