Tizi Ouzou a été l'une des haltes de campagne pour le président-candidat. Hier, il a animé un meeting populaire à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Tôt le matin, les gens affluaient vers le lieu du meeting. La salle de cinéma de la Maison de la culture était bondée. Une troupe folklorique de l'Unja chauffait une atmosphère en effervescence. La salle était décorée : portraits du candidat, banderoles portant des slogans: «Pour une Algérie fière et digne», ou encore «Pour un second mandat». Dehors, au portail de l'entrée nord, MM.Benyounès et Sellal attendaient l'arrivée du cortège. Une haie d'honneur d'hommes et de femmes, agitait le drapeau national et le portrait du président-candidat. Ce n'est que vers 9h 30 que Bouteflika arrive. Il descend de voiture, entouré de sa garde rapprochée, du comité d'accueil et des photographes de presse, la haie d'honneur pousse des «Bouteflika président». De là, il se dirige vers le salon d'honneur et, après quelques instants de repos, il fera son entrée dans la salle. La salle exulte. Deux jeunes femmes, dont l'une en tenue traditionnelle le vêtent d'un burnous. Un long poème à la gloire de Bouteflika est lu. Puis, le candidat prend la parole sous les applaudissements nourris de la salle. Il demande à l'assistance s'il doit parler en arabe ou en français. Elle lui demande de parler dans n'importe quelle langue et Bouteflika de préciser: «L'essentiel est de se comprendre. On n'a aucun complexe avec les langues.» Il commence par évoquer son arrivée au pouvoir en 1999. «A l'époque, je suis resté seul (en lice, Ndlr), mais en fait, j'avais le peuple avec moi.» Puis, en orateur émérite, il poursuit : «Nous ne savons pas trahir, encore moins mentir ou faire du commerce ou du régionalisme... L'Algérie est une et indivisible. C'est celle de Massinissa, de Jugurtha, de Micipsa...» La salle réplique : «Imazighen ! Imazighen !» Le candidat revient sur les trois constantes de la personnalité nationale: islamité, arabité et amazighité, et lance aux jeunes de Kabylie : «La Kabylie n'est rien sans l'Algérie, et l'Algérie n'est rien sans la Kabylie ! Ne perdons pas de temps. Réconcilions-nous avec nous-mêmes !» Abordant la gravité de l'heure, le président-candidat poursuit : «Nous sommes tous l'Irak ou la Palestine de quelqu'un.» Il cite l'affaire des Grands Lacs où des dizaines de milliers d'êtres humains sont morts. «Qu'a donc fait l'Occident ?» Puis de s'écrier : «Nous savons nous battre comme nous savons vivre en bonne intelligence avec les autres. Nous avons appris le respect des libertés individuelles et collectives. Que les autres cessent d'avoir des ‘‘problèmes'' avec le tchador !» Puis de parler de «la nécessaire réconciliation nationale, car il nous faut étouffer les germes de la guerre civile». Par ailleurs, il fait une incursion à propos du FLN : «A mon arrivée, j'ai trouvé un FLN honni, j'ai pris mon bâton de pèlerin et je lui ai redonné une crédibilité et aussi sa place, car le FLN est le parti de tous les Algériens.» Ensuite, il évoque Abane, Benboulaïd, Mohand Oul'hadj et Mohammedi Saïd. De ce dernier, il dira : «C'est un zaïm, un zaïm, un zaïm !» Bouteflika revient ensuite pour dire : «Jamais je ne laisserai mourir un Algérien pour le Sahara occidental. On a traversé de dures années, les frères et amis observaient de loin. Aujourd'hui, nous sommes aux côtés de ceux qui souffrent, mais pas aux dépens des intérêts de l'Algérie.» Ensuite il lâche : «Lynchez-moi ! Lynchez-moi ! (...) si vous voulez me liquider, faites-le ! Mais veillez sur l'Algérie et sur le peuple.» Puis il passe en revue ce qu'il a fait lors du premier mandat et ce qu'il compte faire lors du prochain s'il est réélu : «La Kabylie est en retard. Il y a de l'argent pour elle.» Il n'oublie pas de dire que malgré les divergences et les problèmes «n'oubliez pas que l'ANP a sauvé le pays. Et cela quels que soient les dérapages, et il y en a eus !» Enfin, l'orateur invite les citoyennes et les citoyens au «rendez-vous du destin, le 8 avril». «Si vous voulez l'aventure et la chienlit, allez-y. Si vous tenez à la stabilité et à la prospérité, soyons ensemble au rendez-vous du 8 avril !» C'est après avoir serré les nombreuses mains qui se tendaient vers lui que Bouteflika, assez fatigué, a quitté la Maison de la culture pour un autre meeting, ailleurs.