La chanteuse andalouse Lila Borsali a donné un récital vendredi à Alger, en promotion de son nouvel opus Nouba Ghrib, dans lequel un travail de recherche mélodique appréciable a été mis en valeur, donnant lieu à une nouveauté dans le genre qui prélude à une ouverture dans le respect de l'authenticité. Gratifiant le public de la salle Ibn Zeydoun d'un florilège de chansons du terroir, Lila Borsali a présenté dans la subtilité Nouba Ghrib, d'une durée d'environ une heure et demie, dans le respect des préceptes académiques de l'école tlémcénienne. Dans le mode Ghrib (en Ré mineur), une dominance Raml El Maya et Aârak s'est nettement fait ressentir. La cantatrice explique ce choix par «la nécessité de changer d'ambiance modale par rapport à l'album précédent». Déroulant une succession de pièces aux rythmes différents constituant la nouba, l'artiste a offert à l'assistance un programme riche, composé de m'saddar, b'tayhi, dardj (en deux parties), insiraf (en quatre parties) et m'khellass (en deux parties). Maâchouk min ghaïdi el hissen, Tafa alayna», Mata nesstarihou, Sell mendaren, Rani bi el afrah, Echemsou malet, Ya kelbi khelli el hal, Wa achya, Emchi ya rassoul, Ya mouniat el kalb, constituent les pièces interprétées lors de ce récital, tirées de Nouba Ghrib, décliné en deux volumes. Ecrits par les plus grands poètes du patrimoine andalou, les textes, introduits à différents moments par deux touchiates, m'sedrine et insirafet, ainsi que par des Istikhbars, évoquent entre autres, la convivialité, l'amour, l'adoration de Dieu, la nature et la pureté de l'âme alternant lyrisme romantique et soufisme pour finir en beauté avec Touchiate El K'mel. Constituant la richesse du patrimoine andalou, les rythmes composés et les mélodies entraînantes qui ont alterné les modes majeurs et mineurs, ont emporté l'artiste, dans sa belle tenue brodée au fil doré, qui s'est détachée de son public les yeux rivés vers le haut, illustrant son texte par une gestuelle expressive, pour vivre de l'intérieur l'intensité du moment. Dans la noblesse des sonorités denses des instruments à cordes rassemblant le luth, la kouitra et le r'beb, qui bordaient la voix suave et cristalline de Lila Borsali, les adeptes de ce genre musical, présents dans l'auditorium ont pris du plaisir à savourer chaque moment du récital dans l'allégresse et la volupté. «Magnifique! Une belle randonnée dans les méandres de notre beau patrimoine!» a confié une dame. Accompagnant la cantatrice avec un professionnalisme qui allie la rigueur de l'école à l'expérience du métier, les musiciens, en costumes traditionnels et au nombre de 12 dont une femme seulement, Leila El Kébir, également manager de Lila Borsali, ont brillé de maîtrise et de dextérité, les frères Guelmaoui, Riadh, à la mandoline et Mahdi au luth, ainsi que Rahmoun Djilali au r'beb notamment. «Je choisis mes musiciens en fonction de leur compétence et des instruments dont j'ai besoin dans mon orchestre, la contrebasse, instrument qu'on n'a pas l'habitude de voir dans les orchestres andalous, en est un bon exemple», explique l'artiste.