«Jamais le suicide ne l'emportera sur l'amour.» Décidément, c'est le message que veulent imposer les jeunes Algériens issus de la toute nouvelle génération. Hier, pour la troisième fois, les initiateurs des «Cadenas d'Amour d'Alger» ont décidé d'investir encore une fois, pour la troisième fois, encore un autre pont, dans la capitale pour accrocher, cadenas, amour, liberté et tout ce qui est... noble. Comme quoi en Algérie, le cadenas, ce bout de métal ou symbole d'amour et de paix décide de faire toute une histoire. Après le pont de l'Amour (Ex-pont de Télemly), c'est autour d'un autre, celui situé à la colonne Voirol à Hydra, de se voir changer de vocation. Tout deux connus pour être les ponts de suicidés, ils se voient transformés en pont d'amoureux... Hier, des vieux et des jeunes, des femmes et des hommes, des amoureux se sont rendus sur le pont de la colonne Voirol pour sceller leur amour en accrochant des cadenas sur ses grillages. Les présents ont répondu pour le troisième appel du genre lancé par les initiateurs des «Cadenas d'Amour d'Alger». Mehdi Mehenni, un des initiateurs de l'évènement, et néanmoins journaliste au Soir d'Algérie dira à ce propos: «Contrairement au Pont de Télémly, où les habitants du quartier, manipulés par des intégristes se sont opposés à l'initiative, sur le pont de la Colonne Voirol, ça a plutôt fait bonne impression. L'espoir a fini par triompher et Alger a désormais son pont d'Amour». Voilà, pour la 3e fois en un mois, les militants de l'amour ont accroché des cadenas sur un pont d'Alger pour marquer leur espoir d'un avenir meilleur et leur rejet de l'intolérance notamment religieuse. «Pour moi c'est un geste militant de résistance, après dix ans d'intégrisme faisant suite à la tragédie nationale», clame la doctoresse Amira Bouraoui, en référence à la guerre sanglante contre l'islamisme dans les années 1990 qui a laissé la place à une présence salafiste. Postée aux côtés d'une dizaine de jeunes Algériens sur un pont du quartier chic de la colonne Voirol, à Hydra, cette gynécologue obstétricienne de 36 ans s'insurge contre, selon elle, l'intégrisme rampant. «Il n'a à aucun moment été condamné ici mais les militants du cadenas de l'amour, eux, sont condamnés», dit-elle. Les 7 et 14 septembre, des Algériens s'étaient d'abord rendus sur un pont du quartier de Télemly, dans le centre d'Alger. Rafika Djemali, une veuve, en était à son 3e cadenas. Un gros cadenas doré sur lequel elle a écrit en rouge «Omar forever» tout en y joignant une fleur blanche à la mémoire de son époux décédé d'un accident il y a plusieurs années. «Je voudrai dire aux prêcheurs contre l'amour que je n'ai pas besoin de «grigris» car Omar est mort mais que notre amour est toujours là», a-t-elle lancé. Enfin «cette action fédère ce qu'il y a de plus saint» dans notre société. «Des hommes et des femmes que les années du sang et de larmes n'ont pas réussi à leur faire perdre espoir» commente K.R., avant de continuer: «Il y a là l'expression de la société dans ce qu'elle a de plus vital. Ce qui ne manquera pas de susciter la réaction des «forces de la régression» et les conservateurs de tout bord».