Une assiette foncière de près de 30 ha L'Algérie va actionner son droit de préemption sur l'usine de pneumatiques de Michelin sise à Bachdjarrah. Le groupe agroalimentaire Cevital vient de subir un véritable camouflet. La procédure de préemption que compte lancer le gouvernement sur l'usine Michelin Algérie pour torpiller la transaction avec le groupe Cevital d'Issad Rebrab, se précise. C'est ce qu'a rapporté hier, le journal One line Maghreb Emergent citant comme source le député du Parti des travailleurs et ex-syndicaliste d'El Hadjar, Smaïn Kouadria. Ce dernier a affirmé tenir cette information de «sources sûres». Selon le journal, le Fonds national de l'investissement (FNI) et la société de commercialisation et distribution des produits pétroliers et dérivés (Naftal) pourraient être candidats au rachat des actifs de Michelin - Algérie. «Notre source, qui suit de très près l'évolution de cette affaire, rappelle que lors de la tripartite du 10 octobre, décision a été prise d'élargir les prérogatives du FNI pour lui donner la possibilité d'acquérir des actifs d'entreprises privées, en plus de ceux d'entités publiques», a ajouté le même journal. Le gouvernement algérien est revenu récemment à la charge pour actionner son droit de préemption sur l'usine de pneumatiques de Michelin sise à Bachdjarrah, à travers une instruction adressée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au nouveau titulaire du département de l'industrie, Amara Benyounès. Finalement, tout le tintamarre qu'a fait le marketing du projet de vente de cette entité économique et son rachat par le groupe Cevital aura été vain. Déjà, en septembre dernier, le SG du ministère du Développement industriel a saisi, via une correspondance, un huissier de justice pour engager une procédure pour faire invalider la transaction avec Cevital. L'huissier de justice a saisi le DG de Michelin Algérie. Invité de la radio Web Maghreb, de Maghreb émergent, en juin dernier, le patron de Cevital a insisté sur le fait que le droit de préemption n'est pas applicable dans le cas de Michelin Algérie puisqu'il ne s'agit pas, selon lui, d'une cession du propriétaire étranger à son profit, mais d'une augmentation de capital. «De toute façon, Michelin avait pris la décision de fermer le site d'Alger. Que fallait-il faire dans ce cas-là? Nous nous proposons de reprendre l'ensemble des collaborateurs de Michelin Algérie», a indiqué Rebrab. Il estime qu' «avec une capacité de 200.000 pneus/an Michelin Algérie n'avait pas la taille nécessaire pour maintenir son activité sur un marché de 600.000 pneus pour véhicules industriels ouvert à la concurrence mondiale». Pour sa part, Igor Zyemit, désormais ex-DG de la Société Michelin Algérie, a expliqué que la cession de l'usine de Bachdjarrah s'était imposée compte tenu de la crise. Mécontents et se sentant trahis, les travailleurs de Michelin s'en remettent au premier magistrat du pays auquel ils ont adressé une missive. Dans leur lettre, ils ont rappelé qu'ils ont signé un accord de partenariat industriel et commercial avec Cevital qui entrera dans le capital social de Michelin Algérie à hauteur de 67% et Michelin conservera temporairement les autres 33% des parts jusqu'à l'arrêt de la fabrication prévu fin 2013. Ils rappellent également qu'à terme, Cevital détiendra l'intégralité du capital de la société Michelin Algérie. Or, tout cela n'est que ««mascarade et cafouillage», car expliquent-ils, «en aucun cas, il s'agit d'un accord de partenariat, car qui dit partenariat, dit continuité de l'activité industrielle, chose que ne fera jamais Michelin Algérie, ni Cevital». Ils expliquent qu'en s'associant avec Cevital, Michelin voulait trouver une issue de sortie sans de trop grands dégâts. Pour les travailleurs, le deal est donc clair: «Michelin a trouvé en Cevital une caution idéale pour la fermeture de son usine.» Mais pour quelle contrepartie? Les travailleurs expliquent que Cevital rachètera le site de Bachdjarrah dont la superficie dépasse 28 hectares. «Issaâd Rebrab saute sur cette affaire du siècle, en rachetant le site Michelin Algérie à un prix plus que dérisoire, en contrepartie, Cevital s'engagera à l'aider à quitter l'Algérie avec l'aval des autorités». Courroucés par une pareille transaction, les travailleurs s'insurgent: «Honte à Michelin qui sacrifie 600 employés en proposant des indemnités de départ appelées mesure d'accompagnement! Honte à Cevital qui annonce à la presse que les employés de Michelin Algérie allaient être intégrés dans les différentes filiales de Cevital!». Les travailleurs protestataires appellent le président de la République à intervenir dans les plus brefs délais «car le plus important à nos yeux, est le maintien de l'activité industrielle» «Si Michelin veut quitter l'Algérie (...) mais il n'a qu'à laisser l'outil industriel et si son intention est de trouver un partenaire, qu'il trouve un autre que Rebrab qui veut à tout prix acquérir le terrain pour en faire un dépôt pour la distribution de ses produits».