Le match Burkina Faso-Algérie allait tomber entre les mains de la télévision égyptienne Prenant connaissance de l'hésitation d'Al Jazeera Sport, les responsables égyptiens ont profité de ce moment d'hésitation et ont proposé 6,5 millions de dollars pour l'achat du pack des dix matchs barrages pour la zone Afrique dont le match aller de l'Algérie. Après l'épisode des droits sportifs entre Al Jazeera Sport et L'Entv, des informations sur la bataille des droits sportifs commencent peu à peu à tomber. Ainsi, selon des sources sûres, le match Burkina Faso-Algérie piraté par l'Entv allait tomber entre les mains de la télévision égyptienne. Une situation qui aurait pu être plus conflictuelle et très politique si la télévision égyptienne avait acheté les droits des matchs de l'Algérie et aurait refusé de revendre les droits pour l'Entv. En effet, juste après le tirage au sort des matchs barrages pour la zone Afrique, le 16 septembre, la détentrice des droits des matchs pour la zone Afrique Sportfive avait fait la première offre à Al Jazeera Sport proposant un pack de 10 matchs barrages comptant pour la qualification pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil, pour 10 millions de dollars. Dix nations africaines étaient concernées par ces droits, mais seulement trois pays arabes: l'Egypte, l'Algérie et la Tunisie intéressaient Al Jazeera Sport qui diffuse seulement dans la zone Afrique du Nord et Monde arabe. La télévision qatarie ne pouvait revendre les matchs qu'aux trois pays arabes, sachant que Sportfive qui détient les droits des pays Afrique subsaharienne et australe, allait revendre les matchs pour le Cameroun, le Ghana, le Burkina Faso, le Nigeria et l'Ethiopie. Mais voyant que seul trois pays seraient intéressés par son offre de rachat et probablement seule l'Algérie était en mesure de payer, le patron d'Al Jazeera Sport, Nasser Al Khellifi, en fin négociateur, a offert seulement 5,5 millions dollars à Sportfive pour l'achat des 10 matchs des barrages. Prenant connaissance de l'offre d'Al Jazeera Sport, les responsables égyptiens ont profité de ce moment d'hésitation de la télévision qatarie et ont proposé 6,5 millions de dollars pour l'achat du pack des dix matchs barrages pour la zone Afrique à la société française Sportfive. L'Egypte, qui avait des problèmes politiques avec le Qatar et plus particulièrement avec Al Jazeera News, voulait absolument éviter de tomber entre les mains des responsables qataris. Les Egyptiens voulaient assurer la retransmission des matchs de son équipe et voulaient revendre les matchs de l'Algérie et de la Tunisie à une somme équivalente au prix d'achat pour récupérer leur dû et peut être prendre un bénéfice. La télévision égyptienne possède plusieurs chaînes sportives (Nile Sport, Modern Sport...) et de ce fait elle pouvait diffuser sur le réseau national. Mais finalement, l'offre égyptienne a été refusée par Sportfive qui a préféré vendre à perte 5,5 millions de dollars pour les Qataris que d'être la source d'un nouveau conflit extrasportif entre l'Algérie et l'Egypte. C'est notamment grâce à l'efficacité du patron du département Afrique de Sportfive, le Marocain Idriss Akki, qui possède d'excellentes relations avec les responsables du football et de la Télévision nationale en Algérie et qui connaît assez bien le contentieux entre l'Egypte et l'Algérie, qui a fait éviter le pire dans cette affaire. A Sportfive, on sait pertinemment que la télévision égyptienne n'a pas les moyens de sa politique, alors qu'Al Jazeera Sport était réputée pour être un bon payeur. L'Entv, qui est la seule télévision du Maghreb capable de sortir le chéquier, n'avait pas soumissionné pour acheter les droits des matchs barrages. Elle pouvait pourtant négocier directement avec le premier détenteur des droits Sportfive, mais entre-temps Al Jazeera Sport a récupéré les droits pour l'Afrique du Nord et le Monde arabe et donc il fallait traiter avec les Qataris. En réalité, la Télévision algérienne n'était pas intéressée par le pack des 10 matchs. Elle voulait seulement les matchs de l'Algérie. Le reste de l'histoire est connu. Les droits d'images sont un investissement à long terme et pas seulement l'opération d'un seul match. En l'absence d'une politique claire d'achat des droits d'images, l'Algérie sera toujours prise en otage des surenchères. La société Sportfive, par exemple, qui a été acquise en 2006 par le groupe français Lagardère pour 865 millions d'euros, détient l'exclusivité de la commercialisation des droits marketing des compétitions de la CAF pour la période 2008-2016. Cette cession des droits est le fruit d'une relation entre le fondateur de Sportfive, Jean-Claude Darmon, avec Issa Hayatou, l'indéboulonnable président de la CAF depuis 1988. Aujourd'hui, cette société française bien installée en Afrique a pris possession des droits sportifs des principaux événements sportifs entre 2014 et 2016.