Une délégation du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme se trouve depuis hier soir à Tindouf, dans les camps de réfugiés sahraouis. Arrivant d'El- Ayoune, capitale occupée du territoire non autonome du Sahara occidental, les cinq membres de la délégation vont s'entretenir avec les responsables de la RASD et du Front Polisario, ainsi que les ONG sahraouies sur la situation des droits humains dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine depuis le 31 octobre 1975. Cette visite, la première du genre depuis le retrait de l'Espagne du territoire, intervient à la suite des recommandations du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, contenues dans son rapport du 18 avril dernier. Un rapport dans lequel il a exprimé sa préoccupation pour les violations des droits humains au Sahara occidental, référence faite aux manifestations populaires dans ce territoire, réprimées par les autorités de Rabat, qui ont fait en une année deux morts, des centaines de blessés et de détenus, selon des sources sahraouies. Hasard de calendrier, la tournée de la délégation onusienne dans la région coïncide avec le 33e anniversaire de la création du Front Polisario et du déclenchement de la lutte armée par ce dernier. Hier, Mohamed Abdelaziz, le président de la République sahraouie et secrétaire général du Front Polisario, a appelé Kofi Annan à “clore définitivement” le dossier sahraoui avant la fin 2006. “Nous demandons à M. Annan de clore définitivement la question de la dernière colonie en Afrique avant la fin de son second mandat”, a-t-il déclaré dans un entretien à l'APS. Il a également indiqué que les “instruments adéquats pour régler le conflit du Sahara occidental existent”, en rappelant le “plan de règlement de 1991, enrichi par les accords de Houston de 1997 et le plan Baker”. Le chef de l'Etat sahraoui a estimé qu'un tel règlement est réalisable pour peu que M. Annan demande “à la communauté internationale de l'aider pour faire pression sur le Maroc et l'amener à respecter les accords qu'il a signés”. “Le Maroc s'est mis au ban de la communauté internationale, et celle-ci se doit de le traiter comme un Etat rebelle à la légalité internationale”, a expliqué Mohamed Abdelaziz, notant que le rapport de Kofi Annan a constitué une “dangereuse tentative de dévier la question sahraouie de son cadre naturel, qui est la décolonisation”. L'interviewé a, en outre, affirmé que le plan marocain d'“autonomie” est “mort-né”, en donnant pour preuves “les manifestations pacifiques continues depuis un an” à Al-Ayoune, Smara, Dakhla et dans les autres villes sahraouies occupées. “La résistance pacifique est complémentaire de la lutte armée. Le peuple sahraoui a différents moyens de lutte qu'il utilise selon son intérêt et la conjoncture. Sans jeter le fusil, nos forces armées se trouvent d'ailleurs dans nos territoires libérés, prêtes à reprendre la guerre et au sacrifice”, a-t-il dit non sans préciser sa préférence à “la lutte pacifique comme moyen efficace utilisé par de nombreux peuples luttant pour leur libération”. Aussi a-t-il appelé à la création, au sein de la Minurso, d'un “mécanisme onusien” chargé de protéger les droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, en attendant l'organisation d'un référendum d'autodétermination et le règlement définitif du conflit. H. Ameyar