La répression est montée d'un cran dans les territoires occupés depuis la visite de l'envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental. Le souverain marocain veut-il torpiller les efforts du représentant personnel du SG de l'ONU pour trouver une solution au conflit qui oppose son Royaume au Front Polisario? Christopher Ross présentera le 30 octobre (demain) son rapport sur la situation qui prévaut au Sahara occidental. Le Conseil de sécurité fermera t-il à nouveau les yeux sur les exactions et les violences exercées par les forces d'occupation marocaines contre les populations sahraouies? Le président de la Rasd ne s'est pas posé ces questions. Dans une lettre adressée à la Commission des Nations unies des droits de l'homme, il a exhorté pour la seconde fois en l'espace de moins d'une semaine (voir L'Expression du 27 octobre), les instances onusiennes d'«offrir aux Sahraouis une protection internationale» tout en affirmant le besoin «urgent» de doter la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme. Mohamed Abdelaziz a dénoncé l'intention «revancharde et belliqueuse de l'occupant marocain qui continue d'user de méthodes de répression et de terreur». L'intervention des forces d'occupation marocaines contre les manifestants dans les villes d'El Ayoun et Smara occupées, lors de la visite de l'envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, s'est soldée par une centaine de blessés et la perquisition de 29 maisons indique dans sa missive le secrétaire général du Front Polisario qui a demandé au Haut Commissariat aux droits de l'homme «d'intervenir pour accorder aux Sahraouis le droit légitime à l'expression, au regroupement, aux manifestations pacifiques, à l'accès libre à la Minurso, aux organisations des droits de l'homme, aux observateurs et aux journalistes indépendants». «Nous attirons votre attention sur la situation intenable des civils sahraouis sans défense et vous demandons d'intervenir en toute urgence pour mettre fin à cette injustice flagrante. La communauté internationale ne peut permettre à un Etat d'occupation militaire d'incriminer et de juger des citoyens innocents dont le seul tort est de demander pacifiquement l'application de la Charte et des résolutions des Nations unies qui stipulent le droit des peuples colonisés à l'autodétermination et à l'indépendance à travers un référendum libre juste et régulier», a insisté Mohamed Abdelaziz qui sollicite une réaction de Navi Pillay la commissaire onusienne chargée des droits de l'homme. Cette montée au créneau du président sahraoui intervient alors que les forces d'occupation marocaines ont fait usage de la force pour disperser un groupe de chômeurs sahraouis rassemblés devant le siège administratif d'une entreprise à El Ayoun pour protester contre leur marginalisation. «L'intervention violente des autorités marocaines qui était assortie de coups et de pratiques attentatoires à la dignité humaine a causé des blessures de divers degrés de gravité aux protestataires, dont quatre ont été évacués vers l'hôpital», selon un défenseur sahraoui des droits de l'homme rapporte, une dépêche de l'agence de presse officielle sahraouie SPS datée du 27 octobre 2013. A Dakhla, la fièvre est montée d'un cran. La ville vit «un état de siège inhumain» imposé depuis mardi dernier par les autorités d'occupation marocaines suite à «des manifestations pacifiques de citoyens sahraouis solidaires avec les deux villes occupées d'Al Ayoun et de Smara», a rapporté SPS qui a cité une source sahraouie. «Les forces de sécurité marocaines ont été dépêchées à Dakhla. Elles ont isolé la ville et imposé un état de siège en s'adonnant à une répression sans précédent contre la population sahraouie», a ajouté le même canal d'information. Le discours guerrier du monarque alaouite prononcé le 11 octobre prend désormais tout son sens. «Au lieu d'attendre les attaques de nos adversaires pour y riposter, il faut plutôt les acculer à la défensive, en prenant les devants, en anticipant les événements...» avait-il déclaré à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne du Parlement marocain. Mohammed VI se prépare au pire sauf à la paix. Sauf au respect des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui garantissent au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination...