L'interprète de musique hawzi, Lila Borsali, a donné vendredi à la basilique de Notre-Dame d'Afrique (Alger) un récital musical haut en couleur, typique de sa région natale Tlemcen, ville de l'Ouest algérien, capitale de la culture islamique pour l'année 2011. Habillée en robe traditionnelle de couleur mauve et ornée de motifs dorés, Lila Borsali, assise à l'avant de dix musiciens, kwitra (genre de luth) entre les mains, a gratifié l'assistance d'une nouba dans le mode Rasd dhil, interprétée selon les règles du gharnati (école de Tlemcen), suivie d'extraits du patrimoine hawzi et même hawfi, chants propres aux femmes de la région. D'une voix cristalline, cette jeune artiste, à peine la trentaine entamée, a débuté sa nouba, après une touchia exécutée par l'ensemble de l'orchestre, par un mçadar «Qad gharred» et terminé en beauté par un Khlass «Djoul djoul» en entrecoupant l'enchaînement des différents morceaux par un Istikhbar dans le mode Moual «Lamma tarakoum». Marquées par un «charmant» vibrato, les vocalises dégagées par les cordes vocales de Lila Borsali résonnaient bien avec l'acoustique du lieu. La deuxième partie du récital a comporté du hawfi, chants que les femmes nubiles de Tlemcen d'antan improvisaient en jouant à la balançoire. Ce genre de musique féminine a été immortalisé grâce à de célèbres chanteuses comme Maâlma Yamna et Chikha Titma. Fidèle au dérivé du patrimoine musical andalou de la région de Tlemcen, en l'occurrence le hawzi, l'artiste a préféré clore son programme par deux morceaux, «Tlemcen ya h'mam» et «Bet andi el barah», avec beaucoup de nostalgie à la fois dans la voix et dans l'expression de son visage angélique au sourire timide mais radieux. Lila Borsali est issue d'une famille tlemcénienne d'artistes. C'est à Tlemcen qu'elle fait ses premiers pas dans la musique. Dès l'âge de onze ans, elle est l'élève assidue de M. Bekkai lequel dirige une classe d'initiation à la musique, et apprend déjà à jouer de la mandoline. Elle intègrera quelque temps après la prestigieuse association «Ahbab Cheikh Larbi Bensari» et fera rapidement partie de l'orchestre «senior» dirigé par Fawzi Kalfat. Elle devient aussitôt l'une des solistes du groupe et participe à de nombreux concerts et festivals ainsi qu'à l'enregistrement d'un CD à Radio France: Nouba Zidane, où elle interprète un insiraf «Ya ghazal dabyu el hima». En 1995, elle s'installe à Paris et devient cofondatrice de l'Association Les Airs Andalous. Sous la direction de Abdelkrim Bensid, elle opte pour un instrument plus traditionnel, la kwitra, enrichit ses connaissances dans le domaine du patrimoine et parfait sa technique de chant. En 2009, Lila Borsali est de retour en Algérie. Elle devient membre de l'association «Les Beaux-Arts» d'Alger sous la direction de Abdelhadi Boukoura. Elle participe avec cette association à diverses manifestations et enregistre avec l'orchestre une nouba Rasd où elle interprète un insiraf. Entourée de musiciens de l'école d'Alger et de Tlemcen, Lila Borsali sort un album hawzi en 2010 intitulé «Frak lahbab».