Un caméraman militant du FLN a été tabassé par plusieurs personnes. Le candidat Ali Benflis a vécu, hier, à Béjaïa, un accueil triomphal de la part des Bougiotes. La salle Amirouche où s'est déroulé son meeting dans l'après-midi a fait salle archicomble. Plusieurs milliers de personnes ont attendu des heures durant l'arrivée d'Ali Benflis. Flanqué du président de l'APN, Karim Younès, le SG du FLN a été la coqueluche d'un soir de Béjaïa. aux cris de «Bouteflika assassin» et «Imazighen». Benflis a salué la foule en tamazight avant de laisser sa verve verbale subjuguer une foule en délire. Avant de prononcer son discours, il a tenu à s'excuser du retard enregistré et enchaînera sur le sujet qui était sur toutes les lèvres : la crise de Kabylie : «Je vais ouvrir le dossier de la Kabylie.» Il rappellera que la décision lui échappait et qu'elle se situait au niveau présidentiel. Revenant sur le premier dialogue archs-gouvernement dont il était responsable, Ali Benflis dira qu'«il avait les mains liées et ligotées». La foule en extase scande : «Bouteflika, Zerhouni, daoula irhabia.» Dans la matinée, lors de sa première escale à Illizi, le meeting de Benflis a failli dégénérer, n'était le sang-froid et la maîtrise des militants du FLN qui n'ont pas répondu à la provocation des personnes chargées de torpiller le meeting. Une véritable embuscade orchestrée de main de maître par des éléments hostiles au candidat Benflis a failli provoquer un véritable drame. Des dizaines de personnes, hommes et femmes, se sont agglutinées aux abords de la salle, portraits de Bouteflika en main, brandis à la face de la délégation. Des menaces de mort ont été proférées à l'encontre des membres des comités de soutien, tout cela devant un service d'ordre étrangement passif. Les éléments dépêchés pour perturber le meeting ont tout tenté pour intimider des sympathisants de Benflis. Les personnes surexcitées, à l'extrême, ne voulaient pas quitter les lieux. L'officier de police, qui dirigeait la manoeuvre, n'a pas pris au sérieux l'avertissement lancé par quelques responsables qui lui conseillaient d'évacuer les alentours. Il leur répondra stoïquement: «Tant qu'ils crient des slogans, on ne pourra pas intervenir.» La suite malheureusement lui donnera tort. Dès que Benflis fait son entrée dans la salle, une cinquantaine de jeunes commencent à déchirer les portraits de Benflis et à balancer par-dessus les têtes des personnes présentes, les chaises et tout ce qu'ils trouvaient sur place. Au même moment, les portes qui étaient restées fermées par mesure de sécurité cèdent et des jeunes qui attendaient à l'extérieur font irruption. Des coups sont donnés et c'est une véritable chasse à l'homme qui se déclenche dans la salle. Une bousculade monstre a failli emporter tout sur son passage. Les jeunes se déchaînent sur ce qui reste comme matériel qu'ils cassent à tours de bras. Un caméraman militant du FLN est tabassé par plusieurs personnes. Il échappe de justesse à un véritable lynchage. Benflis est évacué d'extrême justesse. La tempête de sable qui s'est abattue sur Illizi a gêné le regroupement de la délégation. Le sauve-qui-peut est de mise. La mouhafadha est prise d'assaut. Un homme brandissant une épée fait sa propre loi. Dehors, le vent de sable aidant, les agents de l'ordre, un moment passifs, décident de passer à l'action. Le chef de sûreté de la wilaya, venu présenter ses excuses est vertement tancé par Benflis : «Vous êtes complices. Sortez ! Sortez !» Dans l'avion qui nous transportent à Jijel, Benflis fera une petite déclaration expresse : «On ne veut pas me laisser parler. Car mon projet est soutenu par la majorité du peuple. Je continuerai le combat et nous allons gagner. Ces agissements prouvent que la peur habite l'autre camp.» A Jijel, deuxième étape de son périple, le candidat Benflis a trouvé un soutien de taille après celui de Béjaïa. Dans la salle Aberkane, Benflis a commencé par leur dire qu'il était venu à Jijel deux fois dans le cadre d'élections et à chaque fois il a gagné. Celle-ci, la troisième, il dira qu'«il la gagnera». Aux Jijelis, il promettra de «relancer les projets de Bellara et du port de Djendjen» et qu'il fera en sorte que cette wilaya, à forte potentialité agricole, trouve sa place. Le chômage, estimé à 70% par Benflis, sera l'autre tâche à laquelle il s'attellera s'il est élu président. Un communiqué du candidat Benflis «dénonçant la manipulation de la population par le président-candidat Bouteflika» a été distribué à la presse.