L'ancien ministre de la Communication se réfugie dans la littérature Le Sila a donc ouvert ses portes au grand public, jeudi dernier. Un Sila plus aéré, à l'architecture moderne. Le public était en force, partout. L'OPU était pris d'assaut. Les gens repartaient avec des sacs remplis de livres. Aux côtés des affaires commerciales, il y a aussi les conférences littéraires et puis les ventes-dédicaces qui vous permettent de rencontrer votre auteur préféré en toute convivialité. Parmi celles-ci, il y avait ce jeudi celle de Mohammed Abou. Préfacé par Mme Bouchentouf Mehdia, directrice du Palais de la culture, Art et regard est un beau livre sorti aux éditions El Hikma et un florilège de sensations, exprimé tel un oeil d'un critique avisé, rompu aux choses délicates de la vie. De nature curieuse, l'ex-ministre de la Communication et de la Culture exprime dans cet ouvrage ses impressions nées suite à la vue d'un tableau qu'il a ensorcelé, apprécié ou habité lors de ses différentes rencontres au gré de la vie grâce à sa profession qui l'a conduit à choyer des artistes de tout bord. Ici, il est question notamment de peinture et oeuvres de Mohamed Racim, Issiakhem qualifié «des ailes du beau», de Baya Mahieddine, Ismaël Samsom, Aïcha Haddad, Ali Khadija Ali, Lazhar Hakkar qui nous a quitté récemment, Noureddine Chegrane, Leïla Ferhat, Lamine Domkan, Youcef Hafid etc. Les textes accouchés de Mohamed Abbou sont loin de constituer une biographie figée des artistes mais s'attardent plutôt au coeur de l'oeuvre pour en extraire sa quintessence et originalité à travers l'éclosion des signes et des couleurs, des formes et des atmosphères qu'ils peuvent suggérer ou influer sur son état d'âme pétri de poésie et de sensibilité... L'Expression: Pourquoi ce livre Art et regard? Mohammed Abbou: Tout d'abord, ce n'est pas un livre technique. Ce n'est pas un livre d'un technicien ou d'un professionnel qui a des compétences particulières en matière d'art. Absolument pas. C'est tout simplement un livre qui a été fait par un amoureux de tout ce qui est beau. C'est-à-dire au gré des occasions culturelles, des expositions, au gré des rencontres, des acquisitions de tableaux. Eh bien, il y a eu des moments d'émotion, de sensation que j'ai voulu tout simplement transcrire, ne pas les garder pour moi, mais essayer de les partager avec les autres. C'est pour moi aussi une façon de remercier tous ces grands artistes de nous avoir donné autant de joie et autant de choses très belles dans un monde qui n'est pas toujours beau. Lorsqu'on a besoin de se réfugier un peu dans quelque chose de plus sensuel et de reposant pour les yeux, l'âme et l'esprit, eh bien, on se réfugie dans ces oeuvres-là. Il est tout à fait normal et juste d'écrire et de décrire les sensations qui naissent lorsqu'on est face à de telles oeuvres extraordinaires qui ont été produites par des personnes qui ont des talents exceptionnels. Donc ce n'est pas un choix, mais un hasard dans les rencontres qui a fait que j'ai dressé une liste et puis j'ai composé un certain nombre de textes que je publie dans un recueil qui s'intitule Art et regard. Ce n'est pas votre livre mais dans le genre beau livre oui... Tout à fait. Dans la littérature j'ai déjà commis un autre ouvrage sur lequel plusieurs articles ont été écrits. Parmi les meilleurs, ceux de L'Expression dont un très beau sur ce qu'on a appelé les Mythes en héritage. C'est aussi un ouvrage qui fait suite à un autre petit livre que j'ai consacré aux jeunes talents naissants qui exposent au salon qui est devenu maintenant un rituel, à savoir le Salon d'autonome de la peinture, organisé par le Palais de la culture. Eh bien mon premier livre sur l'art a été un livre sur les jeunes talents qui ont participé au deuxième Salon de l'automne. Donc M.Abbou, ex-ministre de la Culture et de la Communication entre autres, vous continuez aujourd'hui à explorer le domaine de la culture à travers l'écriture... Absolument. C'est tout de même un domaine qu'on ne peut pas quitter. C'est un domaine qui fait partie de nous-mêmes et qui fait partie de notre vie. J'ai eu la chance et le privilège de diriger le département de la culture en Algérie, ce qui m'a permis d'approfondir un peu mes connaissances, de connaître un peu plus de monde et de producteurs d'idées et de belles choses. En tant que citoyen, j'ai toujours cette attirance vers tout ce qui est beau et tout ce qui relève de la nourriture spirituelle et ce qui nourrit l'imaginaire de tous les jours. Cela ne peut pas nous quitter donc, c'est la vie elle-même. Si on quitte cette dimension, on quitte la vie.