Chakib est sur la voie rapide du côté de Ben Aknoun. Katia le double... patatras... Chakib Ch., 29 ans, avait constitué Maître Marzouki Fouad pour sa défense dans un dossier sensible. Il est inculpé d'usurpation d'identité, fait prévu et puni par l'article 245 du Code pénal. Et si Chakib qui s'était chamaillé avec une certaine Katia, une bouillonnante automobiliste dont le véhicule a eu des bobos seulement mécaniques à la suite de la petite collision aux gros dégâts, ignorait la loi, l'article cité contient de gravissimes propos qui peuvent coûter à leurs auteurs une peine de un à deux mois d'emprisonnement et une amende de 500 DA à 1000 DA. Et cet article a été pondu par la loi n° 06-23 du 20 décembre 2006, période qui a vu le législateur serrer les vis de tolérance des textes. Et si Chakib s'était attribué une fonction qu'il n'avait pas face à la belle Katia, c'était beaucoup plus pour faire taire la jeune fille que pour l'éblouir, voire la séduire Or, Chakib s'est indûment attribué un titre qu'il ne possédait pas. Mais l'inculpé a nié les faits. L'avocat dira plus tard que le parquet a mal agi: «On aurait dû classer purement et simplement ce dossier totalement vide», s'exclamera plus tard le conseil. La présidente, Samira Kirad, souriante, jouera «cool» et comme toujours, évitera l'emballement. Elle est comme d'habitude sereine. Elle rappellera en deux minutes et demie les faits: «Vous vous étiez pris au collet sur la voie rapide» a dit la juge en évitant là aussi de dire «autoroute» en évoquant la voie rapide Dar El Beïda-Zéralda qui n'a rien effectivement d'une autoroute. La magistrate écoute Chakib rappeler que la victime n'avait fait que des déclarations contradictoires. «Oui, peut-être bien, mais elle n'est pas là aujourd'hui pour vous contredire...», dit-elle. Et là, la pointilleuse juge Kirad n'avait pas voulu entrer dans le détail. Elle a même évité de préciser que les faits s'étaient déroulés à 40 mètres de la passerelle menant vers le tribunal de Bir Mourad Raïs à Saïd Hamdine. L'abribus qui a un arrêt de bus venant de Ben Aknoun et les Deux-Bassins a été le théâtre des insultes que Chakib a soulevées, la victime ayant été inélégante: «Il y a eu une manoeuvre dangereuse ayant gêné la conduite de Chakib dont le sang n'avait fait qu'un tour.» «Elle est descendue de son véhicule et m'a empêché de repartir. Elle a même usé de violence verbale par d'inqualifiables insultes», avait articulé, l'air triste, l'inculpé qui s'est dit être l'arroseur arrosé dans cette malheureuse affaire qui n'aurait jamais dû quitter les bureaux de la sûreté urbaine où se sont déroulés les faits. Le représentant du ministère public, le discret Gueras ne tardera pas à demander la peine d'emprisonnement prévue par l'article 242, un an ferme. Maître Fouad Marzouki sautera de suite au cou de l'article 242 et plaide le 245 du Code pénal. Il est franchement mécontent de la tournure des choses: «Madame la présidente, c'est insupportable de suivre des choses illogiques. D'une conduite dérangeante, nous sommes à l'année ferme de prison. Normalement, il n'y a rien. Il y a eu des mots et des maux. Mon client a reçu des excuses de la part du papa de la victime qui avait insulté Chakib. Elle a prétendu que mon client s'était présenté comme officier de police. Quand bien même il l'aurait fait, est-ce un crime que de se présenter comme étant dans la police? C'est plutôt flatteur que d'être policier ou officier de police» avait articulé le défenseur qui a tenu à aller plus au fond en estimant que Chakib est mieux qu'un officier de police: «C'est un fonctionnaire des impôts! Aux USA, le fisc est plus redouté que le FBI. ou la CIA!» conclut le Conseil qui n'avait pas vu la grimace de Mme Samira Kirad qui allait presque protester devant l'évocation des Yankees... En fin d'audience, une amende a été infligée à Chakib qui s'en est tiré à bon compte...