Une demande de remise en liberté du journaliste Ali Anouzla, dont l'inculpation pour terrorisme a soulevé une vague d'indignation au Maroc et à l'étranger, a été déposée mardi devant le juge d'instruction de la cour d'appel de Salé, a indiqué son avocat. « Nous avons demandé que les poursuites aient lieu dans le cadre de la liberté provisoire. Le juge d'instruction doit trancher dans les cinq jours », a déclaré Me Semlali, ajoutant qu'une nouvelle audience était prévue le 30 octobre. Dans le même temps, quelques dizaines de personnes ont participé à un sit-in devant la cour d'appel en soutien à ce journaliste de renom arrêté le 17 septembre à la suite d'un article sur une vidéo d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) fustigeant le régime marocain et appelant au jihad. La version arabophone du média électronique Lakome, dont M. Anouzla est le directeur, avait à cette occasion publié un lien vers le site du quotidien espagnol El Pais, où la vidéo en question était disponible. Ali Anouzla, connu pour ses prises de position critiques envers le régime, a été inculpé pour « assistance matérielle », « apologie » et « incitation à l'exécution d'actes terroristes », puis incarcéré à Salé, près de Rabat, où sont détenues les personnes jugées pour terrorisme. Cette affaire a entraîné plusieurs manifestations au Maroc, ainsi que des condamnations des organisations internationales Human Rights Watch (HRW), Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty international. Alors que le Département d'Etat américain a exprimé son « inquiétude », RSF a indiqué mardi avoir sollicité une intervention du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, auprès de son homologue marocain, qu'il rencontrera mercredi en Espagne. Aux termes de la loi antiterroriste votée en 2003 après une vague d'attentats à Casablanca, Ali Anouzla encourt jusqu'à 20 ans de prison. Ses détracteurs lui reprochent d'avoir offert une tribune à Aqmi. Ses soutiens font valoir que Lakome avait prévenu qu'il s'agissait d'une vidéo de «propagande ». Le dossier a connu des rebondissements ces derniers jours: M. Anouzla a pris un nouvel avocat et demandé dans un communiqué «l'arrêt provisoire » de Lakome, en attendant sa sortie de prison. D'autres responsables du site ont émis le souhait de poursuivre leur travail, mais l'accès à Lakome a été bloqué dans le royaume, qu'il s'agisse des versions arabophone ou francophone. Certaines voix ont crié à la censure, tandis que le nouvel avocat du journaliste a affirmé avoir lui-même notifié la demande d'arrêt provisoire.