Le président Hollande est sous pression pour affirmer son autorité sur son gouvernement, dont plusieurs membres s'invectivent de plus en plus ouvertement depuis la rentrée, qu'il s'agisse de fiscalité ou du dossier des Roms. L'annonce du projet de budget pour 2014 avait déjà attisé des braises entre les camps socialiste et écologiste de la coalition gouvernementale, les seconds jugeant que les premiers n'accordaient pas assez d'espace aux priorités environnementales entre ponctions fiscales et réductions des dépenses publiques. A peine un début de cohésion semblait prendre forme que la question sensible de l'intégration des Roms en France l'a fait voler en éclats, les ministres de l'Intérieur Manuel Valls (socialiste) et du Logement Cécile Duflot (écologiste) s'attaquant de front. Menace sur les valeurs de la République, a clamé cette dernière alors que son parti est régulièrement en porte-à-faux sur les choix gouvernementaux. Critique «insupportable», a rétorqué ce week-end le ministre de l'Intérieur, à la popularité en progression constante. Après ses propos jugeant que les Roms n'avaient pas vocation à s'intégrer en France en raison d'un mode de vie trop différent de celui des Français, Manuel Valls s'est attiré les critiques d'au moins trois ministres en l'espace d'une semaine. Comme lors d'un précédent conflit cet été sur une réforme pénale entre le même Manuel Valls et la ministre de la Justice Christiane Taubira, finalement tranché par François Hollande, tous les regards sont désormais tournés vers le chef de l'Etat qui a refusé jusqu'à présent de s'exprimer sur le sujet. «Hollande, un chef qui ne dit pas son nom», ironise hier le quotidien Libération à propos de son manque d'autorité apparent alors que le journal Le Monde souligne dans son édition d'hier daté d'aujourd'hui, la «rentrée gâchée» du président, altérée par les «couacs» et les «erreurs de communication». Certains ministres devraient prendre exemple, en matière intérieure, sur la conduite de la politique étrangère au sein de l'exécutif, a fait valoir hier le chef de la diplomatie Laurent Fabius. «Ça ne peut pas durer, un gouvernement dans lequel les ministres organisent la polémique contre d'autres ministres sur des accusations aussi graves que porter atteinte au pacte républicain», juge François Bayrou, chef d'un parti centriste, le MoDem. «Il faut que la cohérence soit rétablie et c'est la responsabilité principale du président de la République et du Premier ministre. Pour l'instant, elle n'est pas exercée», a-t-il déploré hier. La semaine dernière déjà, le patron du principal parti d'opposition (UMP), Jean-François Copé avait demandé «solennellement à François Hollande de trancher immédiatement le différend qui oppose ses deux ministres et de définir clairement sa ligne politique» sur les Roms. «On a tous ces membres du gouvernement qui y vont depuis dix jours de leurs petites phrases et on a juste un silence glorieux de François Hollande sur cette question», a renchéri dimanche le député UMP Laurent Wauquiez. Les critiques viennent aussi de gauche. Ex-ministre socialiste de l'Ecologie, mise à la porte du gouvernement début juillet pour avoir critiqué la faiblesse de ses crédits pour 2014, Delphine Batho s'est insurgée contre les différences de traitement au sein du gouvernement. «La démonstration est faite que, s'il s'agissait de m'avoir mise à la porte pour affirmer une autorité, elle n'a pas été démontrée à des étapes ultérieures», a-t-elle dénoncé.