Le flou maintenu sur ce projet capital qui concerne l'avenir politique du pays suscite davantage d'appréhensions au sein de la classe politique. C'est un vrai secret d'Etat. Le projet de révision de la Constitution reste inconnu. A six mois de la présidentielle de 2014, ce chantier, le plus important du processus des réformes politiques, n'a toujours pas dévoilé son contenu. Le rapport de la commission chargée de l'élaboration de ce projet a été remis au président de la République depuis plus d'un mois. Or, jusqu'à présent, aucune information n'a filtré. En l'absence de l'officiel, la polémique bat son plein sur les éventuels changements qui seront apportés à l'actuelle Constitution. La classe politique reste suspendue à l'annonce de ce projet. Les partis attendent avec impatience de voir le contenu de la nouvelle loi fondamentale du pays pour réagir. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'est exprimé sur ce sujet sans pour autant donner des détails ni sur le contenu ni sur au moins l'échéance fixée. Interrogé a plusieurs reprises sur la question de savoir si ce projet sera au menu de cette session d'automne, M.Sellal a toujours dit que la décision est du ressort du président de la République. Le flou maintenu sur ce projet capital qui concerne l'avenir du pays suscite davantage des suspicions au sein de la classe politique. Se référant au timing et tenant compte de l'importance de ce projet, les appels à un report de la révision de la Constitution après la présidentielle de 2014 se multiplient. Les partis sont de plus en plus nombreux à le revendiquer. Le patron du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah, soutient cette idée. Le leader de la mouvance islamiste a rejoint le clan des partis qui plaident pour le report de la révision de la Constitution, après l'élection présidentielle. Intervenant à l'ouverture des travaux de la rencontre nationale des chefs de bureau de wilaya du FJD tenue récemment, M.Djaballah s'est prononcé pour l'ajournement du projet de révision de la Constitution jusqu'après la prochaine élection présidentielle soulignant la nécessité «d'ouvrir un vaste débat sur le projet en y impliquant toutes les catégories de la société». Dans ce contexte, M.Djaballah a énuméré les «lacunes de l'actuelle Constitution», citant particulièrement «la marginalisation» du rôle du Parlement dans le contrôle et la légifération et le rôle consultatif de la Cour des comptes. Pour Djaballah, ce projet nécessite un vaste débat car il s'agit de l'avenir politique des 38 millions d'Algériens. Le patron du Front pour le changement appuie cette hypothèse. «Le projet de la révision de la Constitution doit être l'émanation d'un consensus national qui garantit les libertés démocratiques et non pas d'une personne ou d'un groupe qui obéit aux pressions, afin d'imposer des lois qui ne sont pas acceptées et adoptées par tous», a affirmé Menasra lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège du parti. La secrétaire générale du Parti des travailleurs le réclame haut et fort, à chaque sortie médiatique. Louisa Hanoune estime qu'un tel projet ne représente pas une priorité dans la situation actuelle où l'Algérie est appelée à relever les défis de sa stabilité politique et sécuritaire dans un contexte régional crucial. Même des juristes et des constitutionalistes partagent cet avis. Vu que la révision de la Constitution doit faire l'objet de consultations entre les représentants de la société civile et en prévision du rendez-vous électoral, ces derniers estiment qu'il serait mieux de reporter la révision de la Constitution après la présidentielle.