C'est un tableau d'une «commune en détresse», que les élus de l'opposition au sein de l'Assemblée populaire d'Akbou, «une des plus riches du pays», ont brossé, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de la Ligue pour la défense des droits de l'homme à Béjaïa. Le bras de fer entre les deux parties, jusque-là en sourdine, s'étale sur la scène publique. Les élus de la liste indépendante «Akbou avant tout» et du Mouvement pour l'entente nationale s'associent pour constituer un bloc, qui s'en va-t-en-guerre contre le maire, Abderrahmane Bensabaâ, accusé de gestion «révolue, anarchique et dépourvue de toute conception et vision d'avenir». Ils interpellent, à ce titre, le wali afin de concrétiser sa promesse de «réunir l'assemblée élargie aux cadres de la commune» et «à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette situation qui enfreint lourdement le développement de la commune et génère une dégradation du cadre de vie de nos concitoyens». Les conférenciers ont, tour à tour, regretté «le marasme et la léthargie sans précédent», que vit l'un des plus grands carrefours d'échange économique, culturel et social de la région, en l'occurrence la ville d'Akbou. Une ville qui reste à leurs yeux «otage» d'une gestion qui se caractérise par «l'inaction, le laxisme et le comportement du premier magistrat de la ville». Pour étayer leurs dires, les élus citent de nombreux exemples dont le fonctionnement qui se singularise par «une assemblée méprisée, marginalisée, voire paralysée par la non-tenue régulière des assemblées ordinaires - une seule session s'est tenue en 11 mois d'exercice-, l'absence des membres de l'opposition dans les commissions ouverture et de jugement des offres, qui traduit «l'opacité et l'hermétisme quant à leur gestion». Sur le plan administratif, l'opposition parle d'une «instance déstructurée, désarticulée par les décisions anarchiques et unilatérales du président de l'APC, une désorganisation des services de la commune, l'absence d'un secrétaire général depuis une décennie». Le développement communal connaît une «panne sèche qui se manifeste à travers le gel et le non-lancement des différents projets déjà inscrits depuis 2008», qui s'est traduit par un état des lieux «lamentable» et ce, malgré les moyens financiers importants dont «les recettes communales annuelles qui dépassent 100 milliards de centimes». Le montant des projets non réalisés à ce jour s'élève à 300 milliards de centimes, expliquent les élus, mettant en exergue un «excédent au 4e exercice qui s'élève à 380 milliards de centimes et le non-établissement du compte administratif et le budget supplémentaire depuis l'année 2005. «L'incapacité de gestion et de collecte des déchets ménagers, l'état de délabrement des marchés communaux (marché de gros fruits et légumes et véhicules), le plan de circulation non encore réalisé, l'absence de politique sociale et l'incapacité du premier magistrat à procéder au plaidoyer des différents projets structurants de la commune d'Akbou, en l'occurrence: le dédoublement de la RN26, la nouvelle gare routière, la gestion du foncier communal, le suivi de la station d'épuration....», Autant de points développés par les conférenciers, mais qui restent «uniquement à titre indicatif car la liste des préoccupations des citoyens et citoyennes et la prise en charge de leurs doléances est encore longue.... Le non-paiement des redevances locatives des biens immobiliers qui s'élèvent à 8.800.000 DA dont 4.770.000 DA de redevances de l'ex- Encotrab (l'entreprise du président de l'APC), a accaparé les différentes interventions à côté d'autres «irrégularités et infractions au Code des marchés», dont «l'attribution de contrat et acquisition de matériels sans consultation (Internet, revue Ma Ville, entretien de la climatisation...), le lancement d'aménagement de plusieurs carrefours sans études préalables et à des coûts exorbitants et sans consultation de l'assemblée actuelle....». En conclusion, les conférenciers ont estimé qu'il «est temps d'agir pour redresser la situation» et d'insuffler l'énergie et l'audace nécessaires pour rendre «réalisable la libération de notre collectivité des mains de la médiocrité et du non-sens et convaincus que la gestion occulte, oligarchique et hasardeuse de l'actuel président de l'APC». Face à cette «situation grave» et conscients de la nécessité d'une solution appropriée et définitive, les élus de l'APC d'Akbou demandent au premier magistrat de la wilaya, déjà à l'écoute et sensibilisé aux détails de la situation qui prévaut, d'intervenir et de «mettre fin au marasme que vit notre commune». Faute de quoi, les élus de l'opposition demanderont le départ du maire et se réservent le recours à tous les moyens légaux pour le concrétiser.» «Si la dissolution de l'assemblée est une solution, nous ne sommes pas contre», affirment-ils à la fin.