François Hollande a appelé hier son gouvernement à faire preuve d' «unité» et de «solidarité», après des éclats de voix sur les Roms qui ont poussé l'opposition de droite à parler de «bateau ivre». Depuis son entrée en fonctions en 2012, le président socialiste s'était abstenu de critiquer son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Hier, lors du Conseil des ministres hebdomadaire, il l'a fait implicitement en lui demandant de «veiller encore davantage à la coordination du travail et à l'expression gouvernementale», selon la porte-parole de l'exécutif, Najat Vallaud-Belkacem. En moins d'une semaine, le gouvernement français a donné le spectacle de ministres s'invectivant en public sur l'intégration des Roms dans la société française et montré des difficultés à avoir des positions claires sur le travail le dimanche ou sur la réforme controversée des rythmes scolaires. Des déclarations la semaine dernière de Manuel Valls (Intérieur) assurant que les Roms n'ont pas vocation à s'intégrer en France en raison de leur mode de vie mais à être reconduits en Bulgarie et Roumanie, ont mis le feu aux poudres. L'écologiste Cécile Duflot, ministre au Logement, a aussitôt sonné la charge, jugeant que les valeurs de la République étaient bafouées avec de tels propos. «Participer à un gouvernement n'efface pas les sensibilités mais impose la stricte application des règles (...) de solidarité, d'unité et de responsabilité», a souligné Mme Vallaud-Belkacem en rendant compte des déclarations de François Hollande lors du Conseil des ministres. Si débat il y a, a-t-il poursuivi, il doit être soumis à son «arbitrage» et «se situer à l'intérieur du gouvernement, non sur la place publique». Le président «a appelé chaque ministre autour de la table à faire preuve de responsabilité». Selon la porte-parole, François Hollande «a déploré avoir à faire cette mise au point et a dit clairement ne pas vouloir le refaire à l'avenir» et «tout le monde a compris autour de la table». Le président du groupe UMP (opposition) à l'Assemblée nationale semble loin d'en être sûr. La «cacophonie à répétition entre les différents ministres est invraisemblable», a-t-il dit. «On a l'impression quand on regarde le gouvernement d'un bateau ivre, on ne sait pas où il va», a-t-il ajouté au groupe de médias Bfmtv/RMC. Dans une déclaration écrite remise à la presse, François Hollande assure que la France respecte les Roms et travaille à leur insertion «quand les possibilités et les volontés existent». Sans trancher véritablement entre Manuel Valls et Cécile Duflot, le chef de l'Etat a ajouté que la France était aussi respectueuse des Roms quand les autorités luttent «contre les réseaux mafieux, les trafics et l'utilisation délictueuse des enfants, dans le cadre des lois de la République». Outre le recadrage de son gouvernement, François Hollande, qui reste très impopulaire (seulement 32% de bonnes opinions), a été contraint hier de se saisir de deux dossiers intérieurs aux enjeux électoraux potentiellement ravageurs pour son camp. Depuis le week-end dernier, des grands magasins de bricolage sont engagés dans un bras de fer avec les autorités, en refusant de fermer le dimanche quitte à payer une forte amende. Le travail le dimanche reste dans la loi française une exception contestée dans un contexte de chômage très élevé (plus de 3 millions de personnes). Des partisans de l'ouverture du dimanche devaient être reçus dans la journée à l'Elysée. La réforme des rythmes scolaires qui fait désormais travailler les enfants le mercredi matin est un autre dossier empoisonné pour le pouvoir. François Hollande a présidé hier une réunion ministérielle spécifique sur le sujet afin de tenter de la remettre sur rails.